Test Stellar Blade : la Corée nous envoie son plus beau missile !
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- Visuellement, ça claque fort !
- Gameplay exigeant et jouissif
- Une vraie montée en puissance dans le système de jeu
- Certains boss battles mémorables
- Bestiaire au design incroyable
- Plutôt bon dosage entre jeu couloir et semi open world
- Un jeu soigné et parfaitement fignolé
- Jolie bande-son
- Univers assez captivant
- Les séquences de plateforme bancales et inutiles
- Les différentes costumes qui ne sont que cosmétiques
- Certaines références trop grossières
- Eve manque de personnalité (en dehors de sa plastique aguicheuse)
La Corée du Sud comme la Chine sont deux pays qui oeuvrent pour un but commun : rattraper leur retard en matière de productions vidéoludiques. Deux pays qui ont jusqu'à présent considéré le jeu vidéo sous le prisme du jeu mobile, c'est-à-dire facilement consommable, mais aussitôt oubliable. Une approche assez logique quand on sait que toute l'Asie, Japon mis à part, n'a jamais eu de véritable attache à cette nouvelle culture, d'autant que jusqu'au début des années 2020, tous ces pays ont essentiellement servis de - petite - main d'oeuvre pour les grands studios américains, japonais et même français. Leur boulot était en effet de réaliser les tâches les plus ingrates dans une production de jeux vidéo : soit faire du code, soit produire en masse des assets pour ensuite les intégrer dans les fameux AAA. Mais ce temps est désormais révolu et plusieurs studios sud-coréens et chinois ont décidé qu'il était temps d'émerger, afin de prouver qu'ils ont eux aussi des choses à dire et surtout du talent à revendre. Pour le studio Shift Up, à l'origine de Stellar Blade donc, il peut compter sur son meneur (et fondateur également), Kim Hyung-tae, dont c'est le premier jeu de grande envergure (comprendre AAA) en tant que Game Director, mais pas que. Après avoir fait ses armes sur des titres tels que Magna Carta et Blade & Souls en tant que designer artistique, ce dernier a décidé de tenter sa chance en volant de ses propres ailes. Stellar Blade est d'ailleurs son projet le plus important, mais aussi le plus personnel, puisqu'en plus de sa casquette de CEO de Shift Up, il occupe le poste de game director, directeur artistique mais aussi scénariste.
L'HABIT NE FAIT PAS LE MOINE
L'histoire que Kim Hyung-tae a d'ailleurs façonnée pour Stellar Blade s'inspire beaucoup de son pays, la Corée du Sud, non pas pour le côté post-apo (mais un peu quand même), mais plutôt dans le côté tentaculaire de sa capitale Séoul, qui a servi d'inspiration pour la cité Xion, dernier vestige d'une Humanité qui a été épurée par des Aliens qui sont parvenus à chasser les derniers êtres humains, obligés de vivre essentiellement en orbite de la Terre. Mais ça, c'est le discours officiel, puisqu'au fil de l'aventure, on va découvrir que d'autres paramètres ont agi sur la désertion des Humains de notre belle planète bleue. On vous laisse le soin de le découvrir par vous-mêmes et éviter tout spoil. De toutes les façons, plus vous allez avancer dans le jeu et plus vous allez constater que Stellar Blade puise ses inspirations partout, au point parfois de donner le sentiment de ne plus trop où donner de la tête.
Du Ghost in the Shell par-ci, du Resident Evil par-là, du Nier Automata, beaucoup de Nier Automata, du Bayonetta aussi, du Sekiro également, un soupçon de Devil May Cry et il y a même une référence assez évidente à Uncharted 2. Qu'il s'agisse de ses éléments artistiques, narratifs, ses choix de game design ou dans le gameplay, Stellar Blade repique ce qui s'est fait de mieux dans le genre beat'em all / Souls-like ces 5 dernières années. Est-ce une tare pour autant ? Du tout, mais cette abondance de références empêchent le titre de Stellar Blade de déployer son plein potentiel et d'affirmer surtout sa propre identité. Un constat qu'on peut faire également pour son personnage principal, Eve, à la plastique aguicheuse et aux proportions démesurées qui donnent l'impression d'une poupée artificielle plutôt que d'une femme forte qui a autre chose à nous vendre que ses courbes plantureuses. Toutefois, loin de nous de vouloir crier au loup comme d'autres concernant cette polémique injustifiée, surtout quand on sait que d'autres personnages féminins comme Bayonetta et 2B de Nier Automata n'avaient pas reçu le même déferlement lors de leur introduction. Il est juste dommage que Kim Hyung-tae n'ait pas profité de ce assumé pour le justifier scénaristiquement dans le jeu. De même, pourquoi ne pas avoir prévu des aptitudes spéciales selon les tenues qu'on débloque au fil de l'aventure (une dizaine au total) au lieu d'en faire juste un kiff cosmétique ? Seul le costume "skin", c'est-à-dire deuxième peau relèvera le challenge, puisque c'est la seule tenue où Eve est hyper vulnérable aux attaques des Neytibas.
