Indiana Jones et le Cadran de la Destinée : est-ce vraiment la catastrophe annoncée ? (Critique)


Indiana Jones et le Cadran de la Destinée : est-ce vraiment la catastrophe annoncée ? (Critique)

Quand Indiana Jones et le Cadran de la Destinée a été projeté du Festival de Cannes en mai dernier, on savait que le film jouait gros. Au-delà des strass, des paillettes et des émotions, comment un blockbuster de sa trempe allait être accueilli par cette presse dite élitiste ? Mal évidemment, puisque le film s’est fait globalement assassiné juste après sa projection, et ce malgré les applaudissements dans la salle. Des critiques pour la plupart négatives qui ont jeté le doute, oui j’ai douté, aussi parce que le quatrième épisode en 2008 était déjà assez décevant. Nous avons eu l'occasion de voir le film il y a une quinzaine de jours et non, ce n’est pas la catastrophe tant annoncée...


Cinéma et Jeux VidéoRappelez-vous, il y a un peu plus d’un mois, le 18 mai 2023 très exactement, était projeté les premiers jours du Festival de Cannes le très attendu Indiana Jones 5 et le Cadran de la Destinée. Evidemment, le film était hors-compétition, mais sa présence a néanmoins pu permettre au festival d’avoir toute l’attention du monde entier, d’autant que toute l’équipe du film était sur place. Harrison Ford, Mads Mikkelsen, Phoebe Waller-Bridges, le réalisateur James Mangold, mais aussi tout le reste du casting, la montée des marches sur la croisette n’avait d’intérêt que pour le film. On a d’ailleurs tous vu les images de Harrison Ford, ému jusqu’aux larmes à l’issue de la projection du film, ovationné par le public pendant plusieurs minutes, sans doute pas pour les qualités du film, mais plutôt pour saluer la carrière de l’acteur, aujourd’hui âgé de 80 ans. Il faut dire que l’homme nous a fait rêver pendant plus de 40 ans. De Han Solo dans Star Wars à Rick Deckard dans Blade Runner, en passant par Jack Trainer dans Working Girl, le Dr Richard Kimble dans Le Fugitif, le Président des Etats-Unis dans Air Force One et évidemment le Dr Henry Jones, alias Indiana Jones, Harrison Ford est et restera une icône d’un cinéma qu’on ne fait plus aujourd’hui.



Parce que c’est un peu ça Indiana Jones 5 et le Cadran de la Destinée, un film partagé entre le passif d’une série née dans les années 80 où les images de synthèse étaient à ses balbutiements et qui continue de vivre dans les années 2020 où le cinéma a bien du mal à vivre sans l’utilisation du CGI. Comment faire pour jongler entre les deux ? Et surtout est-ce possible ? Justement, pour permettra ce numéro d’équilibriste périlleux, c’est James Mangold qui s’est attelé à la tâche, lui qui s’est fait connaître pour Copland en 1997, un policier réalisé avec les codes d’autrefois, mais aussi d’autres films majeurs tels que Walk the Line, 3h10 pour Yuma, Knight & Day, Wolverine, l’épisode au Japon, l’excellent Logan et Le Man 66. Bref, Mangold, ce n’est pas n’importe qui, d’autant qu’il a toujours clamé avoir été un enfant du cinéma de Steven Spielberg. Il y avait donc une certaine confiance de savoir qu’il était à l’origine du projet Indiana Jones 5, même si le Maître Spielberg avait failli à la tâche en 2008.

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PASSÉ COMPOSÉ

Mais pourquoi Indiana Jones 5 Le Cadran de la Destinée de James Mangold s’en sort bien mieux que le Indiana Jones 4 de Steven Spielberg ? Sans doute parce que le film joue avec le passé, le temps révolu et l’âge enfin assumé de Harrison Ford. Bah oui, quand on a 80 ans et qu’on est la vedette d’un grand film d’aventure où l’action doit être rythmée et dynamique, c’est un peu compliqué. Mais James Mangold sait jouer de sa caméra, de sa narration et de sa mise en scène pour crédibiliser pas mal de moments, et éviter que les scènes avec papi Harrison Ford fassent cringe à l’écran, comme ce fut le cas dans Star Wars le Réveil de la Force où l’on voulait nous faire croire que Han Solo était encore un jeune fougueux d’une cinquantaine d’années, alors que Ford titubait bien vénère quand il courait. Toujours pour nous rappeler qu’on est sur la fin d’un personnage et accepter qu’il soit désormais âgé, il y a cette scène dans l’appartement d’Indiana Jones, réveillé un beau matin par la musique trop forte de ses jeunes voisins en train de faire la fête. Mangold veut à la fois nous montrer qu’Indy reste à la fois ce personnage ronchon, mais qui arrive à un point où il ne supporte plus vraiment la jeunesse. Ce qui était déjà le cas avec son fils dans l’épisode précédent...

