Test Tiny Tina’s Wonderlands : comme un air de déjà-vu sympathique sur PC
15 20
- Un gameplay qui a déjà fait ses preuves et qui défoule
- Des quêtes secondaires aussi intéressantes que les principales
- La classe secondaire qui permet de tester différents pouvoirs
- Un humour qui fonctionne bien la plupart du temps
- Des options de personnalisation, une nouveauté pour la série
- Deux modes coop différents et du cross-play
- Une VF intégrale avec doublages et localisation de qualité
- L'effet Borderlands 3.5 ou Forteresse du dragon 2.5 est bel et bien là
- Trop de loot tue le loot, surtout quand on a des sorts à disposition
- L'environnement Meta aurait pu être encore plus et mieux exploité
- La DA et la technique cel-shading commencent à accuser leur âge
- Un Season Pass pour un spin-off inspiré d'un DLC, on est moyennement chauds...
Riche de quatre volets majeurs et d'une vingtaine de contenus téléchargeables conséquents, la saga Borderlands nous régale depuis déjà plus de douze ans. Si la formule n'a guère évolué depuis ses origines, Tiny Tina et la forteresse du dragon reste l'un des DLC qui a le plus marqué les joueurs, du fait du passage à un univers médiéval-fantastique issu de l'imagination de Tina et de son jeu de rôles sur table favori. Wonderlands reprend ce principe et l'étoffe suffisamment pour gagner le statut d'aventure indépendante, qui ne nécessite aucun épisode de Borderlands pour fonctionner.
Tous les joueurs sont donc les bienvenus, même si les assidus de la saga restent le public majoritairement visé. Eux seuls seront à même de comprendre certaines références, de retrouver avec plaisir certains personnages connus, et de réellement saisir l'univers proposé. Les aventures de Tina constituent en quelque sorte un jeu dans le jeu, puisqu'elles retracent les péripéties d'un petit groupe futuriste participant au jeu de rôles médiéval-fantastique Bunkers & Brutasses. L'univers SF de Borderlands laisse donc la place à un monde plus moyenâgeux pour toutes les phases jouables, tout en restant présent dans certaines cinématiques et dialogues. Les trois aventuriers dirigés par la jeune maîtresse de jeu sont le beau gosse Valentine, le robot Frette et… la Bleusaille, votre avatar. A vous de lui assigner une classe, à choisir parmi six archétypes aux noms improbables. Le Trucidopathe excelle dans les coups critiques, dispose d'une lame fantôme et maîtrise l'invisibilité. Le Frappaclysmique possède un familier Wyverne et invoque un marteau occasionnant des dégâts de feu ou électriques. Le Défouromage voit les dégâts de ses sorts augmentés, peut transformer un ennemi en mouton (pardon, en skouton) et équiper deux sorts simultanément au lieu d'un. Le Sème-la-Mort est accompagné par un familier demi-liche et sacrifie une partie de sa santé pour augmenter ses dégâts. Le Sporôdeur peut compter sur un familier champignon infligeant des dégâts de poison, un arc éthéré, et des cyclones de glace. Enfin, le Brr-Zerker ajoute des dégâts de glace à ses attaques et tournoit pour taillader tous les ennemis à proximité.
LA CLASSE AMÉRICAINE
Si ce menu vous paraît alléchant et que vous ne savez que choisir, sachez qu'à partir du niveau 11 vous aurez la possibilité de choisir une classe secondaire, et donc d'avoir plus de compétences à votre disposition. Des statistiques héroïques (force, dextérité, intelligence, sagesse, constitution et syntonie) ainsi que des arbres de compétences sont également disponibles pour que vous puissiez façonner finement le héros qui vous convient le mieux. Cette personnalisation de fond s'accompagne de nombreuses options de customisation esthétique (voix, taille, forme des oreilles, taille du nez, bannière et autres subtilités du genre). Voilà qui peut paraître étonnant pour un FPS, mais le jeu peut être parcouru en coop, s'amuse à placer régulièrement des statues de notre personnage dans les décors, et nous offre une carte du monde jouable où notre héros apparaît sous forme de figurine. Cet "Overworld" concrétise encore un peu plus l'aspect "méta" et jeu de plateau de l'aventure, puisque votre héros et sa tête surdimensionnée évoluent dans des décors où une canette de soda renversée engendre une rivière et où un biscuit au fromage fait office de météorite bloquant le passage. Ces séquences servent essentiellement de passage entre les zones majeures de l'aventure, mais nous proposent tout de même quelques mini-quêtes à remplir et rebasculent de temps à autres sur la vue subjective pour des affrontements aléatoires ou relatifs à ces petites missions. Cet ajout sympathique reste tout de même anecdotique par rapport à l'exploration et aux combats traditionnels, qui continuent de se tailler la part du lion.
