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Considérant la présence de personnages et de nombreuses références issus d’anciens épisodes, du tout premier Ys à Ys V, les amoureux de la série à deux lettres se frotteront les mains, et seront les garants d’une certaine filiation des chapitres de cette saga ancestrale. Pour les autres, autant délivrer mon sentiment clairement : Ys VI n’a rien d’un jeu d’exception. La production de Falcom n’a guère réussi à éveiller une fibre nostalgique qui ne demande pourtant qu’à se faire titiller. Et ce n’est ni une durée de vie bien faiblarde pour le genre (comptez environ 15 heures) ni une histoire sans originalité (bien que faisant intervenir deux ou trois personnages assez charismatiques) qui contrediront ce constat. Ys VI : The Ark of Napishtim est un soft qui a pour principal atout celui d’être un représentant d’un genre qui ne court pas les rues sur nos latitudes.
- Une aventure classique mais sans prise de tête
- Compositions souvent marquantes
- Facilité d’accès
- Gestion de la difficulté étrange
- Durée de vie
- Faible sentiment d’exploration en dehors des donjons
- Temps d'accès incessants
Adol n’est pas mort. Son ornement capillaire aux reflets de lave en fusion bouge encore. Voilà presque deux décennies qu’il erre par monts et par vents, depuis la sortie de Ys : The Vanished Omen sur MSX et Master System, à la fin des années 80. Au fil du temps, cette série d’Action RPG s’est constituée une cohorte d’admirateurs purs et durs, scrutant l’arrivée de chaque nouvel opus comme le messie. Ys VI, où l’arrivée d’un jeu culte ? Tout de suite les grands mots.
Ys VI est disponible sur PC depuis 2003 où il a rencontré un succès conséquent, et sur PlayStation 2 depuis 2005. Nonobstant toutes considérations nostalgiques, nous allons tâcher de juger Ys VI : The Ark of Napishtim en fonction de ce qu’il a à offrir au public actuel, et non à la troupe de fanatiques déjà acquis à la cause de sir Adol Christin, le gentil chevalier autiste qui ne sait communiquer que par le discours indirect. A l’instar d’un Koei avec les jeux de Nippon Ichi, c’est Konami qui endosse cette fois le rôle de l’éditeur prophète. Celui qui apporte dans sa besace les spécialités locales en des contrées avides de sensations nouvelles. Bon n’exagérons rien, ce n’est pas la première fois que sors un Action RPG sur le vieux continent, mais l’arrivée d’un Ys, saga majoritairement réservée à son pays d’origine, reste une agréable surprise. C’est donc Konami qui nous fait les faveurs d’une localisation de bonne qualité, et en français dans le texte s’il vous plaît.
Igrékess ?
Tandis qu’ils se sustentaient ostensiblement (ce n’est pas sale) à l’auberge, "Red Hair" Adol et son massif camarade Dogi sont invités par deux mystérieuses personnes à embarquer à bord d’un navire pirate en vue d’une expédition maritime. Direction le Grand Vortex. Evidemment un incident de parcours survient et Adol se retrouve emporté dans le maëlstrom aquatique qui le déposera sur le rivage d’un archipel isolé. Il y découvrira non seulement l’existence d’une race inconnue mais également la présence de congénères humains, alors qu’il venait tout juste de retrouver une nana canon qu’il avait sauvé dans sa précédente aventure. C’est ballot ! Une fois n’est pas coutume, commençons par évoquer la partie musicale. Après tout le thème principal n’est-il pas l’une des premières choses qui touche, après avoir allumé la console ? Mélodieuses, tantôt cristallines et pures, tantôt caverneuses et puissantes, les compositions de Falcom nous accompagnent divinement en toutes circonstances avec en bonus un petit cachet rétro qui ne peut évoquer que des bonnes choses. En revanche le constat s’avère moins homogène d’un point de vue visuel. Peu engageante, la timide 3D isométrique ne révèle que trop rarement des environnements dignes de ce nom. Bien qu’il s’agisse du premier épisode de la saga à délaisser le bitmap, il serait malhonnête de justifier ce constat guère folichon sous couvert d’une tradition old school étant donné que le soft nous accueille avec une longue et belle séquence cinématique de synthèse tout ce qu’il y a de plus moderne. Ys VI et son Arche de Napisthim (autre nom pour désigner le très biblique Noé) est en réalité une production qui ne sait pas trop sur quel pied danser.
