Metal Gear Solid 5 The Phantom Pain : un futur chef d'oeuvre ? Nos impressions après 12h de jeu


Metal Gear Solid 5 The Phantom Pain : un futur chef d'oeuvre ? Nos impressions après 12h de jeuPoser les mots "preview" et "Metal Gear Solid 5" tout près les uns des autres en titre d'un article fait partie des véritables plaisirs de la vie ; au même titre qu'une tranche de saucisson au Beaufort, qu'un épisode d'X-Files un soir d'hiver ou encore qu'une passe soyeuse de Tomas Rosicky dans une rencontre dégueulasse à Stoke City. Ces mots collés tous ensemble augurent des choses terriblement chouettes. Mais ils expriment aussi une limitation, une frustration : au final, ce n'était "qu'une preview". Il a fallu que ça s'arrête. Et purée, on aurait aimé qu'il en soit allé autrement.

Metal Gear Solid 5 : The Phantom PainSi vous avez eu le bon sens de mettre la grappin sur une version de Ground Zeroes (à prix réduit hein, faut pas déconner non plus) et que vous avez choisi d'y passer un peu plus que les quelques minutes nécessaires pour terminer le jeu en mode speed run, vous avez sûrement touché du doigt le potentiel de The Phantom Pain. Un monde ouvert dans lequel la maniabilité assouplie et modernisée de Big Boss ainsi que les nouvelles possibilités d'interaction offertes par Ground Zeroes permettraient d'attaquer un objectif d'une myriade de façons différentes, c'est un peu un rêve de gosse. Alors quand on le double d'une dimension dramatique encore jamais vue dans la série, à savoir la création d'un Némésis, le basculement du côté obscur, on se dit qu'on peut avoir affaire à un de ces titres qui marquent leur époque. Je ne vais pas vous cacher que les deux jours passés en compagnie de Venom Snake tendent sérieusement à confirmer nos soupçons.
 

UN HOMME A TERRE

 
Metal Gear Solid 5 : The Phantom Pain1984. Neuf ans après les événements de Ground Zeroes, Big Boss sort de son coma dans un lit d'hôpital à Chypre. Le plus grand soldat de l'Histoire, celui qui a vaincu The Boss, est un homme détruit, mentalement et physiquement. Mother Base, son idéal, le travail d'une vie a été réduit en cendres. Ses camarades ont été exterminés sous ses yeux. Le crash de l'hélicoptère dans lequel il se trouvait a criblé son corps d'éclats de métal et d'os humains ; la plupart ont pu être retirés, mais pas ceux qui se sont logés dans sa boîte crânienne. Mais il y a pire, puisque Big Boss a perdu son bras gauche. Malgré son état psychologique et physique, il reste une cible à abattre, comme il va rapidement le réaliser. On aimerait vous parler en long, en large et en travers de l'intro dantesque de Metal Gear Solid 5, mais ce serait gâcher un des moments majeurs du titre. On préférera donc vous dire que ces premiers instants sont proprement géniaux, Kojimatiquement parlant. Avance rapide donc, pour votre propre bien. Avec l'aide d'Ocelot (campé par l'inévitable Troy Baker), Big Boss se dirige vers un nouveau théâtre d'opérations : l'Afghanistan, où il part retrouver un Kaz Miller bien esquinté. Le pays est embourbé dans un conflit entre la résistance afghane, qui a fait tomber le régime communiste établi par l'URSS dans le pays, et l'Armée Rouge, entrée en force la veille de Noël 1979. Et là où il y a conflit, il y a besoin de mercenaires : ce sera le point de départ de la construction d'une nouvelle organisation, les Diamond Dogs, dont la nouvelle Mother Base s'établira près des Seychelles. Ce sera le point de départ de la vengeance de Big Boss.


