Xbox One : le mal est-il déjà fait ?
Hier soir, à la surprise générale, Microsoft a effectué un spectaculaire revirement de situation. En effet, la firme de Redmond a totalement changé sa politique next gen' pour la Xbox One alors que personne ne s'y attendait. Concrètement, les joueurs pourront désormais jouer à leurs jeux partout en offline, puisque l'impopulaire check-in quotidien a été abandonné. Autre grosse révélation, Microsoft a décidé également de retirer sa restriction pour les jeux d'occasion. Avant ce volte-face, les joueurs de Xbox One auraient été obligés de payer une somme supplémentaire si on leur prêtait un jeu provenant d'un ami. Maintenant, comme sur Xbox 360 et n'importe quelle console actuelle, vous êtes libre d'échanger et de revendre vos jeux comme bon vous semble.
Inutile de dire que la nouvelle a réjoui la communauté des joueurs. Bien sûr, il reste des choses sur lesquels les fans sont toujours sceptiques comme la présence de Kinect 2 et ses commandes vocales dispensables, les choix de Microsoft de faire de sa console une plateforme multimédia, mais les décisions les plus critiquées ont maintenant été retirées. Microsoft est-il entièrement pardonné ?
Difficile à dire et si l'on se réfère aux premiers avis à chaud des joueurs, pas forcément... Toutefois, il y a une leçon à tirer de cette expérience douloueuse : l'immobilisme de Sony et la colère des joueurs sur les réseaux sociaux sont parvenus à plier le géant américain qui s'avoue vaincu à travers un billet minimaliste rédigé par Don Mattrick sur le site Xbox Wire. Car depuis la révélation de la Xbox One le 21 mai dernier, les pontes de Microsoft ont été au centre de toutes sortes de moqueries en raison de leur politique initiale. On se rappelle par exemple de la vidéo parodique de la conférence de Microsoft, qui mettait en avant les termes "TV" et "Sport", qui n'était que la continuité du bad buzz amorcé en avril dernier par un certain Adam Orth, remercié aujourd'hui pour avoir trop exprimé ses opinions sur Twitter.
Mais par-dessus tout, Microsoft a eu le culot (ou le courage, c'est selon) d'imposer toutes sortes de restrictions qui visaient à changer le paysage du jeu vidéo, avec l'arrivée massive du dématérialisé, considéré comme une véritable trahison par les joueurs qui avaient toujours soutenu la firme avec ce qu'elle avait entrepris avec la Xbox 360. Ce manque de reconnaissance, Microsoft a essayé de le combler à l'E3 2013 en annonçant une liste plutôt alléchante de jeux exclusifs grâce à une conférence efficace et bien rythmée. L'intérêt suscité autour des jeux avait en effet pour but de noyer le poisson et faire oublier les questions importantes autour de la politique de la console. Mais en marge de la conférence, certains pontes chez Microsoft comme Don Mattrick ou Phil Spencer (un ancien de chez Sony tout de même !) continuaient à perpétrer le bad buzz en s'adressant toujours plus maladroitement à la presse. Au lieu d'éclaircir sa politique, Microsoft semblait patauger en coulisses pour trouver les réponses appropriées afin de calmer la colère des joueurs face à une politique aussi controversée.
De quoi écorner l'image de la Xbox One et de Microsoft au passage, avec un flux massif de grognements et même d'insultes sur le web international. Sur la page Facebook américaine de la Xbox One, plus de 16 000 posts n'étaient qu'injures envers la firme de Redmond et sa politique restrictive. Les critiques pleuvaient, la console devenait la risée du web et tous les sondages annonçaient la Xbox One perdante face à la PS4. Malin, Sony en a même rajouté une couche en publiant une vidéo magistralement orchestrée pour se moquer de la politique de Microsoft sur le prêt des jeux.
Puis vint l'arrivée du sondage d'Amazon (soit le plus grand magasin virtuel au monde), qui posait la fatidique question aux joueurs de savoir quelle console ils choisiraient. Le résultat a été sans appel et en faveur de la PS4, ce qui est plutôt représentatif quand on sait qu'Amazon possède parmi sa clientèle des fans des deux camps. Cela ressemblait donc fortement à un lynchage public, tant on ne trouvait pas (ou peu) d'avis positif sur la Xbox One. Donc, pour revenir à notre principale interrogation, ce revirement de situation va-t-il changer les perspectives des consommateurs sur la console de Microsoft ?
Pour beaucoup, le mal est déjà fait. Microsoft se révèle être ainsi maladroitement comme une industrie en mettant de côté les souhaits des joueurs en terme d'expérience de jeu. Et même avec ce revirement, on peut penser que certains vont faire payer à Microsoft sa politique initiale en allant voir en face chez Sony (voire même Nintendo). La seule population qui pourrait profiter à la firme de Redmond, ce sont ceux qui ne se tiennent pas au courant de l'actualité vidéoludique. Une clientèle à laquelle Microsoft peut se raccrocher.
Eux, mais aussi les revendeurs de jeux. Le marché de l'occasion faisant partie du business, la levée des DRM va permettre aux rayons des magasin de ne pas désemplir. Quelque soit la façon dont vous regardez tout cela, la guerre de la next-gen s'est quelque peu stabilisée et, selon les mots de certains joueurs, la guerre des consoles peut enfin véritablement commencer...