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- Le look du Punisher
- Des possibilités de gameplay assez nombreuses
- Jeu fade
- Potentiel mal exploité
- Trop d’action tue l’action
- Violence gratuite
De tout temps, l’homme a toujours eu des pulsions et un goût prononcé pour le spectacle de la violence. Une pulsion bien plus tenace que tous les efforts des censeurs et des moralistes mais qui trouve de plus en plus écho dans les jeux vidéo. C’est donc le Punisher qui nous contentera de notre quota de bas instincts et permettra ainsi de prendre l’air sans pour autant avoir envie d’égorger votre voisin. De ce constat à l’utilité sociale d’un jeu comme The Punisher, il n’y a qu’un pas !
Dénué de tout pouvoir et nettement moins célèbre que ses compères Spider-Man, Captain America ou encore les X-Men, Franck Castle aka The Punisher n’en reste pas moins un des personnages importants de l’univers des comics Marvel. Alors que l’adaptation cinématographique a fait littéralement un bide dans les salles d’obscures l’été dernier, le jeu vidéo éponyme servira finalement de transition avant un second volet au cinéma.
Un bon truand est un truand mort
Dès les prémices de l’aventure, je me voyais face à un remake de Max Payne. Le départ tout comme le point du chute sont sensiblement les mêmes, à savoir que l’on visionne tout d’abord une partie de la cinématique de fin (à l’instar du film Opération Espadon), où notre anti-héros se rend à la police après avoir accompli son objectif principal. Combattant émérite lors de la guerre du Vietnam et réputé pour sa droiture, Franck Castle voit un jour sa femme et son fils se faire massacrer par la pègre locale. Rongé par la vengeance, il décide de faire justice lui-même et se fixe comme mission de débarrasser la ville de New York de tous ses petits malfrats et barons du crime. Le cheminement de l’histoire est alors conté par des flash-back se déclenchant au fur à mesure de l’interrogatoire policier, dirigé par deux inspecteurs aux questions franchement superficielles, ce qui aura le don d’agacer la plupart d’entre vous. Franck Castle commencera donc par traquer les petits dealers afin de remonter les filières jusqu’à de plus gros poissons, en l’occurrence les membres influents de trois icônes mafieuses : les siciliens, les russes et les yakuzas. Baptisé le Punisher, Franck est très vite craint et réputé pour sa cruauté. En effet, le bonhomme ne fait pas dans la dentelle et n’éprouve aucun scrupule à se débarrasser du moindre truand qui passera à sa portée ou utiliser la torture pour obtenir des informations. Un sadisme gratuit poussé à l’extrême qui aura valu au titre le label "interdit au moins de 18 ans".
Paradoxalement, ce sont les phases d’interrogatoire qui donnent leur dynamisme au jeu. On est même vivement encouragé à y avoir recours puisqu’il s’agit du meilleur moyen pour remonter sa barre de santé. Elle sont regroupées en quatre grandes familles : la strangulation, les coups de poing, les coups de visage et la pression de son arme entre les deux yeux de son adversaire et vous pourrez en sus trouver de nombreuses zones spéciales où vous pourrez vous en donner à cœur à joie en utilisant un crématorium, des ustensiles de cuisine, un banc de requins ou encore un hélice d’avion, le but restant de jouer habilement sur le stress de son opposant pour lui soutirer des informations ou quelques bonus comme des artworks du comics. Certains ennemis sont parfois auréolés du symbole du Punisher, signalant ainsi qu’ils détiennent des informations nécessaires à votre progression. De même, vous pourrez saisir également un adversaire pour vous en servir comme bouclier humain, bien utile pour vous protéger des tirs ennemis. Pour s’en défaire, le Punisher dispose d’un arsenal conséquent : grenade, mitraillette, revolver, lance-flamme ou fusil à lunettes et peut même utiliser une arme dans chaque main. Dans le pire des cas, il pourra profiter de l’inattention d’un garde pour s’équiper à moindre frais ou l’égorger avec son couteau de survie avec une violence telle qu’elle pourra impressionner à l’occasion vos adversaires et les inciter à se rendre. Chaque ennemi abattu apporte son lot de points, qui serviront à upgrader les compétences du Punisher par la suite, et augmente votre jauge de massacre. Une fois pleine, Castle rentre dans une sorte de transe où le temps se ralentit pour lui permettre de lancer ses couteaux avec précision et de faire un véritable "massacre".
Trop d’action tue l’action
Passé l’euphorie des premières minutes, le bilan est nettement plus mitigé. Les environnements sont ultra linéaires et servent uniquement de prétexte à des massacres en série avec des ennemis qui apparaissent spontanément par paquet de vingt, même dans des lieux plutôt saugrenues, sans compter les éventuels respawn après une cinématique. L’intelligence artificielle est globalement limitée puisque vos opposants ne vous touchent jamais ou presque et ont parfois tendance à regarder dans la mauvaise direction. De temps à autre, le Punisher sera assisté par un de ses amis ou les forces de l’ordre et c’est en les observant que l’on pourra s’apercevoir du vrai potentiel du titre. Trop d’action tue l’action et il aurait été préférable que les développeurs exploitent mieux le côté infiltration, le résultat en aurait été certainement meilleur. Malgré 16 niveaux à son actif, la durée de vie est plutôt moyenne puisque la longueur de ces derniers varie énormément de l’un à l’autre. Il sera toutefois possible de la prolonger de quelques heures en accomplissant les quelques défis que vous pourrez débloquer après chaque mission sous réserve d’avoir obtenu le nombre de points suffisants. La réalisation est plutôt contrastée avec un titre qui manque cruellement de "charisme" et des environnements qui accusent un nombre de détails parfois insuffisants. Par contre, on peut souligner les cinématiques dignes des meilleures productions ainsi que le look plutôt soigné du Punisher. Les traits du visage aussi marqués qu’un certain Sam Fisher, la réalisation sensiblement proche de Max Payne, notre héros revêt également une longue veste noire en cuir et pourra faire le ménage avec un uzi dans chaque main à l’instar de Matrix, etc. autant dire que les clins d’oeils sont plutôt nombreux mais ne suffisent pas pour donner de la personnalité au titre.
The Punisher avait suffisamment d’arguments pour s’imposer mais gâche tout son potentiel à cause d’un gameplay bancal, d’une intelligence artificielle globalement décevante et son déluge d’action finit par provoquer un total désintérêt. Dommage…