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La frustration est énorme ! Comment d'anciens membre de l'équipe à l'origine de Command & Conquer, bénéficiant d’une licence Star Wars, ont pu accouché d'un tel résultat ? Cela restera longtemps une interrogation dans le monde du jeu vidéo. On peut même se poser la question de savoir si Star Wars : Empire at War mérite l’appellation de jeu de stratégie...
- L’univers Star Wars
- Deux types de combat, espace et sol
- La partie gestion, pas trop mal conçue
- Ca rame parfois, même sur une grosse machine
- Pas très joli
- Stratégie trop limitée
Il y a bien longtemps, dans une galaxie très lointaine, LucasArts produisait des jeux exceptionnels, sans que leurs titres ne commencent forcément par Star Wars. Dans l’inconscient collectif des plus âgés d’entre nous, LucasArts demeurera longtemps synonyme de plaisir absolu. Mais la malédiction a encore frappé…
Une petite leçon d’histoire s’impose pour commencer. Quelle est la plus grosse licence de l’univers ? Réponse : Star Wars. Quelle est la catégorie de jeu la plus prisée sur PC ? La stratégie. Avec les FPS, bien entendu. Alors, forcément, un jeu de stratégie articulé autour de Star Wars, ça suscite des attentes. Force est de constater que jusqu’à présent, les différents STR tirés de l'univers Star Wars n’ont pas franchement convaincu. Tout a commencé avec Star Wars : Force Commander qui fut massacré par la critique à l’époque. Un peu injustement d’ailleurs mais il faut bien admettre que la prise en main n’était pas évidente et l’interface "bouffait" un tiers de l’écran. Vint ensuite Star Wars : Battlegrounds. Intéressant mais reprenant le moteur d’Age of Empires II. Une double adaptation donc, celle de l’univers Star Wars et d’Age of Empires. Jeu intéressant mais sans grande conviction. Star Wars : Empire at War peut-il inverser la tendance en apportant ce que l’on n’a jamais trouvé dans un jeu de stratégie Star War, à savoir la qualité totale, le gameplay idéal, les graphismes éblouissants ? Euh, là, c’est beaucoup demander.
Le côté obscur des jeux vidéo
Allez continuons sur notre lancée avec une deuxième leçon d’histoire, plus récente celle-là. Ce sont les anciens développeurs de Command & Conquer qui se sont attelés à la difficile tâche d’adapter la trilogie historique (épisode IV, V et VI) sous forme de jeu de stratégie. Depuis des mois, tout paraissait très alléchant : possibilité de combattre sur les planètes et dans l’espace, avec des super destroyers comme des petits chasseurs et même avec l’Etoile noire. Une petite précision s’impose : j’ai joué l’Empire. J’ai tout de même commencé une campagne avec les rebelles, histoire d’avoir une vue d’ensemble mais dans ce texte, vous pourrez sentir par-ci par-là, un petit parti prix palpatinien. Pour plusieurs raisons… Ils sont bien mieux coiffés, tout d’abord. Il suffit de voir le look jamaïcain poussé à l’extrême de Chewie pour s’en rendre compte. A côté d’un quelconque officier impérial, droit dans ses bottes, c’est le militaire qu’on choisit comme gendre. J’espère cependant que nous n’aurez jamais à faire un choix pareil dans la vraie vie. Ensuite, l’Empire possède un grand sens de la discipline, ce qui est appréciable de nos jours. Pas d’histoire de cœur ou de famille. Ah, si bien sur, y’a le Skywalker casqué. Mais vous pourrez le diriger comme bon vous semble et trouver une fin alternative à l’épisode VI. Euh, en fait, vous pourrez même trouver un dénouement différent à l’épisode IV, en explosant Yavin IV, Hoth et pas mal d’autres, si vous êtes proche des valeurs de l’empereur. Un saint homme.