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Alors, tout n’est pas réussi, loin de là même, mais il y a une certaine envie et passion de bien faire les choses qui transparaît à l’écran. Ce jeu sur le temps, on le retrouve dès le début du film, avec cette séquence d’intro de près de 20 minutes où l’on retrouve un jeune Indiana Jones en 1944, alors que l’Allemagne Nazie est en train de perdre la guerre. C’est un Indiana Jones rajeuni numériquement qui apparaît à l’écran, grâce à la technologie du de-aging qui s’en sort globalement pas mal, mais qui montre néanmoins ses limites sur certains plans. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si la scène d’intro dans le passé a été filmée de nuit, c’est aussi pour masquer un maximum les défauts liés à l’habillage numérique. D’ailleurs, pas sûr que le film vieillisse bien, mais néanmoins, on est sur un bien meilleur travail que les premiers de-aging qui ont été réalisés en 2018/2019 où Hollywood claquait des millions de dollars pour rajeunir ses acteurs, alors qu’un YouTubeur, un certain Shammok, faisait bien mieux depuis son ordinateur de maison. On se souvient que ses comparatifs ont souvent ridiculisé Hollywood à plusieurs reprises, et c’est la raison pour laquelle LucasFilms l’a embauché pour améliorer cette fameuse technique, à moindre frais, et ne pas passer pour des guignols...

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FROM 80 TO 40

Pour en revenir au prologue en lui-même, ce qui fonctionne, c’est ce mélange d’aventure, de générosité et d’effet comique qui rappelle les premiers Indiana Jones, mais aussi la découverte de Jurgën Voller , le personnage incarné par Mads Mikkelsen, toujours aussi impeccable quand il faut jouer les méchants, surtout quand ils sont nazis. Autre personnage qui m’a bien surpris, c’est celui d’Helena Shaw, sa filleule, interprétée par Phoebe Waller-Bridge, actrice mais aussi scénariste. C'est elle qui signé le scénario du dernier James Bond, No Time to Die. Alors que je sais que le film n’a pas fait l’unanimité, mais c’est grâce à elle que le personnage de Bond a gagné en sensibilité... Mais pour en revenir à son personnage de Helena Shaw, c’est tout bonnement le meilleur personnage féminin de la saga Indiana Jones. Après, ce n’était pas vraiment difficile, les femmes n’ont jamais eu vraiment de rôle très intéressants, l’intérêt étant systématiquement porté sur le personnage de Indy. Même Cate Blanchett dans Indiana Jones 4 n’avait guère convaincu dans son écriture.

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Pour le perso de Phoebe Waller-Bridge, ce n’est pas non plus la grande révolution, attention, mais le fait qu’elle tienne tête à Harrison Ford, qu’elle dégage à la fois cette malice et cette empathie nous permet de bien apprécier chacune de ses apparitions. Ce qui n’est malheureusement pas le cas du personnage de Teddy, ce jeune garçon joué par le Français Ethann Isidore, et dont le but étant de reproduire le personnage de Demi-Lune (Short Round en VO) immortalisé par l’acteur Ke Huy Quan, oscarisé récemment pour Everything Everywhere All at Once. Teddy n’a malheureusement pas la portée comique et attachante de Demi-Lune, non pas à cause de l’acteur qui fait ce qu’il peut, mais parce que l’écriture du personnage manque d’intérêt. Très franchement, on ne sait pas trop à quoi il sert dans le film.

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Ce qui a toujours fonctionné dans les 3 premiers Indiana Jones, c’est cette faculté à nous transporter d’un point à un autre de l’aventure, avec une fluidité narrative qui fait qu’on ne s’ennuie jamais. C’est aussi un peu le cas avec le Cadran de la Destinée, sauf que le film trouve ses limites dans un rythme qui manque de souffle épique par moments. Oui, le film coche toutes les cases du film d’aventures imposé par la saga elle-même, on fait des clins d’œil et on rend hommage, mais justement, on sent une certaine superficialité, comme s’il fallait obligatoirement le faire. Ce qui ne fonctionne pas en revanche, c’est ce jeu du chat et de la souris entre Indiana Jones et Voller, le personnage de Mads Mikkelsen, qui n’arrêtent pas de se courser pendant 2h30, avec parfois, des moments qui manquent de cohérence et de véritable enjeu. En revanche, ce qui risque de faire tiquer les gens, c’est le twist final du film, le pourquoi de la quête d’Indy pour ce cadran créé par Archimède. Le quatrième épisode avait déjà fait débat pour son côté fantastique et sa rencontre avec le Troisième Type, celui-là est du même acabit dans ses choix narratifs. C’est aussi pour cela que le film a autant dérangé aussi à Cannes, en plus de l’inégalité des effets visuels. Indiana Jones a toujours eu ce côté un peu fantastique, mais là, on est vraiment en pleine science-fiction. Cela dit, j’ai plutôt bien aimé ce passage et la fin choisie pour le personnage d’Indy. James Mangold aurait pu choisir la facilité, mais a préféré donner à ce grand aventurier la fin qu’il méritait, un peu comme Nathan Drake dans Uncharted 4. Le parallèle est fait, la référence aussi, la boucle est bouclée.

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Conclusion, non Indiana Jones et le Cadran de la Destinée n’est pas la catastrophe tant décriée à Cannes. Le film ne méritait pas ses 40% obtenus sur Rotten Tomatoes à l’issue de l’avant-première à Cannes. D’ailleurs, depuis, la note a remonté et devrait au moment de sa sortie continue à croître. Ce n’est pas non plus un grand Indiana Jones, il restera inférieur aux trois premiers, mais on passe un bon moment. Tout n’est pas parfait c’est sûr, mais le divertissement est là.

NOTRE NOTE : 6.5/10


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