Test The Crew 2 : une suite qui peine à redresser sa trajectoire ?
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Après avoir longuement joué à The Crew 2, et après avoir fini presque toutes les épreuves proposées, on se pose une question cruciale : Pourquoi Ivory Tower s’est-il lancé dans The Crew 2 ? Tout comme le premier opus, le jeu traîne de nombreux problèmes de jeunesse, dont pas mal de bugs et de soucis techniques. De plus, on ne comprend toujours pas pourquoi le jeu a besoin d’être en ligne au vu des interactions plus que limités et de la plus-value inexistante du jeu multijoueur. Malgré tout, The Crew 2 propose de bonnes bases pour quelque chose de plus complet et de plus vivant, ce qui arrivera sûrement dans le futur si l’histoire se répète. Avec une physique aux fraises la plupart du temps, une IA catastrophique et un manque de challenge, il est difficile de recommander le jeu en l’état. Néanmoins, Ivory Tower a déjà dévoilé un ambitieux programme de mises à jour et de DLC qui devrait donner de la substance au titre. Il n’y a plus qu’à espérer que le temps permettra à The Crew 2 de se bonifier aussi bien que son aïeul.
- Plein de véhicules
- Un open-world massif
- Prise en main instantanée
- Avion, voiture, bateau, il y en a pour tous les goûts
- Grande variété dans les épreuves
- Effets lumineux plutôt jolis
- Les effets météo...
- ...qui n'apportent rien à la conduite
- Physique douteuse surtout en street
- Motos à la ramasse
- IA catastrophique
- Multijoueur inutile
- Beaucoup de bugs
- Textures des décors très pauvres
- Peu de contenu initial finalement
- Pas mal de clipping
Sorti fin 2014, The Crew avait eu de grosses difficultés à faire oublier ses défauts à son lancement, comme ses micro-transactions discutables, son scénario inintéressant et d'autres petits détails qui venaient gâcher l’aventure. S’appuyant sur une communauté pleine de bonne volonté, Ivory Tower a bûché sur son jeu et a réussi à redresser la barre tant bien que mal en multipliant les diverses mises à jour. Le DLC "Wild Run" avait ainsi mis de côté le scénario et introduit les deux-roues, ce qui avait séduit les joueurs. Aujourd’hui, le studio lyonnais remet le couvert avec The Crew 2, une suite qui se veut être une véritable ode aux sports mécaniques, et qui a pour objectif de réaliser un coup d'éclat sans l'aide d'une quelconque update par la suite. Reste à voir si le résultat est conforme aux intentions...
Bienvenue dans The Crew 2 ! Ici, plus question de reproduire les erreurs du passé, en nous servant par exemple une histoire de revanche alambiquée opposant un gentil pilote et un méchant gangster de la route. Pour éviter ce qui avait été l’un des gros problèmes du premier opus, Ivory tower a donc rusé ! Dans The Crew 2, il n’y a simplement plus de storytelling. Tout juste peut-on discerner une légère trame narrative, mais concrètement, les développeurs ont préféré miser sur un univers très RPG où le joueur incarne un nouveau venu dans l’univers du pilotage, et dont l’objectif est de se hisser parmi les meilleurs pilotes du pays. Pour arriver à ses fins, notre héros (le personnage que le joueur incarne en fait) va devoir faire ses armes dans quatre catégories différentes et ramasser un maximum de followers afin de bien se faire voir de l’entreprise LIVE. Cette dernière est une société qui commercialise des caméras spéciales pour les sports extrêmes (coucou GoPro), et qui organise tous les évènements auquel on va donc participer, sachant que le pinacle est représenté par une série de six courses multi-supports où l’on devra briller. Bref, aux chiottes le scénario, désormais il suffit de foncer pour kiffer, d'autant que tout le système de progression de cette suite semble avoir été pensé avec cet objectif en tête. Concrètement, chaque action nous permettra de gagner des followers, qu’il s’agisse de participer à une course (ce qui est très rémunérateur) ou simplement de faire le pitre dans l’open-world qui nous sert de cour de récréation. Vous l’avez compris, Ivory Tower nous ressort son concept de RPG automobile, et les followers ne sont rien de plus que de l’expérience qu'on récupère. Bien sûr, plus on engrange d'XP, plus on peut accéder aux courses les plus compliquées du jeu, mais aussi les plus rémunératrices.
