FIFA 06
Histoire de reprendre le chemin des cours en douceur, Electronic Arts a eu la bonne idée de lever le voile sur FIFA 06, à un mois de sa sortie en France. Si FIFA 2005 s'est mangé une balayette-manchette sans broncher par Pro Evolution Soccer 4, il faudra plus qu'un simple coup appris dans les cours de récréation pour envoyer son rejeton sur le banc de touche.
Depuis la sortie d'un certain International Superstar Soccer sur Super Nintendo, ou celle de Pro Evolution Soccer sur Playstation (c'est selon) la franchise FIFA ne possède plus le monopole du ballon rond sur console. Si elle faisait office de référence absolue il y a encore quelques années, elle est aujourd'hui la risée de tous les aficionados de football. Hormis des graphismes toujours au top chaque année, le gameplay date toujours des années 90. Pour ne pas revivre une saison 2005-2006 cauchemardesque, il fallait se remettre en question. Electronic Arts l'a avoué, nous l'avons constaté.
Une révolution modeste
Plusieurs versions de FIFA 06 étaient étalées sur les paillasses luxueuses d'Electronic Arts - GameCube, Xbox et PlayStation 2 - et nous aurions bien aimé voir son faciès sur Xbox 360 et PSP. En attendant de les recevoir prochainement à la rédaction, la cuvée Xbox est celle qui séduit le plus la rétine, avec des graphismes impeccables et un frame rate au poil. Les stades sont toujours aussi saisissants de réalisme, et les chants des supporters offrent un effet de résonance plaisant à l'oreille. Les développeurs semblent également avoir fait un effort sur la dégaine des joueurs qui ne ressemblent plus à des clones, et dont les faciès ont été plus ou moins mis à jour. Il reste encore quelques déchets, comme un Cédric Carrasso à la coupe de cheveux méconnaissable, mais rien de bien grave comparé aux misères d'hier. Chacun adopte un comportement qui lui est propre, et sera plus ou moins motivé selon l'évolution du score. Même si cette facette du jeu sera également présente dans Pro Evolution Soccer 5, il est intéressant de voir que FIFA 06 tente de se débarrasser définitivement de cette étiquette "arcade" qui lui colle à la peau depuis la nuit des temps. "Nous avons du ranger notre fierté américaine dans notre poche, et rapprendre nos gammes. FIFA 06 représente pour nous une révolution. Nous restons modestes face à Konami et Pro Evolution Soccer, mais vous verrez que ce n'est plus du tout le même jeu", a d'ailleurs souligné Philippe Sauze, Directeur Général d'Electronic Arts France. Et on le croit ! Il est indéniable que FIFA 06 représente une fracture dans la saga, celle que l'on aimerait se faire tous les jours au poignet tellement elle fait du bien. Aligner des millions de billets verts sur la table ne sert plus à grand chose finalement. Mieux vaut la jouer fine, et passer du soccer au vrai football.
PES a dit...
Pour éviter de refaire les mêmes erreurs qui ont plombé les performances de FIFA 2005 sur le marché vidéoludique, Electronic Arts n'a pas fait dans la dentelle : toute l'équipe de développement du jeu a été priéed'aller faire un tour à l'A.N.P.E., et d'autres talents exclusivement japonais et européens ont été recrutés sous l'oeil averti du producteur français Hugues Ricour, responsable entre autres du succès de Need For Speed Underground. Comme l'a indiqué Antoine Cohet, Chef de Produit Electronic Arts, "les européens et les japonais savent ce qu'est l'essence même du football, comprennent le football, et ont tenté de rendre FIFA 06 le plus réaliste possible". Konami risque même de se ronger les ongles d'ici la sortie du jeu, car certains de ses collaborateurs ont été débauchés par le challenger américain. Et comme Electronic Arts a pour habitude de placer 300 personnes là où d'autres se contenteraient d'une centaine pour le développement d'un jeu, les créateurs de FIFA Total Football, une simulation footballistique uniquement dédiée au territoire japonais, ont été rapatriés au pays. Pour l'anecdote, sachez que dans les colonnes du célébrissime Famitsu, FIFA Total Football a obtenu une meilleure note qu'un certain Winning Eleven. Pour l'anecdote...
