Longtemps grand concurrent de la série
Metal Gear Solid dans le milieu très fermé de l'infiltration en combinaison moulante, la licence
Splinter Cell avait néanmoins choisi la voie de la précision plutôt que celle de la narration. Point culminant de ce choix,
Splinter Cell : Chaos Theory s'était imposé grâce à un
level-design ouvert, un gameplay riche et une réalisation impressionnante. Le choix d'
Ubisoft d'adapter le meilleur épisode de la série se montre donc très cohérent à un détail près. Il s'agit ici de la version PlayStation 2, seule à s'être distinguée du lot par la quasi absence de tout ce qui faisait la qualité des autres déclinaisons. Dans la peau de Sam Fisher vous devez donc parcourir une bonne partie du monde pour tenter de régler une crise diplomatique en Asie, dans un contexte géopolitique alambiqué propre aux scénarios de Tom Clancy. Bien évidemment, le statut d'
agent secret implique que les différentes missions proposées se déroulent dans la plus grande discrétion. Un parti-pris qui se traduit par la présence de diverses jauges indiquant au joueur son exposition plus ou moins grande à la lumière et le niveau sonore de ses déplacements. Car face à la pénurie habituelle de munitions, il est impératif d'envisager le plus possible l'action furtive en avançant à tâtons. Le jeu ne laisse de toute façon pas vraiment le choix avec un vrai manque de luminosité pénible qui oblige à chausser les lunettes de vision nocturne pendant des missions entières dans l'espoir de distinguer le décor. Un problème déjà présent sur PlayStation 2 qui a été conservé sur une adaptation que ses nouveautés ne servent pas vraiment. Outre une 3D correcte mais relativement gadget,
Splinter Cell 3D propose d'effectuer un grand nombre d'actions via le stylet dans un principe d'aller-retour entre les deux écrans laborieux et surtout mal pensé. Entre une sélection des actions de base, comme ouvrir une porte, qui empêche toute réactivité au cas où un garde surgirait et l'obligation de passer en revue chaque possibilités d'interaction devant un élément par le biais d'une sorte de menu déroulant, l'immersion prend elle aussi un sacré
backstab. Assez juste techniquement, avec un aliasing prononcé,
Splinter Cell 3D rapporte également dans son bagage PS2 la caméra calamiteuse d'époque. Collée littéralement au personnage principal, elle oblige le joueur à la replacer sans cesse pour avoir une vague idée de l'environnement qui l'entoure. Notamment dans les phases de tir. Autre archaïsme, les niveaux sont découpés en zones rachitiques et extrêmement linéaires avec chargements de plusieurs longues secondes à la volée et zones de sauvegardes placées très aléatoirement. Malgré l'intérêt constant d'essayer d'éliminer ses opposants avec le plus de dextérité et de silence possibles, l'action de ce
Splinter Cell 3D se montre bien trop molle pour convaincre, surtout avec une gestion de l'I.A surprenante via des gardes tantôt nyctalopes tantôt totalement aveugles. L'absence de tout multi devient alors un point de conclusion pour cette adaptation 3D. Malgré quelques maigres nouveautés comme le piratage qui laisse de côté le repérage de nombres pour une sorte de
Tetris et l'utilisation rigolote du gyroscope pour faire pivoter la caméra-espion avant l'ouverture d'une porte,
Splinter Cell 3D ne fait pas de miracle et ne parvient pas à sauver une version déjà problématique à la base.