KEEP ROLLIN' ?
Avant de crier victoire, il va aussi falloir triompher dans les quatre styles de pilotage proposés. Car oui, désormais, non content de nous mettre derrière un volant ou un guidon, The Crew 2 va placer le joueur à la barre d’un bateau, ou même derrière le manche d’un avion. Le premier style s’appelle "Pro Racing" et va nous mettre face à un gourou qui ne jure que par la course pure, qu’elle soit sur circuit au volant de voitures puissantes, sur l’eau à la barre de Powerboats façon cigarette, ou dans les airs au manche d’avion surpuissants pour prendre part à des ersatz de Red Bull Air Race. Du côté du "Street Racing" on n’aime que les voitures, et on nous demandera donc de foncer à travers villes au volant de voitures de sport tunées, de drifter sur des ports, ou de faire du drag sur le Strip de Las Vegas. Il n’y a pas vraiment de quoi se faire des frissons puisque tous ces modes sont directement repris de ce qu’on a pu voir dans Need For Speed, à l'image du drift où l’on multiplie les combos, ou du drag où on doit passer les vitesses lorsqu’une jauge est dans le vert (des QTE en fait). Chez les amateurs de "l’Offroad", on est un peu plus ouverts car ces derniers proposent du cross-country (des courses sprint à travers champs au volant de gros tout-terrain), du rallycross, et même du motocross avec de jolis terrains de bosses. Enfin, la dernière chapelle est celle des amateurs de "freestyle" où l’on devra faire le fou en monster truck, réaliser moult acrobaties au manche d’un avion de voltige, et enfin participer à des courses de jetboats hyper nerveux. Avec pléthore d’activités disponibles, autant vous dire que le garage sera bien garni, et ce pour le plus grand bonheur des fans. En effet, là où le premier opus misait sur les micro-transactions, ce qui limitait drastiquement le nombre de véhicules déblocables en jeu, The Crew 2 nous noie littéralement sous les beaux fuselages, les belles carrosseries et les jolies carènes. Honnêtement, on apprécie autant ce large choix, que le fait de ne plus avoir à faire une course tout-terrain au volant d’une Nissan GTR R-34 bizarrement préparée pour le Dakar.
BORN IN THE U.S.A.
Gros point fort de l’épisode précédent, l’open-world est toujours aussi vaste. Il faut dire que les développeurs ont recréé tous les États-Unis, même si l’échelle est diablement réduite. Ce qui faisait la force de The Crew fait toujours briller The Crew 2, et pour vous donner une idée de la taille, sachez qu’on a mis près de 45 minutes pour relier New-York à San Francisco en fonçant à plus de 320Km/h au volant d’une Ferrari sur les autoroutes. Bien sûr, le jeu ne permet pas vraiment de faire du tourisme, et seuls les points d’intérêt spécifiques de chaque état ont été modélisés. On reconnaît ainsi le lac salé de Bonneville, la Statue de la Liberté et Manhattan à New-York, ou encore le Space Needle de Seattle. N’espérez pas pour autant pouvoir effectuer une visite par procuration, et à titre d’exemple, Venice Beach est bien plus criante de vérité dans GTA V que dans le jeu d’Ivory Tower. D’ailleurs, si l’opus précédent proposait pas mal de circuits réels (comme Laguna Seca), ces derniers ont tous disparu dans The Crew 2, remplacés par des pistes fictives qui accueilleront la plupart des évènements Pro-Racing. Les U.S.A sont d’ailleurs encore plus grands puisqu’on peut désormais profiter de toutes les rivières grâce à l’arrivée des bateaux, tandis que l’espace aérien sera mis à profit par les avions. Pour accentuer l’impression d’espace, les développeurs lyonnais ont même "remplacé" la map traditionnelle par un système de dézoom directement inspiré de celui utilisé dans le jeu de sports d’hiver Steep. On va en effet pouvoir s’éloigner de la position occupée par le joueur, jusqu’à ce qu’on puisse voir l’intégralité des USA. Malheureusement, il ne sera toujours pas possible de téléporter où on souhaite, le fast-travel ne fonctionnant que pour les épreuves et les défis. Si ce n’est pas vraiment un problème dans les villes comme Los Angeles qui offrent une forte densité de courses, certaines zones comme le grand nord sont nettement moins bien loties en épreuves, et demandent alors de passer un peu de temps derrière le volant. Qu’importe, l’intérêt de ce superbe terrain de jeu réside aussi dans l’exploration, de nombreuses activités annexes y étant dissimulées (dont des photos spécifiques à prendre via un outil aussi complet que dans Gran Turismo Sport.) un peu partout.
