Test également disponible sur : Switch

Test Travis Strikes Again No More Heroes : un retour sur la pointe des pieds

Test Travis Strikes Again No More Heroes : un retour décevant ?
La Note
note Travis Strikes Again : No More Heroes 13 20

Pas aussi marquant que les œuvres les plus majeures de Suda51, Travis Strikes Again : No More Heroes saura tout de même contenter les fans du développeur japonais. L'ambiance est aussi folle qu'à l'accoutumée, les combats tiennent la route, et les références à la pop culture et aux jeux vidéo (à commencer par ceux du studio Grasshopper Manufacture) sont très nombreuses. Les inconditionnels de No More Heroes ne seront donc pas déçus. En revanche, les joueurs pas particulièrement investis dans le travail passé de Suda51 risquent d'avoir un peu plus de mal avec ce jeu assez disgracieux, légèrement ennuyeux par moments, et qui enferme ses phases de gameplay dans un format 4/3. Pas très 2019 tout ça...


Les plus
  • Ambiance déjantée
  • Scénario dingo
  • Habillage graphique délirant
  • Système de combat solide
  • Références et méta à foison
  • Les fans de Suda 51 sont servis
Les moins
  • Pas bien joli, voire moche
  • Zone de jeu en 4/3
  • Phases "d'aventure" assez pénibles
  • Les six jeux se différencient peu
  • Pourquoi tant de pub pour l'Unreal Engine ?
  • Quasiment réservé aux fans de Suda51


Le Test

Les jeux japonais totalement barrés ont le vent en poupe ces derniers temps. Catherine Classic vient tout juste d'arriver sur PC, Catherine Full Body s'apprête à débarquer sur PS4, et le vénérable Killer7 (signé Suda 51) a eu droit à un portage PC il y a tout juste deux mois… soit treize ans après sa sortie sur GameCube et PS2 ! Mais l'homme derrière les deux épisodes de No More Heroes n'appartient pas seulement au passé. En attendant un véritable No More Heroes 3, le créateur japonais au nom qui fleure bon le pastis nous propose dès aujourd'hui un spin-off bien déjanté.


Travis Strikes Again : No More HeroesBad Man, le papa de Bad Girl, cherche à venger sa fille, assassinée par Travis Touchdown dans le premier épisode de No More Heroes. Mais alors qu'il débarque dans la caravane de sa cible, il découvre que l'homme au "beam katana" possède la Death Drive Mark II, une console de jeux légendaire à plus d'un titre. Connectée au système nerveux du joueur, elle fait office de super équipement de réalité virtuelle. De plus, elle et son catalogue de six jeux exclusifs ne sont jamais sortis dans le commerce. Mais surtout, la rumeur dit qu'en terminant ces six jeux, un vœu pourrait être exaucé. Bad Man et Travis décident donc de coopérer (littéralement, si jamais vous décidez de parcourir l'aventure avec un ami) afin de ressusciter Bad Girl. Ce scénario bien barré est accompagné par un habillage graphique délirant, qui mêle couleurs psychédéliques, artefacts simulant la lecture d'une cassette VHS, zones pixelisées représentant des bugs, aplats de couleurs, ombrages forts et autres délires dont Suda51 a le secret. Ainsi, on ne peut sauvegarder que lors d'un passage aux toilettes, et le folklore japonais s'invite en permanence dans l'aventure, que ce soit par l'intermédiaire de photos et recettes de rāmen (oui, oui) ou encore de références à différentes pâtisseries japonaises et autres maid cafés. Il faut ajouter à tout ce gloubi-boulga déjà bien chargé d'innombrables éléments issus de l'univers des jeux vidéo. Les pièces que l'on récolte dans les niveaux servent par exemple à acheter des t-shirts relatifs à de nombreux jeux indépendants. Si vous souhaitez que Travis porte les couleurs de Papers Please, Superhot, Dead Cells, Hollow Knight ou encore Ruiner, c'est possible ! Bon point également pour le logo sonore de la Death Drive, qui reprend à son compte les deux notes popularisées par Sega au siècle dernier. Ou pour ce magazine de jeux vidéo qui présente les différents jeux de la console dans un style délicieusement rétro (et dévoile même quelques cheats codes réellement fonctionnels).

