Test URBZ : Sims in The City sur Xbox
12 20
- Les possibilités vestimentaires
- Le concept de vie sociale virtuelle toujours attractif
- Modèles physiques très corrects
- Frame Rate scandaleux
- Principe qui s'essouffle beaucoup trop vite
- Gameplay fade
Il était une fois un américain du nom de Will Wright. Lorsqu'il crée Sim City en 1989, il se place déjà à contre-courant de tout mouvement de violence et se distingue parmi les concepteurs de loisirs interactifs les plus créatifs qui soient. Mais son phénomène culturel allait prendre toute son ampleur quand, en 2000, il fait naître Les Sims de son esprit passionné d'études comportementales et de sociologie.
Sur consoles, nous avons échappé à la trouzaine d'add-ons qui ont fleuri sur l'autel du mercantilisme, à peine avons-nous écopé d'un Permis de Sortir en sus de l'opus original. Mais pas question d'épargner une grosse partie de la population joueuse, voici donc que Maxis et Electronic Arts nous ont mitonné une déclinaison urbaine spécialement pour consoleux en manque de vie sociale virtuelle. Délaissant leurs pavillons de campagne trop javellisés, ces petits êtres débarquent dans l'impitoyable milieu urbain où, si l'on veut se trouver dans la place, tout n'est que question d'adaptation, de séduction, d'influence, et de notoriété. Amis de la superficialité et du paraître, bienvenue chez Les Urbz.
Tout ce qu'on veut, c'est être heureux
L'URB ne cache pas ses affiliations avec son cousin le Sim, en témoigne le sous-titre du jeu : Sims in the City. Comme le Sim, lui même calqué sur les comportements et besoins humains, votre URB doit être constamment bichonné, à travers un panel de cinq jauges dont l'état général indique votre humeur du moment. Inutile de faire semblant d'être content, une humeur trop morose provoquera le rejet de vos concitoyens. Des besoins de première nécessité se feront donc sentir aléatoirement; aller au petit coin, se laver, se divertir, manger et dormir. Manquez exagérément de sommeil et votre avatar s'écroulera à même le sol ! Quant aux divertissements, une petite danse défoulante sur le dernier tube hip-hop des Black Eyed Peas, groupe sollicité pour la bande son du jeu, ou quelques grinds sur une fontaine (?) suffiront à changer les idées de votre URB. Mais l'élément le plus important du jeu, celui qui détermine votre avancée au fil des quartiers, est la jauge de réputation. Celle-ci se remplit au fur et à mesure que vous nouez des contacts avec vos compatriotes. Si les interactions se limitent au début à saluer, parler, ou blaguer, vous gagnerez en progressant un nombre impressionnant d'actions plus ou moins sociales et en vogue selon le quartier. Citons seulement le pas de danse, le braillement, le chatouillement, le baiser (plus romantique) ou l'insulte (plus agressif). La jauge de réputation peut également baisser si vous effectuez des actions jugées inconvenantes chez vos interlocuteurs, mais cette éventualité est faible puisque le menu vous indique à l'avance, via un système de couleurs, les répercussions qu'une main aux fesses aura sur le loubard tacheté et piercé de la gare mal famée.
Ouais c'est fashion ça, c'est tendaaance !
Evidemment, vous commencez par choisir un avatar masculin ou féminin. Résultant d'un obscur complexe Freudien ou une simple déviance sexuelle de ma part, je ne sais pas, il se trouve que mon choix s'est immédiatement porté sur une nana, que j'ai sobrement nommée "Poufie". La personnalisation de base est réduite au strict minimum, tout juste faut-il régler quelques degrés de corpulence, la forme du visage, quelques traits, la coupe et la couleur des cheveux. Mais quelques minutes plus tard, votre Poufie sera devenue méconnaissable, vous allez comprendre pourquoi. Alors que l'on débarque sans le sou dans un petit appartement de la 98ème avenue, que l'on pourra meubler à loisir (encore que vous n'y passerez guère de temps, surtout que deux autres habitats sont à débloquer), on vous laisse le choix du premier quartier que vous allez découvrir. Ils sont au nombre de neuf, tous construits selon le même principe (un lieu pour bosser, un espace public pour nouer des liens, et un espace privé à conquérir). Parmi les aires de jeu, Néon Est est le quartier de la haute technologie où l'on se goinfre de sushis frais, la rue Treclass porte bien son nom mais n'est encore rien à côté du Mont Diamant, lieu de pèlerinage des top models emperlousés et des manteaux de fourrure.