Même en difficile, l’IA reste catastrophique, avec un comportement aberrant et des performances qui ne dépendent que de vous. En gros, les opposants conduiront comme des grand-mères s’ils vous mettent plus de 3s d’avance, tandis qu’une fois trop en retard ils pourront effectuer des remontées incroyables, comme si leur voiture avait gagné 300cv et 2 tonnes d’appui aérodynamique.
Malheureusement, même en supprimant toutes les aides au pilotage, et en prenant en compte l’orientation arcade du jeu, on est obligés d’avouer que la physique des véhicules est plutôt bizarre. Tout est extrêmement permissif, et quel que soit le bolide choisi, on se trouvera toujours confronté à du sous-virage (sauf avec les voitures de drift), ce qui rend le pilotage peu intéressant. En effet, dès que les pneus avant fument, il suffit de relâcher l’accélérateur pour prendre à peu près tous les virages à fond. Cette physique défaillante est particulièrement visible dans les courses street où les voitures de sport exécutent de nombreux saut en ville. Le défaut est ainsi moins perceptible lors des courses sur terre où l'adhérence semble mieux gérée, tandis que les motos sont à la ramasse sur à peu près toutes les surfaces. En ce qui concerne les bateaux, il n’y a pas vraiment de subtilité à part incliner le stick en arrière pour gagner en vitesse, ou le pousser en avant pour tourner plus court, ce qui limite leur intérêt. Du côté aérien, on se retrouve avec une maniabilité qui rappellera de souvenirs à tous les joueurs qui ont piloté dans GTA 5, les commandes étant rigoureusement identiques. Quoi qu’il en soit, en ce qui concerne les sensations de conduite la licence d’Ubisoft n’arrive clairement pas à la cheville des Forza Horizon de chez Playground Games. Si le gameplay se veut être très accessible, il l’est finalement trop, et on ne recommence presque jamais une course, ce qui nuit à l’implication du joueur dans le jeu. The Crew 2 est un jeu Easy to Learn, Easy to Master en quelque sorte, ce qui devrait rebuter les joueurs en quête de challenge.
MY WAY OR THE HIGHWAY
D’ailleurs, même en difficile, l’IA reste catastrophique, avec un comportement aberrant et des performances qui ne dépendent que de vous. Concrètement, les opposants conduiront comme des grand-mères s’ils vous mettent plus de 3s d’avance, tandis qu’une fois trop en retard ils pourront effectuer des remontées incroyables, comme si leur voiture avait gagné 300cv et 2 tonnes d’appui aérodynamique. On a ainsi vu des IA prendre à fond des virages sur des trajectoires qu’on ne pouvait pas tenir malgré un bolide boosté à fond. En effet, Ivory Tower a remis son système de loot au menu, et les performances de votre voiture dépendront plus des pièces que vous avez obtenu et monté, que des qualités intrinsèques de la voiture. Je m’explique : une Ferrari de série pourra tout à fait se faire déposer par une Audi TT si cette dernière est bardée de pièces ultra-performantes. À chaque course, on obtiendra ces fameuses pièces mécaniques qui s’appliquent à l’une ou l’autre des catégories de véhicules, et qui permettent de booster leurs performances en fonction du score de la pièce, de sa rareté et des affixes dont elle dispose. Le système n’est pas vraiment très intéressant dans la mesure où les affixes n’offrent pas d’avantages significatifs, au point qu’on préfère généralement opter pour les pièces ayant le meilleur score.