Il faut d'ailleurs saluer le jeu pour la qualité de ses quêtes secondaires, qu'il serait criminel de délaisser. Non seulement permettent-elles d'engranger de l'XP, mais leur scénarisation se montre en plus à la hauteur des quêtes principales, quand elle ne leur est pas carrément supérieure.
C'est d'ailleurs là que se situe la principale faiblesse du jeu qui, malgré quelques efforts bien réels, peine à s'extirper du carcan Borderlands. La formule est éprouvée depuis longtemps, et on comprend aisément que les développeurs rechignent à s'en éloigner. Pour le joueur c'est d'ailleurs l'assurance de prendre du plaisir et la garantie d'un gameplay solide. Mais c'est aussi une source éventuelle de lassitude et de déception. Looter des armes par milliers n'impressionne plus autant qu'avant, surtout lorsqu'on finit par se débarrasser de 95% du butin. Il s'agit d'une caractéristique de la série, certes, mais la présence des sorts, armes de corps à corps, familiers et compétences magiques rend les armes à feu moins centrales qu'à l'accoutumée. Au final on a meilleur temps de maximiser les différents pouvoirs et de se concentrer sur quelques armes spécifiques plutôt que de perdre du temps à étudier scrupuleusement la moindre pétoire. Paradoxalement, ce sont donc les innovations apportées par l'univers médiéval-fantastique qui accentuent l'aspect Borderlands 3.5, le système de loot paraissant du coup légèrement décalé. Quant à l'aspect vraie-fausse partie de jeu de rôle, on l'avait déjà vu dans Tiny Tina et la Forteresse du Dragon. Le surplace se ressent encore plus en ce qui concerne l'aspect graphique et technique. Les visuels en cel-shading ne progressent guère par rapport à ceux des épisodes précédents, et ne tiennent pas la comparaison par rapport aux têtes de gondoles de 2022. Mais fort heureusement, ces quelques bémols n'empêchent pas de s'éclater lorsqu'il s'agit d'éradiquer les squelettes, trolls et autres banshees !
BUTIN DE BORDE...RLANDS !
Il faut d'ailleurs saluer le jeu pour la qualité de ses quêtes secondaires, qu'il serait criminel de délaisser. Non seulement permettent-elles d'engranger de l'XP, mais leur scénarisation se montre en plus à la hauteur des quêtes principales, quand elle ne leur est pas carrément supérieure. D'une manière plus générale, l'environnement jeu de rôle s'avère très plaisant. Dés à 20 faces à dénicher dans les niveaux pour obtenir un meilleur butin, dialogues "méta" de Tina et de ses amis rôlistes qui viennent commenter les événements en cours ou encore interventions de la MJ qui fait apparaître des ennemis ou modifie certains décors sous nos yeux, les références au monde du JDR sont légion. Il nous semble que le délire aurait pu être poussé encore plus loin, mais il y a déjà de quoi se satisfaire. L'humour constitue également l'une des qualités de l'aventure, qui ne se prend jamais au sérieux et n'hésite pas à verser dans le farfelu. Et dans le graveleux aussi, mais même les dialogues les plus vulgaires ne choquent pas vraiment, l'ambiance étant clairement à la grosse déconnade. D'ailleurs, si cet aspect potentiellement tendancieux passe crème c'est en partie dû à la grande qualité de la localisation française. Les références de culture générale ou idiomatiques ont été intelligemment adaptées, tandis que le casting vocal réalise un sans-faute. On espère qu'il en sera de même dans les contenus téléchargeables à venir, même si leur disponibilité dans un Season Pass payant nous semble un peu abusée pour ce qui ressemble déjà à un standalone de Borderlands 3.