BioShock Infinite : une fin alambiquée qui mérite des explications ! [spoilers]


BioShock Infinite : une fin alambiquée qui mérite des explications ! [spoilers]
Sorti le 26 mars dernier, il y a donc une quinzaine de jours, BioShock Infinite est considéré aujourd'hui comme l'un des meilleurs jeux de 2013. Il faut dire qu'avec une moyenne de 95% sur le site référent Metacritic, le FPS de 2K Games marquera le paysage vidéoludique de son empreinte indélébile, et pas seulement pour ses notes dythirambiques. Entre sa direction artistique splendide, son gameplay ambidextre, son scénario intelligent et son dénouement tout simplement brillant, BioShock Infinite nous prouve qu'il est possible d'allier tous ces ingrédients si l'on se donne un tant soit peu la peine. Ceux qui ont acheté le jeu à sa sortie, ou durant sa première semaine d'exploitation, ont sans doute terminer le jeu, et nombreux sont ceux qui ont dû se poser des questions une fois le générique de fin terminé. Il faut dire que Ken Levine n'a pas lésiné sur les moyens pour perdre le joueur dans cette histoire aux multiples embranchements. D'aucuns sont d'accord pour confirmer qu'il existe plusieurs niveaux de lecture à cette fin et que la vérité vraie, c'est Ken Levine qui la détient. C'est pourquoi, nous avons décidé de nous pencher sur la question et de vous proposer notre interprétation, afin d'essayer de coller les morceaux du puzzle de cette histoire superbement bien écrite. Si vous n'avez pas encore terminé le jeu, nous vous invitons à détourner le regard, car la suite est truffée de spoilers. Forcément...

BIOSHOCK INFINITE : TOUTE LA FIN DU JEU EN VIDÉO




BOOKER DEWITT OU ZACHARY HALE COMSTOCK ?
Pour commencer, tout le monde est d'accord pour avancer que Booker DeWitt, le héros, n'est autre que Zachary Hale Comstock, celui qui est présenté durant toute l'aventure comme le grand méchant de BioShock Infinite. Leader des Founders, un mouvement ultra nationaliste, il est aussi à l'origine de la cité flottante Columbia qu'il a façonnée avec l'aide de Rosalind et de Robert Lutece, le couple de scientifiques quantiques que l'on croise de manière régulière dans le jeu et dont chaque intervention se solde par une scène cocasse. Ce sont également eux qui emmènent DeWitt vers le phare au tout début du jeu, mais à ce moment-là, leur identité est masquée. Avec cette histoire de failles temporelles, qu'Elizabeth est aussi capable de générer, plusieurs univers parallèles se sont créés, mélangeant ainsi l'esprit de DeWitt. Car ces déplacements dans le temps existent grâce à la machine de Rosalind Lutece, qui lui a permis de faire la connaissance avec Robert Lutece, qui n'est autre que sa propre personne mais dans un monde parallèle. A force de se croiser et de se voir, Rosalind et Robert Lutece se sont baptisés les "Twins Lutece" et ce sont leurs travaux qui ont permis à Comstock de devenir ce prophète, capable de défier le gouvernement des Etats-Unis, et d'emmener Columbia parmi les nuages.

Rosalind et Robert Lutece ne font qu'un !
PARALLEL UNIVERSE
Pour comprendre la fin de BioShock Infinite, il faut admettre dès le départ qu'il existe plusieurs lignes temporelles et donc plusieurs versions des protagonistes, comme on a pu le constater avec la version âgée d'Elizabeth, qui intervient aux 3/4 du jeu. C'est donc aussi le cas pour Booker DeWitt qui, en fonction du choix fait avec le baptème du Prêtre Witting, devient ou pas Zachary Hale Comstock, ce fanatique xenophobe persuadé que la seule race qui mérite d'être libre et donc de vivre à Columbia sont les Blancs. Les autres sont considérés comme des parias de la société et l'on voit bien comment les Noirs et les Chinois sont traités par ce soi-disant Prophète. Ce pouvoir sur les habitants de Columbia, Comstock les a acquis en utilisant les failles temporelles créées par les jumeaux Lutece, provoquant des effets secondaires néfastes à ceux qui auraient tendance à trop en abuser. Saignements du nez, vieillesse accélérée (Comstock n'a que 38 ans en réalité) et stérilité sont donc les symptômes de ces voyages dans le temps répétés, faisant comprendre à notre barbu illuminé que la mort n'est plus très loin. En l'absence de progéniture, Comstock prend alors la décision d'aller chercher sa fille dans l'un de ces univers parallèles. Une scène de kidnapping à laquelle DeWitt assiste et tente d'empêcher Comstock de récupérer Elizabeth enfant, ce qui vaudra à cette dernière d'avoir l'auriculaire coupé après que la faille se soit refermée. Et c'est ce morceau de doigt dans une autre réalité qui permet à Elizabeth d'exister de manière simultanée dans deux univers distincts, lui permettant ainsi d'ouvrir des failles toutes seules, sans passer par la moindre machine.

