Yves Guillemot (Ubisoft) : "Les méthodes de Vincent Bolloré sont d'un autre temps"


Yves Guillemot (Ubisoft) : "Les méthodes de Vincent Bolloré sont d'un autre temps"

Une semaine après la deuxième prise de participation de Bolloré au capital d'Ubisoft, l'éditeur français de jeux vidéo s'est enfin décidé de sortir de son mutisme. Sans surprise, c'est Yves Guillemot, le PDG, qui a pris la parole en accordant une interview exclusive à nos confrères du journal Les Echos. Un entretien relativement court mais dans lequel Yves Guillemot ne ménage ni mâche ses propos envers Vincent Bolloré qu'il n'hésite pas de taxer d'activiste. Clairement, cette entrée dans le capital d'Ubisoft n'était ni voulue ni attendue, puisqu'on apprend que Yves Guillemot a été prévenu par Vincent Bolloré en personne deux heures avant que les mauvaises nouvelles ne se pointent. 

Nous avons le sentiment d’avoir vécu une agression. J’ai reçu un appel de Vincent Bolloré deux heures avant l’annonce de son entrée dans le capital d’Ubisoft. Il ne m’en a même pas parlé ! Cela a duré cinq minutes, il m’a juste conseillé de rencontrer Arnaud de Puyfontaine (Président du directoire de Vivendi, NDLR) pour parler des synergies possibles avec Ubisoft.

 


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"Agression", le mot est balancé et prouve à quel point il existe aujourd'hui un malaise au sein d'Ubisoft qui ne semble pas vraiment connaître les motivations exactes de la part du groupe Bolloré. A tel point que Yves Guillemot, lui d'ordinaire calme voire zen, n'hésite pas à monter au créneau et à décrire "les méthodes de Bolloré comme venant d'un autre temps."
 

Prendre un pourcentage dans notre société sans discuter avec nous au préalable, ce sont des méthodes d’un autre temps. On n’entre pas dans une société en cassant la porte ! Cette attitude est d’ailleurs très surprenante pour un groupe industriel comme Vivendi. Normalement, on essaie de comprendre l’intérêt de chacun avant toute manœuvre. C’est la méthode des activistes, celle qui consiste à mettre sous pression le management et à procéder à un contrôle rampant sans payer de plus-value aux actionnaires.



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S'il est désormais acté que Yves Guillemot n'apprécie guère la venue du businessman dans son sillon, il se retrouve néanmoins dans une posture délicate, la famille Guillemot ne détenant que 16% des droits de vote et 9% du capital. C'est rien. "Des choses assez courantes dans le milieu du jeu vidéo" si l'on en croit le PDG d'Ubisoft, mais absolument surréalistes pour Bolloré qui est en train de prendre le contrôle des choses. C'est la raison pour laquelle Ubisoft chercher activement de nouveaux partenaires en qui compter pour former une solide alliance et éviter de perdre leur indépendance.

L’indépendance est la clé de notre modèle pour assurer la réactivité et la liberté de ton, fortement créatrices de valeur pour Ubisoft, ses joueurs et ses actionnaires. Par ailleurs aujourd’hui, Vivendi a un conflit d’intérêt avec Ubisoft car il détient 6% du capital d’un concurrent Activision Blizzard. D’ailleurs, j’observe que quand Vivendi a vendu la majeure partie de sa participation dans cette société, son patron Bobby Kotick a reconnu que Vivendi l’avait empêché d’être réactif et agile.

 


Rappelons au passage que ce n'est pas la première fois que Vivendi s'intéresse de très près au jeu vidéo, puisque la société avait sous son égide l'entité Activision-Blizzard jusqu'en 2013. Mais le cas d'Ubisoft est à part dans l'industrie, car la firme française commence sérieusement à se diversifier, à l'image des séries télé sur les Lapins Crétins, du film Assassin's Creed (à venir en 2016) actuellement en production, mais aussi du fameux parc d'attraction prévu pour 2020 à Singapour. Pour mettre en avant sa totale indépendance, Yves Guillemot rappelle que ce modèle créatif "a permis à Ubisoft de créer et de faire fructifier des licences telles que Far Cry, Assassin's Creed ou bien encore Watch Dogs". Quant à la question de la fusion d'Ubisoft avec Gameloft, elle est plus qu'envisageable aujourd'hui.

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