Adam Orth : un an après, qu'est devenu l'homme à l'origine du bad buzz de la Xbox One ?

Rappelez-vous, c'était il y a déjà presque un an, Adam Orth, alors Directeur Créatif chez Microsoft Studios, balançait ce qui paraissait être une énormité sur Twitter, à savoir que la prochaine Xbox One (nom de code Xbox 720) allait proposer une connexion obligatoire à Internet pour pouvoir fonctionner. A ce moment précis, rien sur le fonctionnement de la console n'avait été communiqué, forçant Microsoft à désavouer son employé avec une lettre d'excuses de la part du Major Nelson, pour ensuite le licencier comme un malpropre. Nous étions alors aux balbutiements de ce qui fut par la suite le plus grand bad buzz de l'histoire du jeu vidéo, obligeant Microsoft à faire machine arrière quelques semaines après l'E3 2013 où Microsoft a été mis KO par un Sony qui n'a jamais été aussi taquin.

La suite, tout le monde la connaît, et si aujourd'hui Sony est repassé leader de la nouvelle génération avec ses 6 millions de PS4 vendues à ce jour, qu'est-il devenu d'Adam Orth ? Si son compte Twitter a bien été restreint puis fermé par la suite pour se protéger des messages acides et injurieux des gamers à l'époque, l'homme accuse aujourd'hui de graves séquelles dans sa vie professionnelle comme personnelle. Présent lors de la GDC 2014 de San Francisco, il s'est entretenu avec nos confrères britanniques de GamesIndustry.biz où il explique comment Internet a littéralement ruiné sa vie...

J'étais devenu la nouvelle victime des haters sur Internet. Ca été un véritable déchaînement de haine. J'avais une vie paisible jusqu'alors et puis les gens ont commencé à prendre leurs distances avec moi. J'ai été renié, humilié et très embarrassé. J'ai détruit ma carrière et j'ai eu peur d'être blacklisté par l'industrie. J'étais devenu comme infréquentable.

La raison pour laquelle les menaces sur Internet peuvent être terrorisantes n'est pas due au fait que les actes de violence peuvent se concrétiser, mais que la société a regressé à un point qu'on accepte ce genre de comportements et de discussions envers quelque chose ou quelqu'un avec lequel on n'est pas d'accord. La plupart des développeurs n'osent même plus broncher de peur de se faire réprimander. C'est devenu la nouvelle normalité.

En tant qu'industrie, nous avons été désensibilisés par ces comportements malsains parce que c'est devenu étouffant, omniprésent et inarrêtable. Quelque part, on a baissé les bras tout en continuant à avancer et il n'est plus possible de faire machine arrière. Soyons plutôt des exemples brillants pour les autres qui peuvent s'inspirer de nous. Il ne faut jamais oublier la joie acquise et celle qu'on peut donner grâce aux jeux vidéo. Les méfaits d'Internet ont le pouvoir de chier sur quelque chose de beau et de le détruire. Heureusement, j'ai survécu.

En matière de pression exercée par le rouleau compresseur Internet, mais surtout des réseaux sociaux tels que Twitter où c'est devenu un sport d'injurier un maximum de personnalités, Dong Nguyen, le créateur du controversé Flappy Bird, a lui aussi été poussé dans ses derniers retranchements, le forçant à retirer son jeu de l'AppStore malgré le succès de son jeu, quoi qu'on en dise. De son côté, Adam Orth a profité de la GDC 2014 pour dévoiler son nouveau projet, un jeu répondant au nom de Adrift, qui met en lumière les méfaits d'Internet. Oui, le bonhomme a été traumatisé au plus profond de lui.

 

Au final, c'est la meilleure chose qui m'est arrivée. Quand je raconte cette histoire aux gens, personne ne veut me croire, mais c'est la stricte vérité putain ! Je le vois comme une opportunité aujourd'hui. Je me suis rapproché de mes amis et de ma famille, je suis devenu quelqu'un de plus mature, je suis devenu un meilleur père, je mène une vie plus saine et j'ai perdu 23 kg. La vie est beaucoup trop courte pour se focaliser sur ce qui se passe sur Internet. Il faut savoir se concentrer et mettre tout ça de côté. Ce que les gens disent sont le reflet de leur vie, pas la tienne. Ca sert à rien de vouloir se mettre à leur niveau en leur répondant. Il faut continuer à créer, continuer de rêver.