Xbox One : ce que le retropédalage va changer chez Microsoft
Suite au coup de théâtre hier soir de Microsoft concernant l'abandon de sa politique restrictive, d'autres intervenants de Microsoft ont décidé de prendre la parole et d'éclairer les joueurs sur ce qui risque d'arriver dans les prochains mois. Le premier à se jeter dans la fosses aux lions n'est autre que Marc Whitten, Vice-Président du service Xbox LIVE qui s'est entretenu avec nos confrères de Polygon, afin d'expliquer que tous ces changements auront un prix. En effet, ces mesures impopulaires qui exigeaient des vérifications en ligne des différentes licences et qui limitaient le marché de l'occasion étaient liées a ce que Whitten appelle "la vision du futur de Microsoft". Un futur que la Xbox One ne pourra plus vraiment suivre avec ces derniers changements.
La nouvelle politique de Microsoft concernant le marché de l'occasion est désormais identique à celle utilisée avec la Xbox 360 où les joueurs n'auront pas besoin de faire vérifier leur licence en ligne avant de jouer à un jeu solo offline. Microsoft a également annoncé que les jeux Xbox One seraient dézonés, soit une marche arrière sur la politique de la console mais également celle de la Xbox 360 puisque les copies des jeux fonctionneront comme sur Xbox 360, le verrouillage régional en moins.
Le CD EN DRM
Mais ces changements auront un prix, avec en premier lieu le système de partage qui disparaît. En effet, Microsoft avait prévu un système où le joueur pouvait partager le jeu avec 9 de ses "proches", reliés à 9 autres comptes Xbox LIVE en réalité. On note également la disparition de la fonction de prêt où vous pouviez aller chez un ami sans vore jeu, le retélécharger depuis le cloud et y jouer ailleurs que chez nous. Désormais, il ne faudra pas oublier votre disque, comme c'est le cas aujourd'hui. Enfin, bien que les jeux devront toujours être installés sur votre système avant d'y jouer, le disque devra être dans le lecteur afin de lancer votre jeu. Un système de DRM qui remplace les check-in quotidiens sur Internet. De plus, bien que Microsoft ait fait machine arrière, l'entreprise travaille toujours activement pour faire tendre la Xbox One vers le dématerialisé et le cloud gaming. Des propos avancés par Marc Whittens qui précise que la machine a été conçue dans ce sens.
Lorsque vous irez chez un ami pour jouer, il vous sera demandé d'installer votre jeu sur sa console. Si l'ami en question souhaite acheter le jeu, il pourra le faire en ligne après votre départ, puisque la version installée sur le disque dur de la console sera alors déverrouillée. Tous les jeux seront d'ailleurs commercialisés en version dématérialisée en plus des versions physiques. Là encore, Whitten tient à donner des explications claires : "Pendant que nous ajoutons la possibilité d'utiliser des jeux physiques, nous croyons toujours que le futur réside dans un modèle dématérialisé utilisant le cloud gaming. Un modèle qui devrait être mis en oeuvre petit à petit. Nous allons d'ailleurs énormément investir dans le dématérialisé."
Une Xbox One BÂTIE pour le Online
Une autre question reste néanmoins en suspens avec ce changement de direction : l'utilisation du Cloud Computing par la Xbox One. Lors de l'E3 2013, Microsoft a fait l'éloge de son nouveau service, qui soi-disant apporterait un boost de puissance à sa console. Le changement de cap opéré par Microsoft hier soir signifie donc que tout ceci sera inaccessible hors ligne. Toutefois, la connexion est fortement conseillée bien qu'elle ne soit absolument nécéssaire que lors de la première utilisation de la machine. A ce propos, Marc Whitten explique que Microsoft compte bien utiliser le cloud gaming sans relâche : "Vous devrez être connecté pour utiliser le Cloud. Toutes les choses qui nécéssitent une connexion seront donc inaccessibles en mode offline. Nous voulons toujours que la plupart des gens tirent profit de ces fonctionnalités sans leur enlever la possibilité de jouer hors ligne." Mais tout n'est pas blanc pour autant. En effet, Whitten ajoute que les éditeurs-tiers seront libres de décider d'imposer une connexion pour jouer à leurs jeux, soit pour le mode multijoueur, soit pour le Cloud.
Reste à savoir maintenant si Microsoft est prêt à baisser le prix de sa console, afin d'être en parfaite concurrence avec Sony et son prix concurrentiel de 399€. Mais Whitten semble avoir un semblant de réponse : "A propos du prix, nous pensons sincèrement que ce que nous vendons vaut largement ce prix !"
Il est clair que ce virement à 180° a eu lieu en réaction de Sony, mais aussi à la levée de boucliers des joueurs, prêts à boycotter la console et passer chez la concurrence. Mais pourquoi avoir attendu si longtemps, ou à l'inverse réagi aussi vite après l'E3 2013 ? Car en faisant le point, les signes avant-coureurs du bad buzz de la Xbox One existaient déjà depuis que Adam Orth s'est exprimé sur Twitter, qui s'est d'ailleur amplifié juste après la conférence du 21 mai 2013. A ce sujet, Whitten comprend l'étonnement des journalistes mais selon lui, les dirigeants de Microsoft voulaient finir d'expliquer leur point de vue avant de tout changer : "Notre but était de nous expliquer. On savait que notre concept serait dévoilé partiellement lors de l'annonce du 21 mai puis au moment de l'E3."
Malgré un changement de politique concernant le DRM de la Xbox One (qui n'aura plus besoin de vérifier en ligne votre honnêteté, libérant ainsi le marché de l'occasion), les fonctionnalités online seront toujours présentes. La console ayant été développée dans le sens du tout connecté, et bien qu'il soit agréable de voir que Microsoft ne considère plus le client comme un vilain pirate potentiel, la Xbox One n'en demeure pas moins une machine qui nécéssite une connexion régulière. L'existence même du Cloud Computing entre dans la logique de la machine. Une console peu puissante de base dont le matériel embarqué ne fera tourner les jeux que pendant les premiers temps, et qui tirera à terme sa vraie puissance de supercalculateurs présents dans le Cloud de Microsoft. La firme de Redmond a fait preuve d'un volte-face spectaculaire, tentant de limiter les dégâts pour le lancement de la Xbox One, mais rien ne nous garantit qu'un autre revirement ne sera pas effectué dans quelques années une fois la crise passée et les machines installées dans les foyers. Toujours est-il que Microsoft a perdu la confiance des joueurs et leur plus grand défi sera de la regagner...