Venom 3 (Critique) : un final en roue libre totale, c'est devenu une comédie familiale
A la question de savoir pourquoi Sony Pictures continue de produire des films Venom alors qu'à chaque nouvel épisode, c'est le festival de critiques assassines et un plaisir certain de dézinguer le film sur les réseaux sociaux, il suffit de regarder le résultat du box office. Le premier Venom a rapporté plus de 850 millions de dollars au box office et Venom 2 plus de 506 millions dans le monde. Pour des films qui ont coûté 100 millions à produire chacun, on peut le dire, c'est non seulement très rentable, mais en plus, on se rapproche même du hold up pour le premier Venom. Et puis si on regarde de plus près, certes les films Venom sont conspués dans le cercle des cinéphiles et des gens normalement constitués, mais si on pousse l'analyse un peu plus loin, on observe que globalement, le grand public adhère à la proposition de Venom au cinéma. Sur Rotten Tomatoes, les deux premiers Venom affichent des notes à plus de 80% de satisfaction de la part du public. Le même qui a sans doute sourit à la vue d'un Venom en boîte de nuit, collier de néons autour du cou.
LE RIDICULE NE TUE PAS
Quoi qu'il en soit, ce qui est bien avec ce qui s'est passé avec les deux premiers films Venom, c'est que Sony Pictures n'a plus aucune honte d'assumer sa position, celle de faire des films 'détente' pour grand public, sans cohérence aucune, ni envie de plaire aux fans des comics, parce qu'en vrai balec, ce n'est pas avec les fanzouzes des BD qu'ils vont réussir à taper le milliard au box office. Et puis, quand on a un acteur de la trempe de Tom Hardy qui est aussi impliqué à la fois dans l'écriture et la production, le studio ne peut que se sentir pousser des ailes. Venom 3 a donc été conçu dans cette même optique, c'est-à-dire plaire au plus grand nombre, tout en s'appuyant sur des personnages qui sont désormais des caricatures d'eux-mêmes, c'est acté et accepté par la douloureuse force des choses. Et Venom 3 va embrasser à fond cette posture en choisissant cette fois-ci le road trip movie, tout en gardant cette complicité presque malsaine entre Venom et son hôte Eddie Brock. Pendant 1h50 quasiment, on va donc suivre les pérégrinations de ces deux protagonistes n'ont pas vers l'ouest, mais plutôt vers l'est, du Mexique jusqu'à New York, la destination finale. Et forcément, quand on évoque New York avec un personnage comme Venom, difficile de ne pas penser à Spider-Man et une possible rencontre entre les deux. Je préfère vous casser le suspense fissa afin d'éviter tout espoir vain : non, ce Venom 3 n'introduit jamais l'homme-araignée, malgré les rumeurs insistantes d'un retour d'Andrew Garfield dans le costume. Il y a bien 2 scènes post-génériques dans le film, mais elles sont là uniquement pour la blague et rien d'autre...
MORDO & LE LÉZARD
Et des références comme ça au lore de Spider-Man ou même de Marvel, Sony Pictures va les multiplier, au point même où l'on se demande s'il ne s'agit pas d'un giga troll ultime de la part du studio, qui a décidé de cracher ouvertement à la gueule des fans. L'acteur Chiwetel Ejiofor qui débarque dans Venom 3 en tant que chef des armées alors qu'il incarne Mordo dans le MCU, le sorcier ennemi de Dr Strange. Le comédien britannique Rhys Ifans, qui est le visage du Dr Connors (le fameux Lézard dans les films Spider-Man avec Andrew Garfield), campe un rôle également dans ce Venom 3, celui de Martin, père d'une famille de hipsters vegans ; c'est à se demander ce qui s'est passé lors du casting. Pparce que des acteurs à Hollywood, ça ne manque pas, certains sont même en galère de rôle, alors pourquoi miser sur des comédiens qui ont déjà des rôles importants dans le MCU et le Sony SpiderMan Universe ? On a du mal à saisir l'intérêt de la démarch, si ce n'est de générer une espèce de hype auprès du spectateur pendant sa projection. Hype qui ne peut que se transformer en déception à la fin. Après, on doit vous confesser que les moments avec la famille de hipsters qui parcourent les US à bord de leur van ont réussi à nous faire sourire. Non pas parce que c'était drôle, mais parce qu'il y a un comique de situation assez lunaire. A ce moment-là, Venom verse clairement dans la comédie familiale totalement assumée, avec cette pointe d'humour moqueur, puisqu'on caricature ici les hipsters jusque dans le prénom des enfants, Echo et Feuille, mais aussi celui de la maman, qui se nomme Nova Moon. Ambiance "Namasté" donc pour cette famille du 21è siècle qui prône l'éducation à la Montessori, et qui sont à la recherche de l'existence d'aliens dans la Zone 51. Forcément, en faisant la rencontre d'Eddie Brock, ils sont tombés sur la bonne personne.