LA ROUTE EST LONGUE
La vitesse pure sera donc votre alliée, et surtout elle vous évitera de constater à quel point les USA sont vides (peu de trafic, de vie) et vraiment peu séduisants techniquement. C’est que si la qualité graphique du titre a globalement augmentée, certains points sont plus réussis que d’autres. Ainsi, chaque véhicule est modélisé avec le plus grand soin, qu’il s’agisse des textures ou des spécificités techniques, intérieur come extérieur. Les spécialistes vont d’ailleurs pouvoir se délecter des vues cockpit qui sont toutes rigoureusement identiques à la réalité, qu’on soit dans un cockpit d’avion, au volant d’une Ferrari ou dans le baquet d’une voiture de DTM (Deutsche Tourenwagen Meisterschaft). Malheureusement, dès qu’on s’attache aux décors, le résultat est bien plus décevant. En effet, la taille massive de l’open-world a dû nécessiter de sacrés concessions, et certains détails font peine à voir. Même sur PC et en ultra, la texture de l’asphalte fait plus penser à une couche de peinture qu’à du Macadam, tandis qu’un clipping violent saute aux yeux lorsqu’on vole à une certaine altitude en avion. En effet, dès qu’on dépasse une centaine de mètres d’altitude, le trafic routier disparaît subitement, ainsi que la plupart des ombres, tandis que la végétation clippe aussi lorsqu’on continue à grimper. Pire, certains effets météo (donc l’impact sur la conduite reste incroyablement limité) comme la neige font apparaître des artefacts à l’image. C’est dommage, surtout que d’autres points sont plutôt réussis à l’image de l’éclairage qui dispose de beaux effets, tandis que certaines courses de nuit sont carrément jolies. A l'inverse de nombreuses animations sont absentes ce qui fait que chaque accident sera masqué par un écran de chargement, tandis que le passage à la volée de voiture à bateau ou à avion (uniquement hors des épreuves) se fera là aussi sans transition.
Bref, la technique de The Crew 2 jouera aux montagnes russes avec vos rétines, et c’est bien dommage. Enfin, comme dans le premier opus, les fonctionnalités en ligne sont toujours obligatoires sans qu’on sache vraiment pourquoi. En effet, le jeu nous oblige à jouer sur un serveur qui reste vide de joueurs 90% du temps, tandis que l’absence de PvP nous empêche de profiter du peu de présence humaine. Le multi se résume donc à former un Crew, dont l’intérêt est de pouvoir permettre à tous ses membres de profiter de la récompense maximale pourvu qu’un des joueur gagne la course. Avec The Crew 2, tu es un winner, même si tu es arrivé dernier, du moment qu’un de tes amis sache un peu jouer. Tout ça pour dire qu’on aurait vraiment apprécié un mode hors-ligne, rien ne justifiant vraiment le jeu en ligne, si ce n’est le plaisir de se faire renvoyer à l’écran d’accueil lors des périodes de maintenance. En réalité on se doute bien qu’il s’agit là d’une astuce pour éviter le piratage, et ainsi éviter de devoir investir dans de coûteux systèmes de DRM. En effet, avec un online permanent sur des serveurs dédiés gérés par Ubisoft, il devient forcément plus compliqué de pirater The Crew 2. Enfin, en ce qui concerne la durée de vie, sachez qu’on a complété toutes les courses en un peu moins de 20h de jeu, ce qui veut dire que malgré sa taille, le jeu n’est pas vraiment blindé de contenu.