Comstock qui tente de kidnapper Anna DeWitt, alias Elizabeth

CHAOS A.D.
Aussi, quand Booker DeWitt démarre l'aventure avec pour objectif de "ramener la fille afin d'effacer ses dettes", il n'a pas la connaissance de tous les agissements réalisés auparavant par Comstock. La mémoire perturbée, il est sujet à de nombreuses hallucinations ou souvenirs qui lui rappellent sa mission première. Vous l'aurez compris, DeWitt a en fait été utilisé par les Lutece (et donc par Comstock) pour retrouver Elizabeth qui n'est autre que sa propre fille, Anna, dont il scande le nom lors de ses hallucinations. Ce n'est d'ailleurs qu'à la fin du jeu qu'on comprend pourquoi Booker DeWitt s'est gravé sur la main droite les initiales "AD", qui correspondent au nom de sa fille : Anna DeWitt. Un signe qui lui causera bien du tort au sein de Columbia, puisque c'est ainsi qu'il est repéré par les hommes de Comstock pour être désigné comme le faux berger, Elizabeth étant l'agneau de Columbia. On se retrouve ainsi avec plusieurs personnages identiques mais parallèles, aux agissements différents et c'est à cause de ce capharnaüm métaphysique qu'Elizabeth va tenter de rompre ce cycle uchronique malsain, dont la chanson "Will The Circle Be Unbroken" fait référence.


BIOSHOCK INFINITE : LA SUPERBE CHANSON "WILL THE CIRCLE BE UNBROKEN"




UNE SEULE VÉRITÉ ?
Durant son avancement dans le jeu, Booker sera plongé dans différentes failles temporelles, correspondant non pas à des actions passées, mais à des situations parallèles. La mort inévitable de Chen-Lin en est un beau exemple, de même lors du passage à l'Asile, où Elizabeth finit par devenir l'enfant de la prophétie en détruisant la Sodome Inférieure, la partie basse de Columbia rejetée par Comstock. Il faudra donc attendre l'intervention de la version âgée d'Elizabeth pour que le cycle puisse avoir une chance d'être brisé. Cette carte qu'elle remet à DeWitt permet à Elizabeth d'ouvrir les yeux et donc de prendre conscience que l'homme avec lequel elle a partagé tous ses moments n'est autre que son père jeune. Elle va donc tout faire pour le détourner de ses mauvais agissements, en lui expliquant notamment qu'il est pris dans une spirale temporelle difficilement destructible, à moins qu'il rejoue la scène du baptême. Seulement voilà, la première fois où Booker se retrouve à nouveau devant le Prêtre Witting, il refuse de se faire baptiser, préférant retrouver Comstock, le tuer, ce qui a pour résultat de perdre Elizabeth. Ce n'est que la deuxième fois où DeWitt se laisse baptiser, ou plutôt noyer par les différentes Elizabeth, rompant définitivement le cycle infernal de déplacement dans le temps. En agissant de la sorte, Elizabeth met un terme à la lignée temporelle de Comstock. Clap de fin. Lancement du générique. Mais ce dénouement n'est pas si sombre que ça, surtout pour ceux qui ont pris la peine d'attendre la fin du générique, puisqu'il est offert au joueur de reprendre les commandes de DeWitt qui pénètre dans la chambre de sa fille Anna, d'où il entend une petite musique. Sa fille est là. Tout va bien.

Le baptême : le point de rupture
On vous rappelle qu'il s'agit-là de notre interprétation de cette fin alambiquée de BioShock Infinite, que certains éléments ont pu nous échapper, même si nous pensons que cette lecture du scénario nous semble la plus plausible et cohérente. C'est pourquoi, nous vous invitons à débattre de cette vision et pourquoi pas nous indiquer la vôtre dans le topic plus bas. Cela dit, Ken Levine n'a pas son pareil pour nous perdre dans des dédales labyrinthiques qui ont cramé nos dernières neurones. Toujours est-il que cette fin est tout simplement brillante, la narration aussi et le parallèle avec le premier BioShock (fabuleuse scène où l'on se retrouve subitement aux portes de Rapture et que l'on aperçoit au loin un Big Daddy et une Little Sister) absolument génial. Ca ne sera donc pas de trop pour vous faire savoir à nouveau que BioShock Infinite fait d'ores et déjà partie de nos meilleurs jeux de 2013. Un chef d'oeuvre, il ne fait plus l'ombre d'un doute.

BioShock Infinite

Réagir à cet article Réagir à cet article


Autres articles

BioShock 4 : le jeu n'est pas prêt de sortir, il va falloir être patient Annoncé en 2019, il y a déjà 5 ans, BioShock 4 est un projet qui se fait attendre. Forcément, voilà 11 ans que la série a été mise de côté, car non seulement BioShock Infinite ne sait pas bien vendu... 08/07/2024, 15:32
BioShock 4 serait en développement par d'anciens créateurs de Mafia 3 A en croire un journaliste de Kotaku bien informé, un quatrième épisode de BioShock serait en développement chez 2K Games. Il est développé par des anciens développeurs du studio Hangar 13, à l'origine de Mafia 3. 2 | 15/04/2018, 11:23