Test Star Wars Squadrons : des étoiles plein les yeux
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- Le lore et l’univers de Star Wars totalement retranscrits
- Une vraie campagne solo
- Une jouabilité et une maniabilité au poil
- Des vaisseaux fidèles aux films et avec des caractéristiques bien distinctes
- Le doublage français de qualité
- Un Battle Pass, sans microtransactions
- Le prix
- Pas assez de modes en multijoueur
- Pas assez de cartes
- Pas de grandes batailles vraiment épiques
- Des petits ralentissements lors de certaines cinématiques
Petit rappel tout de même, pour ceux qui auraient manqué les premiers épisodes concernant cette aventure. Star Wars : Squadrons est un jeu de tir à la première personne dans lequel vous évoluez directement dans le cockpit de votre vaisseau, sachant qu'il y en a huit : quatre pour la Nouvelle République (dont le X-Wing et le A-Wing), et quatre autres du côté de l’Empire (le chasseur TIE et le Bombardier TIE en font parie). Vous ne verrez jamais votre avatar, et à aucun moment vous ne jouerez avec une vue à la troisième personne. Vous êtes LE pilote tout au long de l’aventure, ce qui s’applique autant dans l’espace lors de vos missions, qu’au "sol" lors de vos briefings, d’un camp comme dans l’autre. L’histoire, peu après un prologue vous replaçant au moment de la destruction de la planète Alderaan, se situe juste après les événements de Star Wars, épisode VI : le Retour du Jedi ; c'est-à-dire après la chute de Palpatine, la mort de Vador et le retrait de l’Empire. EA Motive avait promis une aventure unique, originale, et avait assuré qu’il ne manquerait pas de remettre des visages connus au goût du jour, ni de piocher dans les romans. Le studio n'a pas menti : on retrouve l’Amiral Sloane, notamment, dans un Empire en déconfiture, avec des luttes d’égo (il y en a toujours eu) peu propices à une union sacrée contre l’ennemi. De l’autre, un chef au passé trouble qui tente de rallier la Nouvelle République à un projet fou, baptisé Starhawk, censé mettre à genoux la flotte toute entière de l’Empire.
Linéaire est le maître-mot de cette campagne qui a le mérite d’exister, mais c'est aussi son talon d’Achille.
Au milieu de tout cela, il y a vous, et vous n'aurez pas à choisir votre camp. En réalité, vous les représentez simultanément et sans que vous n'ayez votre mot à dire. Que vous défendiez la Nouvelle République ou l’Empire, le jeu se veut équilibré dans son approche, avec un point de vue et des enjeux forcément différents tout au long des quinze missions dédiées à la campagne solo. A chaque fois, le scénario est le même : vous êtes une jeune recrue présentée comme le futur crack de votre flotte, et gravissez les échelons au fil et à mesure que l’aventure progresse. Linéaire est le maître-mot de cette campagne qui a le mérite d’exister (on se souvient tous de Star Wars Battlefront sur la même génération de consoles), mais c'est aussi son talon d’Achille. Les missions ne sont pas toutes sur le même rythme, certaines traînent beaucoup trop en longueur, et leur niveau de difficulté (réglable en temps réel, une bonne initiative pour les nouveaux venus) pas toujours bien pensé. Surtout, cette campagne, malgré un scénario solide, des personnages intéressants et un univers Star Wars respecté dans le moindre petit détail (on apprécie de voir la population sur les différentes bases croître en même temps que vos objectifs), manque d’épisme. La faute à une mise en scène assez sommaire, avec des dialogues pas toujours indispensables et des plans répétitifs pour ces derniers.
DANS LES ÉTOILES, PERSONNE NE VOUS VERRA VOUS CRASHER
Finalement, notre pilote va à l’essentiel entre chaque mission : parler à ses petits camarades, aller au briefing, gratter deux-trois infos, inspecter sa coque et décoller. Dommage, parce que vu les efforts fournis pour rendre l’ensemble fidèle et authentique, il y avait un peu mieux à faire. N’empêche que…malgré ce petit bémol, on y prend goût. Et on voit défiler la dizaine d’heures de jeu requise pour en venir à bout avec plaisir, celui de vivre, tout de même, une véritable aventure Star Wars. Reste que si l’univers est là, est-ce que la force, elle, est bien présente ? Comprenez par là une jouabilité suffisamment accessible et immersive pour nous donner véritablement l’impression de piloter un chasseur interstellaire, sensation forcément renforcée pour les possesseurs du PS VR, ce qui n’était pas notre cas au moment de ce test. Pour son shooter spatial, EA Motive a clairement joué la carte de l’arcade. Au pad, cela se traduit par une prise en main rapide, portée par un didacticiel et un mode entraînement qu’on ne saurait trop vous conseiller d’effectuer. Tourner, accélérer, décélérer, virer, le tout se fait simplement, même si les vaisseaux, en fonction de leur classe et donc, de leur poids et de leur vitesse, ont plus ou moins d’inertie en vol. D’ailleurs, pour ceux qui se poseraient la question : oui, un certain équilibre dans la Force est respectée avec les flottes des deux camps.