Gloire et Fortune
Le principe du jeu, s'il semble inépuisable au premier abord, va très vite se révéler douloureusement monotone. Il s'agit concrètement de grimper les marches de la gloire, en faisant péter votre jauge de popularité. Le problème est qu'aucune véritable subtilité n'est requise pour y parvenir ! Faites plaisir à vos compatriotes en papotant avec n'importe lequel d'entre eux et vous finirez forcément par obtenir le seuil de popularité requis pour entrer dans le quartier privé de la zone. Et encore quelques soliloques plus tard, on vous déverrouille l'accès au quartier suivant, où vous êtes bon pour vous retaper la même rengaine, encore et encore. Il existe certes des dizaines de petits objectifs propres à chaque quartier, mais ils sont rarement, voire jamais, obligatoires. Reste alors à tromper son ennui en adoptant les moeurs du quartier. Effectivement, la première chose à faire, si on veut avoir une chance de s'intégrer, est de se rendre à la boutique de vêtements du coin pour faire son shopping en adoptant les couleurs locales de la tête aux pieds. D'un quartier à l'autre il est ainsi possible de métamorphoser littéralement son URB ! Maxis va ravir les amateurs de modes et les petites filles, car son titre propose un florilège épatant de tenues. A vous de voir si vous voulez créer votre idéal ou réaliser un cauchemar esthétique, à partir du moment où vous portez ne serait-ce qu'un amalgame des vêtements du coin, vous aurez des chances d'accéder aux quartiers privés. Reste un détail cependant, Les Sims, comme Les Urbz, sont censés être une simulation de vie. Et dans la vie pour s'offrir des fringues, il faut payer. Aussi, pour régler ses achats top modes et son loyer top sévère, Poufie aura tout le loisir de s'essayer aux petits boulots proposés dans chaque quartier. Là encore, l'idée de base est intéressante, mais le concept est bien trop malingre. Tout les jobs proposent en effet la même chose : appuyer successivement sur des séries de quatre boutons, assez rapidement, mais même pas en rythme, pour fabriquer des piercings/cuisiner des sushis/sculpter des oeuvres d'art/se faire flasher en tant que mannequin, etc. A côté de ça, il suffit de maintenir une ou deux autres jauges dans le vert (par exemple, une hygiène douteuse risque de provoquer des infections pendant les piercings) et le tour est joué. Voilà de quoi subsister quelque temps, sans véritable challenge, d'autant qu'au pire, il est toujours possible de refuser de payer le loyer.
Embouteillage technique
Maxis a beau avoir conçu un jeu pour consoles, l'interface et le gameplay se rapprochent d'un jeu PC, ainsi tout se joue avec un curseur, on pointe et on clique comme si on avait une souris entre les mains, ce qui n'est déjà pas forcément un bon pari pour un jeu au pad. Cet opus étant le premier initialement prévu pour les consoles, c'eut été l'occasion d'envisager une nouvelle jouabilité plus appropriée (diriger le personnage directement par exemple), le jeu aurait peut-être perdu en redondance ce qu'il aurait gagné en dynamisme. Les quartiers sont certes petits, mais le stick droit permet de manier la caméra à sa guise, et avec un peu d'habitude, on s'en sort sans problèmes. Mais les choses se compliquent davantage lorsqu'on s'aperçoit que le jeu souffre d'énormes écueils sur le plan technique ! Aussi, étant donné que les besoins de première nécessité deviennent rapidement monotones (toilettes, lavabo, distributeur, lit, télé) on utilise sans cesse la touche R1, laquelle permet d'accélérer le temps. Et là, catastrophe, le frame rate ne tient carrément pas la route ! Dès qu'on joue un peu vite, un véritable décalage intervient entre vos actions et les textes qui apparaissent à l'écran (pendant que vous vous dépêchez de bosser pour gagner votre croûte par exemple). Le jeu en devient vite lourd et le gameplay particulièrement pénible.
Yo ?
Les Urbz auraient pu renouveler de belle manière le concept de Will Wright sur consoles tant ils regorgent de charme, de possibilités vestimentaires et de petites réactions ou mimiques sympathiques, mais ici le système de progression du soft tient aussi mal la route que ses carences techniques fatiguent à l'usage. Répétitif et faussement varié, le concept censé être intarissable du créateur des Sims, se retourne contre lui, la faute à un manque d'objectifs diversifiés et à l'absence de ramifications. Les innombrables ralentissements et autres lacunes techniques laissent un goût encore plus amer et n'inciteront pas à rallumer la console pour continuer à vivre cette vie superficielle et décadente qu'est celle de Poufie et ses amis. Des défauts incontournables qui ne donneront pas davantage envie de se lancer dans un mode deux joueurs en écran splitté que nous qualifierons d'anecdotique, voire d'intégrer sa trogne dans le jeu pour les possesseurs de l'EyeToy.