Crytek : le studio est en difficulté financière, la grève menace
Crytek a eu une histoire assez mouvementée ces dernières années, principalement à cause d'importants soucis financiers. Rappelez-vous, en 2013-2014, le studio était aux portes de la banqueroute avec des retards importants dans le versement des salaires des développeurs. La situation pourissait, au point que les employés de Crytek UK avaient cessé de venir travailler alors que le studio développait Homefront : The Revolution à l'époque. Koch Media ayant investi dans le jeu, l'éditeur avait finalement racheté la société qui fut rebaptisée Dambuster Studios avec, au passage, quelques millions de dollars accordés aux développeurs.
Cette bouffée d'oxygène avait été salvatrice, dans la mesure où elle permit à Crytek de disposer d'assez de temps pour sceller un très gros deal avec Amazon. Contre plusieurs dizaines de millions de dollars, le studio de Francfort avait en effet pu céder une partie de son moteur CryEngine, pour que celui-ci serve d'épine dorsale au nouveau moteur d'Amazon, le Lumberyard. Crytek ne s'était pas arrêté là et avait même vendu le CryEngine pour que ce dernier serve à l'élaboration du Film Engine, un outil de production cinématographique qui permet aux réalisateurs de voir des scènes rendues en temps réel. Crytek semblait alors sorti d'affaire.
Mais aujourd'hui, soit à peine deux ans plus tard, on apprend que la situation se répète. Plusieurs employés de Crytek se plaignent de ne pas avoir été payés depuis des lustres, comme le rapportent des sources de Lets Play Video Games, KitGuru, mais aussi des posts sur des plates-formes telles que Glassdoor. En fonction des témoignages, on apprend que les développeurs n'ont touché aucun salaire pour les trois à six derniers mois de travail, et que la situation semble très mal partie. Au sein de Crytek Francfort - la maison-mère - les employés menancent de se mettre en grève si les salaires d'octobre, novembre et décembre ne leurs sont pas versés avant la fin de la semaine.
Pire, au sein de Crytek Budapest, il semblerait que plus personne ne vienne au bureau. Du côté de Crytek Black Sea à Sofia - qui travaille sur le MOBA free-to-play Arena of Fate - les dirigeants ont même mis le studio en vente et assurent que de "grands noms" sont intéressés. Preuve du péril extrême dans lequel se trouve le studio, le co-fondateur Cevat Yerli ne serait pas venu dans les locaux depuis plusieurs mois et paraît se focaliser sur d'autres projets.
Pourquoi un gros studio tel que Crytek se retrouve aujourd'hui dans cette détresse financière ? En fait, il semblerait que la société se soit agrandie bien trop vite - 700 employés dispersés dans six studios différents - sans parler du fait que Ryse : Son of Rome fasse office de dernier jeu AAA commercialisé à ce jour ; d'où les recettes assez maigres. D'autre part, les fonds récupérés en 2014 ont été mal investis dans des titres VR (qui ne peuvent pas se vendre en grand nombre à l'heure actuelle) et des projets free-to-play.
Bref, une décision incompréhensible alors que le studio allemand dispose pourtant d'un joli catalogue de licences avec Crysis, TimeSplitters ou encore Ryse. Espérons que ces nouvelles difficultés ne signent pas la fin d'un grand de l'industrie vidéoludique.