Les vaisseaux de la Nouvelle République sont rapides, bien outillées en termes de protection, et peuvent presque s’adapter à tous les types de missions ; alors que ceux de l’Empire, dépourvus de boucliers, misent avant tout sur leur blindage et leur puissance de feu. En affrontant le camp ennemi, vous verrez assez vite les qualités et les défauts de chaque vaisseau, bien réparti par classe (chasseur, bombardier, éclaireur, soutien). De l’arcade donc, qui se retranscrit aussi sur les dégâts causés à la coque de votre vaisseau en cas de collisions. Là où une explosion pure et simple serait venu sanctionner votre erreur de trajectoire, votre vaisseau se contentera de rebondir encore et encore jusqu’à explosion…sauf si vous parvenez à le redresser. Ceci est un parti pris, et honnêtement, il ne nous a pas gêné, bien au contraire. Star Wars : Squadrons est un jeu qui demande un certain sens tactique et de la réactivité, deux conditions indispensables pour mener la chasse aux vilains dans l’espace, tout en slalomant entre vaisseaux, débris et astéroïdes. La réalité du crash est suffisamment présente et proche sur certaines cartes que cette non-sanction immédiate s’apparente, là encore, à une volonté d’offrir la meilleure expérience à tous.
Squadrons est un jeu qui demande un certain sens tactique et de la réactivité, deux conditions indispensables pour mener la chasse aux vilains dans l’espace, tout en slalomant entre vaisseaux, débris et astéroïdes.
Si la jouabilité est donc très arcade, elle n’en est pas moins dénuée de bonnes idées, et…d’un peu de simu. Pour coller à l’univers des films, EA Motive laisse au joueur le choix de jouer et de répartir la puissance de ses vaisseaux. Comme dans la saga, on peut décider de tout miser sur les boucliers - quand on en a - ou de tout mettre sur les moteurs, solution idoine pour foutre le camp en cas de tir un peu trop nourri. Ou encore de tout envoyer sur les blasters, histoire de faire tomber efficacement un lourd blindé ennemi. Ces changements se font à la volée et sont véritablement indispensables, en prenant évidemment compte des conditions qui exigent tel ou tel choix. Et cette donne est on ne peut plus immersive, puisque c’est elle qui assure le show et le sel des dogfights, avec des issues pas toujours certaines, selon le choix des armes de la tactique adoptée. L’immersion, toujours, est aussi assurée par la sensation de vitesse, avec ou sans boost, d’ailleurs. Mention spéciale au dérapage, ce drift à toute berzingue juste au-dessus des coques ennemies, qui rappellera aux plus nostalgiques les épopées spatiales de la première trilogie.
OUI AU MULTI, NON À SA RÉPÉTITIVITÉ
Justement, parlons tactique . et parlons multi, du coup. Ce dernier est le point essentiel de Star Wars : Squadrons, celui sur lequel Electronic Arts n’a pas hésité à communiquer et à largement mettre en avant, notamment lors de nos différents rendez-vous et événements autour du jeu avec les développeurs. Deux modes sont proposés : Combat aérien et Bataille de flottes, avec classement ou contre l’I.A.. Le premier comme le deuxième ont la même base : du combat spatial en 5 vs 5, le tout autour des six cartes initialement prévues. Si l’approche est classique pour le premier (il faut battre l’escouade ennemie dans un temps imparti, donc avec le plus gros score possible), le second se veut plus rythmé, avec une donne importante à prendre en compte : le moral des troupes. En effet, ce mode n’est autre qu’un gros attaque-défense, dans lequel vous devrez détruire les vaisseaux censés escorter le vaisseau amiral, puis ce vaisseau amiral lui-même. Soutenu par l’un des destroyers de votre flotte, vous devrez mettre à mal au maximum le camp adverse pour saper leur moral ,et ainsi conserver le plus longtemps possible votre avantage sur le terrain. Ce mode est on ne peut plus coopératif, dans le sens où il exige une excellente coordination de vos teammates pour parvenir à vos fins.