Tout ce beau monde a un seul et même but : faire mieux que Pro Evolution Soccer 5. Pour y parvenir, ils n'hésitent pas à repomper copieusement certaines idées chez le frère ennemi, à la sauce FIFA bien évidemment. Et aussi réticent que l'on puisse être lorsqu'il s'agit de jouer à un titre jusqu'à présent bourrin, il faut reconnaître que le coup a cette fois-ci été intelligemment joué. Electronic Arts sait que plus de la moitié de la planète voue un culte au pape Pro Evolution Soccer. Pour ne pas les dépayser sur FIFA 06, il leur propose sans détour des commandes 100 % PES-like. Carré pour tirer, Triangle pour faire une passe en profondeur, Rond pour tacler et centrer, Croix pour faire une passe courte et chiper le ballon à l'adversaire, c'est du Konami Computer Entertainment Tokyo tout craché ! Même les combinaisons sont identiques : Rond+Rond pour centrer à mi-hauteur, L1+Triangle pour les passes en profondeur aériennes... Que les amoureux de FIFA se rassurent, une configuration traditionnelle de la manette, aussi rouillée soit-elle, reste néanmoins disponible.
Un duel qui s'équilibre
Plus qu'une maniabilité en béton armé, FIFA 06 se voit doté d'une intelligence artificielle hautement plus crédible. Chaque joueur est désormais muni d'une jauge psychologique qui permet de mesurer sa motivation sur le terrain. Une mauvaise action, un but encaissé juste avant la mi-temps, un carton rouge ou un own-goal démoralisent les troupes. Au contraire, une réduction du score, un penalty généreusement accordé ou un simple remplacement peuvent rétablir une situation désespérée. Comme nous n'avons pas eu assez de temps de jeu pour nous en rendre compte, nous ne pouvons pas dire si cet aspect de FIFA 06 est véritablement efficace ou pas. En tout cas, les défenses se sont solidifiées entre-temps, et dribbler tous les défenseurs pour aller marquer tranquillement du plat du pied est une chose révolue. "Je vous mets au défi de me planter un but en passant toute ma défense", s'est amusé à nous répéter Antoine Cohet. "Nous avons essayé de trouver un compromis, un juste milieu qui permet de dribbler quelques joueurs, mais pas toute une équipe". C'est un véritable régal de pouvoir jouer un à FIFA entièrement réaliste, et qui ne nage pas entre arcade et simulation. Le plus surprenant se situe au niveau des frappes qui nécessitent un véritable travail de cadrage et de précision de la part du joueur. Elles ne prennent plus automatiquement la direction des buts, ce qui rend les matches encore plus indécis et stressants. Le mode Carrière est plus que jamais présent dans FIFA 06. Pour qu'il ne soit pas anecdotique, ce sont les géniteurs de LFP Manager qui ont pris les choses en main. Avec de tels darons derrière les claviers, on peut s'attendre à du pointu. Cerise sur le gâteau : le mode Fiesta qui offre la possibilité de rejouer à FIFA 94 sorti sur Megadrive il y a un peu plus de dix ans ! C'est avec les larmes aux yeux que nous y avons regoûté. Tout simplement magique ! Et pour les nostalgiques, quelques vidéos de matches considérés comme légendaires sont également de la partie. Même en se baladant dans les menus on a droit aux célèbres commentaires de Jean Michel Larqué et Thierry Roland.
Vous l'aurez compris, FIFA 06 se veut avant tout réaliste. Le jeu est totalement différent et Electronic Arts a du retourner à l'école de foot pour se rafraîchir la mémoire. Mission accomplie ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais il est certain que Pro Evolution Soccer 5 ne va pas afficher une sérénité imperméable. Avec un plan marketing solide animé par des joueurs eux-mêmes fans de Pro Evolution Soccer, et qui n'ont pas hésité à donner leur avis pendant le développement du jeu, FIFA 06 à tous les atouts de son coté. Rendez-vous est pris !