L'ESPRIT TOP SPIN
Heureusement, comme on l'avait indiqué dans notre dernière preview, Stellar Blade a de véritables arguments en tant que jeu vidéo, à commencer par son gameplay, non seulement maîtrisé, mais d'une redoutable robustesse. Là aussi, le titre de Shift Up va puiser ses idées chez les autres, mais son exécution est toujours parfaitement fignolée. L'une des premières références qui saute aux yeux quand on prend le jeu en mains, c'est son système basé sur les parades et l'équilibre, renvoyant évidemment à Sekiro. En gros, en réalisant des esquives ou des parades dites parfaites, on gratte sur les points d'équilibre des ennemis et des boss, permettant par la suite de déclencher un équivalent de finish moves, appelés ici Châtiment, qui permettent non seulement de faire de gros dégâts, mais aussi déclencher des attaques à la chorégraphie très stylisée. A la manière de TopSpin 2K25, tout le gameplay de Stellar Blade repose sur votre faculté à contrer ou éviter les attaques ennemies pour être sûr de taper juste et fort ! Et autant vous dire qu'il va falloir trouver le bon timing, car le jeu de ne fait pas de cadeau. Comme n'importe quel Souls-like signé FromSofware, Stellar Blade exige de la part du joueur une véritable implication. Même la créature la plus insiginifiante, visuellement parlant, peut vous marave en quelques attaques. Inutile de vous dire que devant les boss, surtout les plus massifs, vous risquez de voir flou si vous pensez que matraquer les boutons comme dans Bayonetta vous permettra d'être efficace. On exagère un peu, d'autant que Stellar Blade ne possède jamais la vélocité du jeu de PlatinumGames, mais il est bien plus exigeant. Bien sûr, si jamais la difficulté vous paraît un peu trop abusé, il est toujours possible de baisser la difficulté à tout moment, en passant en mode Histoire.
A l'image de tous les Dark Souls de ces dernières années, et principalement du côté de FromSoftware, Stellar Blade gratifie le joueur par sa belle montée en puissance. Plus vous vous investissez et plus vous allez exécuter des combos de pure folie. Attaque, défense et esquive, les possibilités sont nombreuses et il suffit de jeter un oeil aux différents arbres de compétences pour capter que le jeu en a sous la pédale, et de quoi vous tenir en haleine tout au long de l'aventure. Stellar Blade arrive même à surprendre après plusieurs heures de jeu, en introduisant des armes à feu dans le système de combat. C'est assez bien pensé et intégré dans le jeu, mais le drône qui accompagne Eve depuis le début de l'aventure, et qui lui permet d'être en contact permanent avec Adam, et ainsi lui éviter des monologues assourdissants, se transforme alors en gun qui va lui aussi pouvoir évoluer au fil des points XP que vous allez récupérer. Bref, vous n'allez pas vous ennuyer et à ce propos, sachez qu'il vous faudra entre 20 et 25h pour terminer l'aventure, et bien plus encore si vous vous souhaitez le platiner puisque le jeu comporte de nombreuses missions annexes parsemées un peu partout dans chaque zone semi open world.
EQUILIBRIUM
Un peu à la manière de ce qui se fait un peu partout aujourd'hui (Final Fantasy VII Rebirth est le dernier exemple en date), Stellar Blade alterne entre phases couloirs assez dirigistes et moments plus libres où l'on peut se balader dans des environnements plus ouverts, avec cette structure repiquée des mondes ouverts classiques. On va donc pouvoir parler à tous les PNJ, qui auront toujours quelque chose à dire, et parfois vous solliciteront pour de l'aide. Là encore, on tape dans le convenu avec des personnes à retrouver, d'autres à aider, et même des chats à repérer ! Malgré tout, l'exploration de ces zones plus ouvertes est assez agréable et permettent de souffler entre deux affrontements ultra timés, surtout que c'est la partie qui permettra de faire aussi avancer le lore. De toutes les façons, si vous voulez faire évoluer vos compétences rapidement et débloquer les tenus sexy d'Eve, il va falloir un peu se balader, quitte à casser un peu la dynamique du gameplay explosif à tout va.
Cette exigeance dans le système de combat s'accompagne d'un rendu visuel de haute volée. J'avais évoqué cette sensation de jeu next gen lors de ma preview, on s'aperçoit aujourd'hui que cette qualité graphique est maintenue durant toute l'aventure, que l'on soit en intérieur comme en extérieur. Non seulement Stellar Blade affiche des textures d'une grande richesse, mais en plus le jeu fourmille de détails partout, avec en prime une belle gestion de la lumière et de l'éclairage de manière générale. Certaines textures jurent parfois, mais c'est peanut face à la très belle direction artistique que propose le jeu, et surtout cette inventivité dans le bestiaire et le design des créatures, toutes plus cradingues les unes que les autres. On passe d'insectes protéiformes à des robots bien vénères, en passant par des cadavres qui se mettent subitement à se transformer en abomination immonde, rappelant Resident Evil. Chaque ennemi ne doit jamais être négligé, sous peine de voir le game over s'afficher et devoir recommencer depuis le dernier camp de repos sauvegardé. A noter d'ailleurs que Stellar Blade propose 3 modes d'affichage, Graphismes, Equilibré et Performance, et c'est en Equilibré que vous obtiendrez le meilleur compromis, sans aucune hésitation.