S’il est jouable en solo (contre et donc avec l’I.A. aussi), Batailles de flotte n’a d’intérêt qu’en multijoueur, clairement, et c’est surtout le mode qui porte cette fameuse épopée spatiale, le mode sur lequel EA Motive a concentré ses efforts en segmentant l’expérience en plusieurs phases. D’ailleurs, il faut préciser que le jeu est cross-play - option que vous pourrez désactiver dans les paramètres - ce qui signifie que l’espace tout entier sera le champ de bataille des joueurs PS4, mais aussi Xbox One et PC, en attendant que les possesseurs de PS5 et de Xbox Series les rejoignent. Un champ de bataille qui n’aurait pas un peu tendance à se répéter ? C’est la question et la crainte qui entourent Star Wars : Squadrons. Surtout qu’EA Motive a été clair : on n’est pas sur un jeu-service, donc pas de DLC à venir, si ce n’est des mises à jour pour équilibrer le gameplay. Car, on le répète, si l’expérience est agréable et accessible, elle demande tout de même quelques heures de vol pour être appréciée et maîtrisée. Il faudra tout de même que les équipes se bougent niveau contenu, notamment en ce qui concerne les cartes et le roster des vaisseaux (on ne cracherait pas sur un modèle supplémentaire) pour entretenir la flamme. Celle-ci est toutefois portée par un Battle Pass dépourvu de microtransactions, ce qui satisfera le plus grand nombre et conforte l’idée qu’EA Motive a, jusqu’au bout, tenu sa promesse autour de son bébé.
S’il est jouable en solo, Batailles de flotte n’a d’intérêt qu’en multijoueur, clairement, et c’est surtout le mode qui porte cette fameuse épopée spatiale, le mode sur lequel EA Motive a concentré ses efforts en segmentant l’expérience en plusieurs phases.
La progression du joueur lui permet de remporter des points de gloire et de réquisition. Ces derniers ne peuvent s’obtenir qu’en jouant (il n'est pas nécessaire de surperformer pour les gagner, mais plutôt de jouer régulièrement et efficacement) et permettent soit de “pimper” son vaisseau avec du cosmétique, soit d’améliorer et de personnaliser l’arsenal de votre flotte, avec plus de cinquante améliorations qui vont des blasters aux missiles, en passant par les boucliers, les contre-mesures et le boost de vos moteurs. Dans le premier cas, encore une fois, c’est la carte de l’immersion et du fan service qui est mis en avant, avec un lien toujours maintenu avec la saga d’origine. Dans le deuxième, les ajouts ou modifications ont un vrai impact dans l’espace pour peu que vous arriviez à bien équilibrer votre vaisseau. Cela ne sera pas de trop, puisque le jeu va régulièrement bénéficier d’opérations et d'événements spéciaux, avec des objectifs à atteindre.
L’EMPIRE CONTRE-ATTAQUE, MAIS SANS LES MICRO-TRANSACTIONS
Un petit mot, pour conclure, sur la technique. Elle est quasi-irréprochable. Après avoir eu une première mise en bouche sur PC, c’est sur PS4 Pro que nous avons choisi de nous élever. Graphiquement, le jeu est somptueux, avec une qualité de détail poussée et un rendu des éléments au sol (en l’occurence ici, sur la coque des vaisseaux) convaincants. Mention + + pour la vue cockpit qui change selon les classes et le camp choisi, et assure aussi l’immersion dans l’univers Star Wars. On pourra cependant relever un ou deux crashes en cours de partie et des ralentissements lors de quelques cinématiques, un peu frustrant au moment d’apprécier un escadron fendre l’espace. Mais rien de rédhibitoire et de suffisamment contraignant pour bouder notre plaisir. Star Wars : Squadrons est la promesse entrevue par surprise lors de l’EA Play cet été. Il est aussi l’une des bonnes surprises de cette fin d’année. Vu son prix (30€), que l’on aime ou pas Star Wars d’ailleurs, il serait bête de s’en priver.