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- Une volonté de s'adapter au jeune public
- La recherche des Yokai
- Une petite dimension tactique dans les combats
- Le côté collectionnite addictif
- La réalisation nickel
- La durée de vie, pour les amateurs de dizaines d'heures de jeu
- L'écriture qui dégouline de guimauve
- Les combats qu'on subit plus qu'autre chose
- La difficulté déséquilibrée entre les combats standards et les boss
- Les mini-jeux tactiles, usants à la longue
- Le recrutement des yokai, imprévisible
- Le chara-design loin de faire l'unanimité
- Une mise en scène minimale
- Les quêtes annexes, très répétitives
- Beaucoup de choses repiquées ailleurs
Yo-Kai Watch est une toute nouvelle IP, annoncée en 2011 par Level-5, le studio japonais qui était jusque-là sur le développement des aventures du Professeur Layton. Elle prend place dans un univers contemporain, où le jeune héros, Nathan Adams, va découvrir l'existence de créatures spirituelles inspirées du floklore japonais, les yokai, au détour d'une balade en forêt. En mettant une pièce dans un mystérieux distributeur au pied d'un arbre millénaire, il libère son premier yokai, un fantôme nommé Whisper. Les yokai sont invisibles pour le commun des mortels, mais ils sont partout, en ville, à la campagne, en forêt. Parfois agressifs, parfois farceurs, ils influent sur le moral des humains, voire sur leurs faits et gestes. Whisper propose donc à notre héros de découvrir cet univers parallèle et de régler les problèmes provoqués par ses congénères. Pour ce faire, il lui offre une montre Yo-Kai, qui va lui servir de détecteur pour repérer ces étranges créatures. Le but, c'est de se lier d'amitié avec un maximum d'esprits et de faire ensuite appel à eux au combat contre d'autres yokai en cas de nécessité.
POKÉMON LIGHT
Plus de 200 créatures à rencontrer et recruter, des affinités élémentaires, des évolutions : vous l'aurez compris, nous avons affaire à du Pokémon-like à 200%. Du Pokémon light même. En effet, si Yo-Kai pioche clairement certaines idées dans la série de Game Freaks, le jeu semble destiné à un public encore un peu plus jeune et inexpérimenté. Ici, pas de grand voyage initiatique. A l'exception des nombreuses quêtes annexes (dont beaucoup sont à placer dans la catégorie Fedex à peine camouflé), la progression est on ne peut plus linéaire, tant chronologiquement que géographiquement. L'aventure se déroule dans une seule et unique ville (assez grande, il faut le souligner), dont on débloque les quartiers au fur et à mesure des chapitres d'un scénario adapté aux petites cours de récré. C'est pipou, gorgé de bons sentiments mais on peut rapidement se lasser, même quand on a seulement quelques bougies au compteur. Très dirigiste, le jeu de Level-5 ne laisse de marge qu'à une exploration de surface, en particulier pour dégoter de nouveaux yokai. Il suffit d'avoir un œil sur la jauge de détection de la Yo-Kai Watch. Si celle-ci s'affole, il s'agit alors d'inspecter les environs à l'aide d'une loupe à manier sur l'écran tactile pour révéler la bestiole. Une fois vaincue, elle peut vous proposer son amitié. Mais c'est loin d'être automatique. Lancer une nourriture adéquat en cours de combat peut aider à se faire apprécier, mais comme il est impossible de savoir à l'avance quel type d'aliments préfère tel ou tel yokai, on reste dans l'imprévisible, le flou... Problématique quand on doit trouver un yokai en particulier.
PILOTE AUTOMATIQUE
Mais comme nous l'avons dit, pour recruter un yokai, il faut d'abord le battre, c'est la règle. Là encore, la volonté de simplicité de Level-5 pose problème. Votre équipe est composée de six yokai, dont trois seulement combattent en même temps, tandis que les trois autres restent en réserve. Une roue sur l'écran tactile permet de changer à tout moment la composition du trio d'attaque. Un paramètre tactique important puisque vous bénéficierez par exemple de bonus si vous alignez des yokai de même type. De la même façon, un soigneur se doit d'être sur le terrain pour régénérer les PV de ses comparses. Seulement voilà : on ne dirige pas les combats à proprement parler. C'est tout juste si on peut les orienter. Vos compagnons attaquent, défendent, envoûtent leurs ennemis ou se reposent de manière autonome et automatique. Le rôle du joueur est donc drastiquement réduit. Il se limite à quatre tâches relativement ingrates : l'utilisation d'objets (bridée par un léger cooldown), le ciblage de la zone ou de l'adversaire à attaquer en priorité, et enfin la Purification (pour défaire un yokai d'une altération d'état négative) et le déclenchement des Âmultimes (l'attaque spéciale de chaque esprit). Les deux derniers impliquent d'ailleurs des mini-jeux à l'écran tactiles parfaitement répétitifs et fastidieux à la longue.
On s'ennuie ferme durant les combats classiques et il faut attendre les boss de fin de chapitre pour enfin rencontrer du challenge.
Alors oui, on comprend la nécessité de ne pas surcharger un gameplay conçu pour être simple et finalement, les combats offrent par moments une dimension tactique appréciable. On comprend aussi le contexte, plein de bonnes intentions. On ne capture pas les Yokai, on se lie d'amitié avec eux. On ne leur donne pas d'ordres, on les laisse combattre seuls. C'est bien, ça ne prête pas le flanc à la polémique, mais le résultat, c'est qu'on s'ennuie ferme durant les combats classiques et qu'il faut attendre les boss de fin de chapitre pour enfin rencontrer du challenge. Une fracture qui donne d'ailleurs naissance à une difficulté déséquilibrée, qui nécessite de remplir pas mal de missions secondaires pour mettre vos petits protégés au niveau. Il n'y a pas plus frustrant que de se faire éclater sans même avoir, ne serait-ce qu'un brin, la main sur le combat. Par chance, Yo-Kai Watch compense en partie ses lacunes de gameplay par une technique impeccable, une 3D fluide, colorée, qui réussit à éviter l'obstacle récurrent de l'aliasing. On aurait apprécié des efforts de mise en scène pour en profiter davantage !