L’archipel de Canaan, lieu essentiel de vos pérégrinations, ne compte que deux villages. Aventure modèle réduit ? Reste que chaque personnage dispose de son propre artwork au design commun mais d’une excellente qualité. Isha et Olha, les jeunes prêtresses qui vous mettent la main dessus, pour ne citer qu’elles, sont ainsi tout bonnement craquantes. On découvrira également par la suite une poignée d’avatars qui sortent du lot et se distingueront par un charisme certain. Peu de rencontres donc, mais une galerie de portraits hauts en couleurs dont les préoccupations évoluent piano et dont les nombreuses lignes de dialogues leur confèrent une vraie présence. De quoi rendre le micro-univers de Ys VI un minimum attachant.
Aïz ?
A la rigueur, s’il fallait dénoncer la précarité conceptuelle de Ys VI, ce serait dans son schéma de progression. Une séance de village par-ci, un petit coup de donjons par-là. On remet ça cinq ou six fois et, tiens, c’est la fin du jeu. Le sentiment ? Forcément mitigé. Au risque, donc, de m’attirer les saintes foudres des aficionados, Ys VI n’a rien d’un produit exceptionnel, si ce n’est un certain charme désuet qui persiste à nous captiver, mais qui risque de n’avoir aucune retombée particulière sur la jeune génération. Et pas seulement à cause de la réalisation. Ys VI à tout du jeu sans grande envergure. Son gameplay limité permet toutefois de jouer sans se prendre la tête. Qu’avons nous dans les menus ? Un équipement très exhaustif, dont trois lames améliorables qui permettent de varier un peu les coups, et de déclencher trois types de magies distinctes, basées respectivement sur le vent, l’eau et la foudre. Adol se manie à la perfection et répond au pixel près, à l’exception du dash jump dont la manipulation douteuse laisse à désirer. Pour le reste, notre héros cramoisi peut sauter, mais pouvoir se servir de son bouclier comme protection eut été aussi évident que salutaire.
On déplorera également une gestion de la difficulté bizarroïde. Avec Ys VI, c’est tout où rien. Vous êtes un tout petit niveau en dessous du seuil requis pour la zone ? Acharnez vous autant de fois que vous le voudrez, seuls des narquois "0" point de dommage s’échapperont des carapaces intactes du bestiaire. Un équilibre très strict qui force le joueur au level up lors de chaque nouveau donjon et ne laisse que peu de place à une progression libre et à une montée en puissance personnelle. Toutefois on se satisfera du fait que Adol réponde au doigt et à l’œil, une réactivité bienvenue pour affronter des ennemis hargneux et des boss gigantesques.
Prononcez "isse" !
On était en droit d’attendre de cette version PSP l’occasion de rehausser certains paramètres du jeu original, cependant Konami et Falcom en ont décidé clairement autrement. Non seulement Ys VI PSP n’a pas été enrichi depuis la version PlayStation 2 de 2005, mais pire, l’apparition de temps d’accès à chaque changement d’écrans, combiné à des séances de crucifixion du frame rate dans les menus, révèlent une non-optimisation simplement scandaleuse de la part de l’équipe de développement. Le doublage est lui aussi passé à la trappe. Seul quelques détails feront pencher la balance en faveur de la version PSP, comme l’apparition de mini jeux permettant de récolter rapidement Or et Emel pour forger ses lames. Par ailleurs, il faut admettre que ce type de jeu old school se consomme fort agréablement sur une console portable. Il n’en reste pas moins que l’absence de soin porté à la version PSP de Ys VI fait réellement de la peine compte tenu qu’elle arrive plus d’un an après son homologue PlayStation 2.