Test Spider-Man Shattered Dimensions

L'industrie du jeu vidéo n'a pas attendu que Hollywood se décide à repartir de zéro avec la franchise Spider-Man (un reboot de la saga réalisé par Marc Webb sortira en 2012 sur les écrans) pour tirer profit du potentiel ludique des aventures de l'homme-araignée. C'est ainsi que débarque Spider-Man : Shattered Dimensions qui affiche clairement son intention : nous faire oublier les dernières transpositions bancales en jeu vidéo du célèbre comic-book. En confiant le scénario du jeu à Dan Slott, célèbre plume de l'écurie Marvel, le message pour Activision était limpide : Spider-Man : Shattered Dimensions sera avant tout destiné aux fans de la BD qui espèrent retrouver dans un jeu tout l'humour, le fun et l'éclectisme de la saga imaginée par un certain Stan Lee. Ainsi, pour appréhender correctement le script de ce jeu, il faut déjà avoir mis son nez dans un ou plusieurs comic-books. On passera rapidement sur le McGuffin inédit de l'histoire (une relique égyptienne qui a été détruite et dont les fragments se sont retrouvés propulsés dans plusieurs dimensions) pour se concentrer sur ce qui fait la spécificité de Spider-Man : Shattered Dimensions, à savoir les quatre univers différents, tous tirés de branches distinctes des aventures de Peter Parker. Quatre univers pour quatre Spider-Man différents, mais un petit descriptif s'impose pour ceux qui auraient séché leur cours de culture américaine à l'école...

L'heure du reboot

Il y a pour commencer l'univers qui nous est le plus proche, le plus médiatisé certainement aussi : celui de l'Amazing Spider-Man. Directement hérité des planches historiques de la saga, cette dimension se situe à notre époque, dans notre "réalité" (si toutefois on accepte qu'il puisse exister des super-héros dans notre réalité). Puis vient la dimension Ultimate, dans laquelle notre héros est vêtu du costume symbiotique noir récupéré sur Battleworld (cf : la première saga de Secret Wars) qui décuple ses forces. Direction ensuite les années 30, avec pour la première fois dans le jeu vidéo, la transcription de Spider-Man Noir, série Marvel écrite par David Hine et Fabrice Sapolsky et dessinée par Carmine Di Giandomenico. L'action se déroule durant la grande dépression aux Etats-Unis et notre héros doit y affronter quelques gangsters dans un univers en noir et blanc façon Sin City. Enfin, le joueur partira dans le futur et plus exactement en 2099, dans l'univers des Comics' Marvel 2099 créés en 1992 par Peter David et Rick Leonardi et où l'on retrouve Miguel O'Hara, l'alter égo du futur de Peter Parker, dans une gigantesque mégalopole façon Blade Runner. Spider-Man : Shattered Dimensions est donc un jeu "quatre en un", pensé pour séduire un maximum d'aficionados, où chacun y trouvera un univers à son goût. D'autant que les développeurs ont bien fait les choses en peaufinant l'enrobage graphique de leur titre dans un sens qui appuie leur postulat de départ. Ici, chaque univers a son esthétique propre, avec une mention toute particulière pour Spider-Man Noir et ses jolis effets de lumière. D'ailleurs, il s'agit-là de l'un des points forts du jeu, qui à défaut de proposer des graphismes à tomber par terre, tire parfaitement profit de la technologie cel-shading pour proposer des personnages hauts en couleurs et des environnements dynamiques et colorés.

Pour tous les amoureux du comic-book qui trouvaient les films et les précédents jeux trop "sérieux", voilà un titre qui joue à fond la carte humour et vanne à tire-larigot."