LA VENGEANCE DANS LA PEAU

 

Metal Gear Solid 5 : The Phantom PainMais cette histoire de reconstruction est aussi la source d'un changement structurel déjà apparu sur les épisodes portables : le découpage du jeu en missions, tout comme cela était le cas dans Portable OPS et surtout dans Peace Walker. La narration se transforme, et passe donc sur une sorte de mode marche/arrêt. Pour faire court, vous êtes tout à fait libre de vous déployer sur le terrain sans objectif, histoire de faire du repérage, de récupérer du matériel et du personnel ; vous pourrez même vous balader dans votre Mother Base. Mais il faudra remplir des contrats, satisfaire des clients pour faire avancer l'histoire. La dizaine de missions d'ouverture, que nous avons pu terminer, constitue à ce titre le tube de l'entonnoir. Suite à l'introduction colossale du jeu, Kojima laisse respirer le joueur et le laisse appréhender cette nouvelle façon de voir les choses à travers une série de missions de moindre importance, à l'impact scénaristique mineur, qui serviront à poser les bases du gameplay. Pour peu que vous n'ayez joué ni à Peace Walker, ni à Ground Zeroes, on peut vous dire que vous allez avoir un certain nombre de choses à ingurgiter, à commencer par la prise en main, calquée comme prévu sur celle de Ground Zeroes : souple, efficace, bien pensée. Big Boss n'a jamais été aussi agréable à manier, ses mouvements et ses animations n'ont jamais été aussi fluides, aussi naturels. Le joueur peut sentir la supériorité martiale de son héros. A cela, The Phantom Pain ajoute un système de blessures localisé qui vous privera de certaines fonctions suivant l'endroit où vous êtes touchés, et ajoute la possibilité de grimper des murs en exploitant des fissures. C'est l'adéquation de cette jouabilité modernisée avec le virage open-world de la série qui fascine.


METAL GEAR GOES OPEN WORLD
 


Metal Gear Solid 5 : The Phantom PainLe monde ouvert de Metal Gear Solid 5 était une grande inconnue jusque-là, au final, il demeure tout à fait cohérent avec l'identité de la série. Pas question d'aller chasser pour se nourrir ou d'aller changer la coupe de cheveux de Snake. Ce cinquième opus reste focalisé sur son propos. La vision de l'open-world de Kojima est toute autre : élargir l'horizon du joueur au moment d'envisager son objectif, lui laisser le choix de faire les choses comme il le souhaite en restant dans le cadre de son récit. Le monde ouvert du jeu est donc vraisemblablement constitué de plusieurs zones d'opérations de très grande taille, qu'il est possible de rejoindre depuis la Mother Base d'un simple trajet en chopper et ce en différents points de chutes ; des zones qui se révéleront davantage à vous au fur et à mesure des missions. La première se situe donc en Afghanistan aux environs de Kaboul ; un paysage constitué de plaines arides, de portions de désert de sable mais également de plateaux rocheux, le tout ponctué de minuscules villages, de postes de contrôle ou de casernes. Oui, il y a plus vivant que des étendues désertiques, c'est ce qu'on s'est dit aussi. On avoue même avoir eu peur du symptôme de la coquille vide. Mais la faune, les troupes ennemies, les tempêtes de sable et le cycle jour/nuit se chargent d'animer l'ensemble. Et c'est sans compter le soin visiblement apporté par Kojima Productions au level design du jeu qui, malgré sa discrétion et le peu de possibilités offertes par le cadre naturel choisi, réussit à avoir un énorme impact sur notre façon de jouer et d'aborder les différentes situations.
 

Les développeurs veulent vous pousser à tenter des choses et à observer les différentes réactions à vos actes.


Metal Gear Solid 5 : The Phantom PainCar c'est là que réside tout l'intérêt de Metal Gear Solid 5 : The Phantom Pain, dans les choix que vous allez faire pour atteindre vos objectifs, à l'échelle micro et macro. Sur le terrain, vous allez d'abord choisir un "compagnon" : il peut s'agir de votre cheval, de DD, le chien recueilli par Snake, ou encore de Quiet qui intégrera l'équipe assez tôt dans le jeu en tant que sniper. Chacun apporte un atout différent au soldat légendaire. Il faudra aussi planifier l'heure de votre opération, sachant par exemple que la luminosité va influer sur le champ de vision ennemi, mais aussi sur le votre (d'autant que certains soldats sont bigrement bien camouflés de loin). Agir de nuit sera parfois inévitable pour éviter de trop nombreux yeux inquisiteurs. Il sera également nécessaire de prévoir vos mouvements à l'avance pour éviter de vous faire surprendre, en réclamant le largage d'une caisse d'équipements par exemple. L'utilisation des jumelles pour la reconnaissance semblait faciliter le jeu dans Ground Zeroes : dans The Phantom Pain, c'est une feature plus que vitale. L'intelligence artificielle ennemie est (à de très rares exceptions) carrément réussie, ce qui pourra au choix vous servir ou vous mettre dans le pétrin. En effet, vos ennemis n'hésiteront pas à se déplacer s'ils ont vu quelque chose d'étrange et une fois repéré, vous aurez un mal fou à vous dépêtrer de leurs offensives étonnamment bien organisées. En revanche, vous pouvez vous servir de cela pour faire diversion, pour attirer leur attention ailleurs : l'hélico, qui peut venir vous chercher en express si la situation se gâte, peut également balancer de la musique par ses haut-parleurs pendant que vous agissez en fufu. En plus des informations que vous pourrez glaner auprès d'Ocelot, il y a une grande part d'expérimentation et d'observation dans le gameplay de ce nouveau Metal Gear : les développeurs veulent vous pousser à tenter des choses et à observer les différentes réactions à vos actes. Une recette qui devient rapidement très addictive.