 

RETRO, C'EST TROP

Travis Strikes Again : No More HeroesCependant, Suda51 a peut-être poussé la nostalgie et les références au passé vidéoludique un peu trop loin. En dehors du hub qui permet de lancer chacun des jeux Death Drive (donc chacun des niveaux de Travis Strikes Again), les graphismes peinent clairement à séduire. Il faut faire avec des modélisations sommaires, des effets spéciaux bon marché et une interface énorme qui limite l'écran de jeu réel à un format 4/3. Heureusement, le gameplay de type beat'em all est quant à lui irréprochable. Dynamique à souhait, il propose attaque rapide, attaque puissante, attaque sautée, attaque chargée, roulade d'esquive et de multiples capacités spéciales à dénicher dans les niveaux et à équiper. Présentées sous forme de "puces techniques", ces attaques possèdent toutes un temps de charge et permettent de faire voltiger les ennemis, d'émettre des tirs multiples, de créer un double faisant office de leurre, d'envoyer une décharge électrique, de tirer un laser géant depuis un satellite en orbite, de lancer une capsule dégageant du gaz dans quatre directions, de générer une zone de ralentissement pour les ennemis, de produire une zone de soins, de lancer une bombe collante, de se transformer en toupie humaine et mortelle, ou encore d'ériger un mur de protection temporaire. L'ensemble de ces capacités aboutit à un système de combat très dynamique et plutôt agréable. Et heureusement, car il constitue l''essentiel du gameplay. Malgré quelques variations de caméra (qui peut privilégier une vue plongeante, de profil ou de dessus) et de rares récréations (dont une vraie-fausse course à moto), les six cartouches de la Death Drive peuvent se résumer à "avancez et tuez les tous". On aurait aimé un peu plus de variété. Certes, la caravane permet d'accéder à un mode aventure pompeusement intitulé "Travis Strikes Back : l'Odyssée de Travis", dans lequel on récupère les différentes cartouches destinées à la Death Drive. Mais il s'agit simplement de longs écrans de texte et d'images pixelisées affichées en vert sur fond noir dans une résolution faible et entrelacée. Une nouvelle fois, la volonté de "faire rétro" nuit au plaisir et au confort visuel. Ces phases sont inutilement bavardes, ennuyeuses, et font vraiment mal aux yeux !

 

UN JEU QUI VA DANS LE (QUATRIEME) MUR

Travis Strikes Again : No More HeroesConscients du problème, les développeurs tentent même de faire passer le peu d'intérêt de ces séquences pour de l'humour. Les personnages se fendent ainsi de dialogues tels que "on fait ça comme un visual novel ?" et autres "la plupart des gamers ont acheté ce jeu en croyant que c'était un jeu d'action, c'est donc pas pour lire un roman de 800 pages". Il faut dire, et cette fois c'est un point positif, que le jeu n'hésite pas à verser dans le méta à outrance. Référence au tutoriel dans la phase de tutoriel, mini-boss qui nous questionnent sur la dangerosité des mini-boss, boss qui annoncent texto leurs changements de phases, personnages qui s'inquiètent de la future note Metacritic du jeu, référence directe à l'éditeur Devolver, référence indirecte au futur No More Heroes 3, ou évocation franche de la destruction du quatrième mur ne sont que quelques exemples de ce qui est réservé aux joueurs. Ces derniers pourront également dénicher des références plus ou moins appuyées à Terminator 2, Deadpool, Twin Peaks, Zelda, Mappy, Unreal ou encore Hotline Miami. Epic Games est également à la fête puisque le jeu n'arrête pas de faire la promotion de l'Unreal Engine. La cinématique d'intro se met carrément en pause pour afficher "ce jeu est en cours de développement avec Unreal Engine 4, l'incomparable et éminent intergiciel d'Epic Games", la plupart des tenues gratuites de Travis font référence au fameux moteur, et on trouve même quelques items qui reprennent la forme de son logo. On frôle l'overdose… Mais les références les plus importantes sont tout simplement celles relatives aux autres productions de Suda51. Ceux qui connaissent The Silver Case, les deux épisodes de No More Heroes, Killer is Dead ou encore Shadows of the Damned retrouveront avec plaisir de nombreux lieux, noms et têtes connus. En revanche, les joueurs qui ne collectionnent pas les œuvres du studio Grasshopper Manufacture passeront à côté de beaucoup de clins d’œil et risquent de se lasser rapidement. Un jeu à réserver aux fans, donc.


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