KNULL, C'EST NUL
Venom 3 est donc une succession de situations rocambolesques pour justifier le trajet d'Eddie Brock et de Venom entre le Mexique et New York, en passant par le désert du Nevada, Las Vegas et la Zone 51, sachant qu'il doit limiter les transformations complètes, sous peine de se faire echo-localisé par les Xenophages, les créatures envoyés par Knull pour récupérer le codex qui git dans l'ADN de Venom et de Brock et qui va lui permettre de sortir de sa prison. D'ailleurs, en parlant de troll ultime de la part des producteurs, si vous pensiez que l'arrivée de Knull allait apporter enfin des enjeux à la saga Venom, c'est se mettre le doigt dans l'oeil et plus loin encore... Il faut d'ailleurs se rappeler comment Carnage a été traité dans la série pour espérer croire que Knull ne fasse pas l'objet d'un non-respect en bonne et due forme. Et ça n'a pas manqué, Knull a été relégué au rang de super-villain le plus inutile de tout le Sony Spider-Man Universe. C'est fou à quel point Amy Pascal, Tom Hardy et tous les créatifs de cette licence Venom n'en ont rien à faire des lecteurs des comics qui avaient déjà commencer à s'exciter sur les internets, imagineant toutes sortes de théories. Knull, c'est juste un bait, rien de plus...
De toutes les façons, dans Venom 3, tout a été fait pour apppâter le chaland conciliant, attiser sa curiosité. Les transformations de Venom en divers animaux dans le film ont clairement été fabriqués pour générer une certaine hype, notamment sur les réseaux sociaux. C'est tellement calculé et adapté pour faire du buzz que les séquences qu'on aperçoit dans les trailers ou en extraits vidéo ne sont guère plus longues dans le film. Que ce soit Venom cheval, Venom poisson ou Venom Crapaud, chaque transformation ne dure pas plus d'une minute à l'écran, voire quelques secondes pour certaines métamorphoses. Focément, faire du CGI, ça coûte un certain moment, surtout quand il s'agit de fluide visqueux, c'est toujours complexe à mettre en place... Venom 3, c'est l'humour et l'absurde de la scène de la boîte de nuit dans Venom 2, mais multiplier durant 1h50. Cette fois-ci, on verra Eddie Brock devenir hystérique devant les casinos de Las Vegas, danser avec Madame Chen sur fond d'Abba dans des séquences qui n'ont ni queue ni tête, sans lien véritable entre eux, un peu comme c'était le cas avec le Astérix et Obélix de Guillaume Canet. On créé des scènes isolées, pensées pour buzzer, mais jamais au service du film ou de la narration. De toutes les façons, en mettant Kelly Marcel, la scénariste des 3 Venoms, dans le rôle de la réalisatrice, dont c'est le premier film, il ne pouvait y avoir aucun miracle. La mise en scène est aussi plate qu'inexistante, le niveau des dialogues frôlent l'amateurisme ou le je m'en foustime parce que les enfants n'y verront que du feu et ce n'est pas la scène d'action finale qui sauvera quoique ce soit.
On ne spoile rien, mais là aussi, en matière d'incohérence narrative et de situations face à ce qui s'est passé dans les deux premiers Venom, c'est clairement un raccourci hallucinant et un rappel que le film n'a que le caractère d'un produit totalement jetable. Le film est tellement insipide qu'on a déjà oublié son déroulé. Non vraiment, accoucher d'un film aussi nul, en toute connaissance de cause et avec autant de sérénité, je vous le dis, ça relève presque du génie.
NOTRE NOTE : 2/10