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Porte-étendard d'une époque aujourd'hui révolue, Twisted Metal réussit le tour de force de nous replonger avec nostalgie à l'ère de ces jeux primaires où tirer virilement sur son voisin était jouissif. A l'instar des Destruction Derby et consorts, le titre de David Jaffe ne vaut que pour son multijoueur qui assure le spectacle, ce qui n'est pas vraiment le cas de son mode solo tout simplement anecdotique. Malgré un challenge présent dans chaque mode de jeu, le joueur devra composer avec un gameplay loin d'être accessible qui lui demandera à la fois de la patience et beaucoup d'entraînement. Qui a dit que devenir le roi de l'arène était chose aisée ?
Retrouvez plus bas la suite de notre test de Twisted Metal.
- Campagne en coopération
- Jouable offline de 1 à 4 joueurs
- Multijoueur solide
- Maps variées et destructibles
- Fun
- Campagne solo anecdotique
- Cinématiques cheap
- Gameplay peu intuitif
- Reliquats d'un jeu PSN
- Musique du menu très répétitive
- Online Pass
"Cite-moi au moins un jeu de bagnoles qui était génial sur PS1, qui défonçait sur PS2 et qui déchire encore plus maintenant sur PS3 ?", telle était la question posée par les personnages de chair et d'os dans le tout premier trailer de Twisted Metal dévoilé lors de la conférence Sony de l'E3 2010. Annoncé en grandes pompes, le jeu de David Jaffe promettait ainsi de revenir aux fondamentaux de la série : du fun, de la folie et surtout beaucoup de fureur ! Qu'en est-il aujourd'hui à la sortie du fameux jeu de course de stock-cars signé par le désormais célèbre créateur de God of War ?
Seize ans après son arrivée sur la première console de Sony, la licence Twisted Metal succombe à son tour à la mode du retour aux sources. PlayStation 3 oblige, les développeurs de Eat Sleep Play font table rase du passé, dépoussiérant pour l'occasion un scénario prétexte et concentrant leurs efforts sur les différents modes multijoueurs. Placé au volant d'engins de la mort tunés à grands renforts d'armes de destructions massives, le joueur va ainsi contrôler tour à tour 3 personnages hauts en couleurs (Sweet Tooth, Mr. Grimm et Dollface), tous participants du Twisted Metal, un grand tournoi de démolition dont l'organisateur offre au gagnant l'opportunité d'exaucer l'un de ses souhaits. De ces combats acharnés durant lesquels explosions et exterminations seront les maîtres-mots, un seul but émerge : être le dernier survivant de chaque épreuve ! Mais prenez garde, dans des cartes toutes plus fantasques les unes que les autres, rien ou presque ne se mettra en travers du chemin de ces bolides gonflés au protoxyde d’azote, traversant pieds au plancher nombre d’éléments destructibles afin d’anéantir chaque concurrent ! Autant dire qu’entre ce carnage organisé et des personnages charismatiques transpirant l’horreur de la folie meurtrière (comme le clown Sweet Tooth, la figure emblématique de la saga à la crinière de flammes), personne ne sera surpris de l’interdiction aux moins de 18 ans dont écope le jeu de Sony…
Métal hurlant
Désavoué par David Jaffe lui-même, le mode solo de Twisted Metal ne saura en aucun cas sustenter les allergiques des modes multijoueurs, la faible durée de vie des 3 campagnes étant à peine compensée par la possibilité de s’y faire les dents en coopération. Dommage, d’autant que la gradation de la difficulté offre son lot de challenge. Outre les parties standards de Deathmatch, le joueur sera en effet amené à affronter ses adversaires dans différentes types d'épreuves dont les particularités sauront mettre ses nerfs à rude épreuve. Lors de courses particulièrement inégales, il pourra à loisir pester contre une I.A. qui le propulsera volontiers dans le décor quitte à sacrifier ses propres chances de victoire. C'est donc par une progression par l'échec et une connaissance parfaite du terrain que le joueur pourra faire la différence, immuablement seul contre tous. Un sentiment d’isolement par ailleurs accentué lors des affrontements avec les Juggernauts, des monster trucks qui libèrent de nouveaux ennemis à intervalle régulier. Une seule solution pour ne pas finir noyé et broyé sous