Et puisqu'on en est à parler d'enrobage, on ne peut que souligner les gros efforts effectués sur la réalisation globale du titre, qui se montre assez réussi. En effet, si le jeu se présente comme un beat'em all à la troisième personne, il contient quelques phases différentes durant lesquelles le point de vue du joueur se déplace pour offrir des séquences un brin plus décalées. On pense par exemple à ce passage où l'on voit l'action à travers l'œilleton d'un sniper qui tente de descendre notre héros, ou encore à ces nombreuses cinématiques ultra dynamiques en vue subjective, qui boostent régulièrement l'action. Nous plonger dans le corps de Spider-Man et nous offrir des prises de vues dignes de Mirror's Edge, en voilà une bien bonne idée ! De la même manière, les affrontements avec les boss sont ponctués ça et là de quelques QTE (Quick Time Events) bien placés qui viendront rompre la monotonie du combat au corps-à-corps, en proposant aux joueurs des combats de boxe en vue subjective. On regrettera d'ailleurs que ces séquences ne soient pas plus nombreuses étant donné que le gameplay nous a semblé un peu léger par moments. Pour faire simple, on aurait peut-être aimé avoir un poil plus de variétés dans la gamme de gestes du héros. Bien que pouvant user de quelques coups de tatanes bien sentis et pouvant réaliser une poignée d'acrobaties aériennes à l'aide de la fameuse toile qui lui sort des poignets, ce Spider-Man : Shattered Dimensions nous est apparu un peu limité dans ses mouvements. Certes, le concept même du titre, basé sur la traversée de niveaux linéaires, n'aide pas (l'homme araignée est bien plus à son avantage dans un open-world), mais le titre aurait certainement gagné en profondeur si chacun de ses quatre univers avait proposé des gameplays réellement différents. En l'état, seul les niveaux dans les années 30 se démarquent, grâce à un petit aspect infiltration qui peut rappeler Batman : Arkham Asylum. Pour le reste, hormis les combats contre les boss (très réussis pour certains comme le vautour), les niveaux sont parfois un peu trop répétitifs, voire carrément longuets, tels que celui de Sandman qui sent le remplissage à plein nez. On en viendrait presque à trouver que les 7 petites heures de durée de vie du jeu (en mode de difficulté moyenne) sont parfois un peu monotones ! Cela dit, il en faudra un peu plus pour finir réellement le soft et relever tous les défis proposés au fil de l'aventure. En effet, si au début du jeu, Spidey ne dispose pas de beaucoup de ressources, il pourra en débloquer un très grand nombre en réussissant plusieurs défis imposés. Une fois ces actions réalisées, vous pourrez – au choix – dépenser vos points dans de nouvelles attaques, des aptitudes plus prononcées ou bien encore de nouveaux costumes. Certes, ça ne casse pas trois pattes à une araignée mais au moins, cela permet de faire évoluer un peu le gameplay limité dont nous parlions plus haut.

Ca lui a pris, comme une envie de tisser

Même si dans le fond, Spider-Man : Shattered Dimensions est un énième jeu franchisé qui ne repose que sur la notoriété de son héros, il parvient à nous envoyer de bonnes ondes et nous proposer des sensations particulièrement fun, à l'instar de Transformers : Guerre pour Cybertron, qui est parvenu sans peine à nous faire oublier les piètres adaptations précédentes. Fun, un mot qui semble d'ailleurs avoir été l'un des leitmotivs des développeurs qui s'en sont donnés à cœur joie en écrivant les répliques de notre héros costumé. C'est simple, ce ne sont plus des punch-lines, c'est carrément le Marvel Comedy Club. Pour tous les amoureux du comic-book qui trouvaient les films et les précédents jeux trop "sérieux", voilà un titre qui joue à fond la carte humour et vanne à tire-larigot. Une vanne par ci, un coup de poing par là, Spidey est véritablement à l'écran tel qu'on le connaît sur papier et ce n'est pas pour nous déplaire. D'autant que les doubleurs se sont montrés particulièrement inspirés en nous gratifiant d'une excellente version française. Egalement du côté des satisfactions, on trouvera un très bon travail sur l'habillage sonore (musique et ambiance) ainsi qu'une fluidité exemplaire puisque les temps de chargement se montrent extrêmement rares pendant les missions. Enfin, comment ne pas évoquer la maniabilité exemplaire du titre, qui permet de disposer parfaitement des aptitudes de Parker en moins de temps qu'il n'en faut à une araignée pour tisser sa toile dans un vieux placard. Notre ami Peter réagit au doigt et à l'oeil, avec une mention spéciale pour la gestion de la posture défensive et les déplacements aériens, toujours difficiles à appréhender en jeux, mais qui font preuve ici d'une précision quasi-infaillible. Dommage toutefois que la caméra ne soit pas toujours à la hauteur, notamment lors des phases où notre héros costumé escalade et se déplace sur les murs, des passages passablement ratés, un comble pour un jeu estampillé Spider-Man ! Pour autant, il en aurait fallu beaucoup plus pour que ce Spider-Man : Shattered Dimensions nous déçoive et le titre d'Activision demeure à ce jour l'un des meilleurs titres franchisé Marvel sur consoles. Moins grandiose que Batman : Arkham Asylum certes, mais tellement mieux que beaucoup d'autres !