MERCENAIRES SANS FRONTIERES, DIAMOND DOGS... OUTER HEAVEN ?
 

Metal Gear Solid 5 : The Phantom PainA l'échelle supérieure, il s'agira de développer votre base pour vous faciliter la vie une fois sur le terrain, de votre plein gré ou via des missions secondaires. Pour ce faire, Kojima Productions réintroduit donc le fabuleux système d'extraction Fulton déjà vu dans Peace Walker. Celui-ci vous servira à récupérer des soldats que vous aurez préalablement mis KO, mais également des matériaux bruts ou raffinés, des véhicules ou encore des animaux (sur demande d'une association de protection, qui rémunérera grassement l'organisation à chaque animal écarté du champ de bataille). L'un des premiers objectifs annexes proposés sera par exemple de capturer un interprète russophone pour comprendre les communications ennemies. Interroger les soldats adverses en cours de mission se révélera crucial si vous voulez mettre la main sur des matériaux rares ou des individus aux capacités spécifiques. Comme dans Peace Walker, chaque soldat recruté (ou qui aura rejoint vos rangs de son propre chef, cela arrive régulièrement) disposera de qualités particulières et d'un niveau de compétences dans différents domaines. Vous pourrez ainsi les affecter au département qui leur correspond le plus, que ce soit l'espionnage, la construction de la base, le soutien, l'unité médicale ou encore la R&D. La première vous aidera par exemple à anticiper les mouvements de troupe ou encore les changements climatiques, tandis que la dernière vous permettra de développer armes et équipements, de customiser votre hélicoptère mais également votre bras mécanique, qui pourra par exemple servir de sonar. Rapidement, votre Mother Base deviendra auto-suffisante et vous pourrez envoyer vos unités de combat aux quatre coins du globe, dans des missions plus ou moins risquées, plus ou moins bien payées, mais dont ils auront par là même plus ou moins de chance de revenir... Toutes ces informations, ainsi que vos objectifs de missions et la carte de la zone seront consultables sur l'iDroid à tout moment.


QUAND VIENDRA LA FIN DE L'ÉTÉ...
 

Metal Gear Solid 5 : The Phantom PainSi tout cela ne suffit pas à vous réjouir, sachez que The Phantom Pain cartonne aussi sur le plan visuel. Enfin, par rapport à ce que nous avons vu, on peut affirmer que ça s'annonce très, très bien. Le jeu est propre comme rarement, ne souffre ni d'un framerate toussotant, ni de clipping ou d'aliasing agressif. Certes, certaines collisions laissent encore à désirer mais rien d'assez violent pour vous arracher un grognement. Même la gestion de D-Horse, le cheval de Snake, ne pose pas plus de problèmes que ça (on garde nos réserves sur des environnements peut-être plus accidentés). Textures, distance d'affichage, jeux de lumière dynamiques (tel que l'éblouissement quand on passe d'un endroit sombre à la lumière du jour), niveau de détails : le FOX Engine s'avère être un outil d'une précision étonnante et d'une puissance finalement sous-estimée, dont on attend encore de découvrir le rendu sur des environnements plus riches. C'est un peu l'idée générale d'ailleurs : après deux jours passés en compagnie de Big Boss, on a tout simplement envie d'en voir plus, de ne pas s'arrêter. Surtout quand on réalise que le scénario n'a été effleuré. Purée, c'est tellement loin le mois de septembre...



Notre degré d’attente

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