Travis Strikes Again No More Heroes : on y a joué sur Switch, une nouvelle formule qui peine à convaincre ?
C’est durant un Nindies Showcase, Nintendo Direct spécialement dédié aux productions indépendantes, que Travis Strikes Again : No More Heroes avait connu sa première présentation officielle. Un choix qui peut sembler curieux, mais qui s’explique finalement par l’orientation de ce nouvel épisode que Suda51 présente lui-même comme un nouveau départ plutôt qu’une suite des deux jeux précédents. Un nouveau départ qui n’exclue toutefois pas la vision décalée qui a fait la renommée du réalisateur.
Travis Strikes Again conserve tout de même un lien avec No More Heroes 1 et 2 au niveau de l’histoire, puisque le protagoniste va croiser la route de Bad Man. Ce dernier n’est autre que le père de Bad Girl, l’une des adversaires que Travis a dû vaincre afin d’atteindre la première place au classement des assassins. Les deux larrons finissent néanmoins par unir leurs forces afin d’atteindre un objectif commun : mettre la main sur la Death Drive MK II, une console maudite capable d’exaucer un vœu pour celui qui parvient à terminer tous les jeux qu’elle contient. Si le pitch paraît déjà plutôt tordu, les quelques séquences de jeu aperçues ne font que confirmer que l’on est bien face à une œuvre signée par les esprits malades du studio Grasshopper Manufacture. On est notamment amené à faire face à un tueur en série à l’allure particulièrement anxiogène et dont l’arme de prédilection n’est autre qu’une paire de tire-bouchons, par exemple. Surtout, on retrouve ce gros otaku de Travis, éternel passionné de jeux vidéo rétro et d’idols prêt à dégainer son Beam Katana, qu’il recharge toujours d’un geste très évocateur, pour remplir sa mission.
JEUX DANGEREUX
Mais ce qui fait la particularité de Travis Strikes Again : No More Heroes, c’est qu’il ne propose pas une suite de niveaux similaires. Il se présente plutôt comme une compilation rendant hommage aux productions des années 1980 / 1990 avec de nombreux clins d’œil aux jeux indés plus récents. Des scènes d’action durant lesquelles Travis doit éliminer des hordes d’ennemis semblent cependant constituer la base du système de jeu que l’on retrouve de manière récurrente. Ainsi, la première séquence jouée durant cette session de preview place Travis dans une sorte de labyrinthe : il s’agit alors d’atteindre l’entrée d’un manoir avant d’être attrapé par une tête de squelette géante. Une fois à l’intérieur, il faut se frayer un chemin jusqu’au boss en éliminant tous les ennemis qui se dressent sur le chemin. Le second niveau essayé plonge Travis dans un jeu de course en réalité virtuelle à l’esthétique inspirée par des œuvres telles que Tron. Mais cette épreuve ne récompense pas vraiment les prouesses de pilotage. On est ici plus proche du puzzle-game, dans la mesure où le joueur doit simplement passer les vitesses au bon moment afin d’optimiser l’accélération de son véhicule. Le truc, c’est que la boîte de vitesse prend la forme d’un schéma alambiqué et généré de manière aléatoire à chaque fois que l’on lance une course. De plus, chaque nouvel adversaire nécessite que l’on obtienne une amélioration pour son moteur sous peine d’être systématiquement pris de vitesse ; et pour obtenir ce bonus, en revanche il faut aller le chercher par la force, là encore en faisant le ménage dans les rangs de créatures patibulaires.
RECETTE À L'ANCIENNE
Si chaque niveau devrait s’appuyer sur une mécanique qui lui est propre, les scènes de combat reprennent des bases classiques avec une touche d’attaque rapide et une touche d’attaque puissante. La démo essayée ne propose pas de combinaison entre les deux, mais on peut tout de même y ajouter plusieurs attaques spéciales plus ou moins puissantes, comme une bombe collante à placer sur un ennemi ou une frappe laser aérienne. Une fois utilisées, ces attaques se rechargent automatiquement avec le temps, contrairement à la technique ultime, un enchaînement d’attaques au Beam Katana, dont la jauge se remplit au fur et à mesure que l’on attaque les ennemis. Cette attaque peut en outre être chargée jusqu’à trois niveaux, ce qui peut en faire une arme dévastatrice si l’on parvient à la conserver jusqu’au moment le plus opportun. Il faut enfin noter que, même si le jeu est réalisé en 3D, l’action est vue du dessus, ce qui paraît conforme à l’optique de rendre hommage à l’époque bénie des jeux 8 et 16-bit. Il est donc inutile de s’attendre à une réalisation digne des dernières productions AAA, Travis Strikes Again se montre même un peu rustre à ce niveau. Mais il a le mérite de laisser un joueur rejoindre la partie à n’importe quel moment pour passer un moment plus convivial, en coopération. Encore un joli clin d’œil à une ère qui semble révolue.
Même si cela fait toujours plaisir de retrouver ce sympathique Travis Touchdown sur console, il faut garder à l’esprit qu’il ne s’agit pas d’une véritable suite aux deux No More Heroes sortis précédemment. On retrouve bien quelques éléments comme l’utilisation du Beam Katana, mais il s’agit surtout d’une suite de mini-jeux entre lesquels s’intercalent quelques séquences de combat. Alors, même si les deux niveaux présentés se sont montrés divertissants, il va falloir attendre de connaître l’ensemble des épreuves qui attendent le héros et son nouveau compère avant de pouvoir exprimer un avis définitif. Cela dit, on peut déjà annoncer que ceux qui adhèrent aux délires absurdes et morbides de Suda 51 devraient en avoir pour leur argent.