une nuée d’adversaires tous plus virulents les uns que les autres, s’attaquer directement au coriace monstre d’acier qui, bien entendu, est constamment défendu par une horde d’opposants. Une tâche d’autant plus délicate que l’emplacement du véhicule mobile n’est, à aucun moment, indiqué sur la carte ! Patience est mère de toutes les vertus dit le proverbe… Enfin, le mode Deatmatch par zones donnera lui aussi des sueurs froides au joueur en proposant un affrontement au sein d’une cage verte virtuelle se déplaçant aux quatre coins de la carte. Le joueur doit ainsi veiller à ne pas s’éterniser à l’extérieur de l’espace de jeu s’il ne veut pas voir sa vie se réduire comme peau de chagrin. Simple dans l’idée, ce mode se révèle particulièrement ingénieux lorsqu’on comprend qu’il pousse le joueur à faire des choix cornéliens : risquer de mourir en sortant de l’aire de jeu pour chercher de la vie et des armes ou risquer de se faire tuer dans l’enclos, totalement démuni ? Finalement, même si ce n’est pas forcément ce qu’on attend d’un Destruction Derby-like, l’ensemble du mode solo aurait tout de même nécessité une meilleure cohésion afin que l’avancée ne semble pas aussi hachée et astreignante. On notera en effet un chemin extrêmement balisé (cinématique d’introduction, challenges, cinématiques, challenges, boss à anéantir et cinématique de conclusion) qui met en exergue des mini-scénarios bâclés tant dans leur écriture que dans leur mise en scène (le côté "films faits à la maison" des cinématiques en live-action risquent, à ce titre, d’en rebuter plus d’un). Si le joueur veut en avoir pour son argent, il passera donc outre la courte (mais intense) campagne solo afin de se concentrer sur le cœur même du jeu : son mode multijoueur.
Finalement, même si ce n’est pas forcément ce qu’on attend d’un Destruction Derby-like, l’ensemble du mode solo aurait tout de même nécessité une meilleure cohésion afin que l’avancée ne semble pas aussi hachée et astreignante."
Twisted Metal prend en effet une toute autre dimension tant dans son multi en local jouable jusqu’à 4 joueurs en écran splitté (un mode suffisamment rare aujourd'hui pour le souligner) que dans son online jouable jusqu’à 16 joueurs ! Pour le plus grand plaisir des fadas d’explosions en tous genres (et pour le plus grand malheur des plus épileptiques), ces parties se transforment très naturellement en véritable guérilla urbaine, une avalanche de couleurs et d’effets éclatant rapidement aux quatre coins de l’écran, notamment lorsque le ciel se retrouve envahi de camions Transformers et d’hélicoptères qui sentent bon l’odeur du massacre ! Ce déluge visuel et sonore de tôles et de chaos particulièrement réussi arriverait d’ailleurs presque à camoufler des graphismes trop peu impressionnants, vestiges d’un jeu développé, fut un temps, pour le service de jeu en ligne de Sony. Les joueurs pourront donc s’affronter sur 4 modes solo ou en équipes : "Deathmatch", "Dernier homme debout", "Chasse" et "Bombe nucléaire" dont le but est de capturer puis d’attacher un chef adverse à un missile afin de l’envoyer s’exploser contre une statue ennemie. Malgré des variations plutôt bien trouvées (le mode "Capture de drapeau" façon Grindhouse, la chasse à l’homme version motorisée, etc.), le mode "Deathmatch", qui procure des sensations aussi vigoureuses qu'instantanées, semble d'ores et déjà désigné comme le chouchou des joueurs. Pari donc réussi pour le studio de David Jaffe puisque mis à part certains problèmes de connexions qui devraient être corrigés d’ici la sortie du titre en Europe et un serveur pour le moins épuré, les parties demeurent fluides, nerveuses et fun. Finalement, Twisted Metal est un jeu qui mettra les nerfs et la patience du joueur à rude épreuve. Les parties solo comme en multijoueur ne laissant en effet aucune place au hasard et exigeant une connaissance approfondie du gameplay et des différents circuits. Lorsque tirer, activer un bouclier, poser des mines, utiliser le boost, sauter, figer ou encore se transformer deviendra pour le joueur chose aisée, la route vers le cimetière de bolides lui ouvrira grand ses portes, sous le bruit et la fureur.