Deux guerres pour le prix d’une
Le cœur du jeu, c’est la conquête galactique. C'est-à-dire qu’il faut capturer les planètes une par une jusqu’à la domination totale de l’univers. Un beau projet, ambitieux comme on les aime. Il convient de bien distinguer les assauts spatiaux des terrestres car ils sont très différents. Effectivement, comme l’ont annoncé les développeurs, nous avons deux jeux en un. Une des premières planètes de l’Empire, c’est Corruscant. Avec cette planète, vous pouvez à peu près tout produire car les possibilités de construction sont énormes. Cette gestion des troupes constitue en quelque sorte une autre phase de jeu, une troisième et c’est sans doute la plus importante. Sur Corruscant donc, vous commencer à construire une caserne, ce qui vous permettra de déployer quelques soldats ainsi que des vaisseaux. Prendre une planète s’effectue toujours en deux temps. D’abord, il faut s’imposer autour de l’atmosphère. Inutile d’envoyer des stormtroopers en orbite, ils ne peuvent se défendre. En revanche, un bon destroyer fait toujours son petit effet. Surtout s’il est venu avec cinq potes. Six destroyers déboulant simultanément dans le même système, ça en jette. Chacun de ces appareils contient des vagues de chasseurs TIE ou des bombardiers. Inutile de dire que dès les premiers niveaux, les quelques Z-95 (ancêtres des X Wing) seront fortement malmenés. On imagine à peu près le même résultat du côté de ces sales rebelles lorsqu’ils croisent quelques TIE perdus au fond de l’espace. La première bataille est un peu surprenante. C’est à ce moment que l’on s’aperçoit que l’on est en face d’un jeu en 3D mais d’un gameplay en 2D. Tous les vaisseaux se déplacent sur le même plan. Nous sommes donc bien loin de la superbe simulation X-Wing Alliance ou dans un aspect plus stratégique mais moins Star Wars, le somptueux Homeworld. Et là en fait, ça fait mal. Cette phase de jeu ne contient aucune subtilité, tout est joué à l’avance en fonction de votre flotte. Bien entendu, lorsque vous débarquez dans une nouvelle région, vous ne venez pas les mains vides. Vous avez un maximum de destroyers. Tout est d’une simplicité déconcertante. Dans 99% des cas, vous devez sélectionner tous les vaisseaux et les envoyer en face d’une station spatiale ou de quelques vaisseaux de moyenne envergure. Contre la station spatiale, il faut utiliser toute la puissance de feu contre des points sensibles : hangar, ou générateur de boucliers, par exemple. En gros, on sélectionne toutes ses troupes et on tire à cet endroit. Niveau stratégique : pas terrible. Niveau tactique : nul. Avec les rebelles, c’est la même chose. Il suffit d’envoyer suffisamment de X Wing, au début de la campagne, puis des croiseurs Calamari à partir de la moitié du jeu. Consternant.
Un rythme loin d’une vitesse hyper-espace
Après vous être mis en orbite autour de la planète convoitée, il faut débarquer. Au départ, les unités ne sont pas très puissantes mais avec quelques AT-ST, il y a moyen de composer. Attention, cette phase de jeu ne contient aucune production de bâtiments et de troupes. Vous débarquez avec une poignée d’hommes et les troupes massées en orbite sont vos renforts. La zone de largage vous permet de posséder sur l’ensemble de la carte un certain nombre d’unités. En vous emparant d’autres points de largage, vous pourrez posséder plus de troupes sur le terrain. Les objectifs sont ici plus variés bien que la finalité soit toujours la même : tuer les ennemis. Là encore, les premières minutes sont cruciales. On distingue très vite les défauts. Le rythme, tout d’abord. Les troupes mettent parfois des plombes à s’entretuer. La possibilité d’accélérer le temps est là, heureusement et on joue toujours en accéléré. Mais il faut quand même le voir pour le croire. Imaginez vous 5 ou 6 AT-ST entourant un petit groupe de 8 ou 9 rebelles et leur tirer dessus pendant deux minutes ! Incompréhensible problème de rythme. L’arrivée des AT-AT règle ce problème mais ils ne sont disponibles qu’à la moitié de la campagne. Mais où sont donc les magnifiques statistiques équilibrées que l’on trouvait dans l’ensemble des jeux Command and Conquer ? L’ensemble de la campagne est scriptée, dans le bon sens du terme. De temps en temps, vous devez prendre une planète spécifique ou escorter l’empereur à un endroit précis. En la capturant, vous passez un niveau technologique supplémentaire. Vous obtenez alors la possibilité d’améliorer toutes vos planètes. Ce sont de loin les missions les plus intéressantes, quand l’empereur doit par exemple éliminer seul des centaines de Bothans (au sol) ou que Vador ait pour ordre de capture le vaisseau de la princesse, avec un rayon tracteur (dans l’espace, bien entendu).
On trouve tout de même deux bonnes idées dans ce jeu. Dans l’espace, il est possible de cliquer sur une vue cinéma lors des affrontements. Elles sont très dynamiques, contrairement au rythme général du jeu et proposent des vues dignes des films. De plus, lorsque vous êtes certain de remporter une victoire, il est possible de passer un combat (excepté dans les missions obligatoires : capture de la princesse, massacre des Bothan…). Dans les faits, on passe son temps à ça d’ailleurs, tant les combats sont inintéressants. Seul le mode escarmouche tire un peu son épingle du jeu avec des règles similaires mais la possibilité de construire des troupes pendant la partie. Cela reste cependant du Capture The Flag. Heureusement que la licence Star Wars est là pour que le joueur ait envie de terminer le jeu. Pour ma part, j’ai terminé la campagne pour piloter l’étoile noire. Résultat : frustration. Comme dans toutes les autres missions spatiales, on débarque avec des super destroyers, et dès que possible, on appuie sur un bouton pour détruire la planète. Les rebelles ne peuvent même pas l’attaquer, elle est considérée comme un objet du décor. Finalement, les deux premiers jeux de stratégie Star Wars étaient plus intéressants. Et là, tout est dit.