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Fers de lance de la série au début des années 2000, les démembrements poussifs et autres explosions crâniennes grandiloquentes n’amusent plus vraiment en 2008. A l’heure où les FPS misent sur la véracité des événements en collant au plus près de l’actualité, tout en proposant une immersion totale, Soldier of Fortune : Payback fait un pas en arrière et nous rappelle à quel point nous nous contentions de peu à l’époque. Un titre mauvais certes mais pas si catastrophique que ça. Une bien belle déception dans tous les cas.
- Un choix large et varié d’armes à feu
- Le système de démembrement amuse
- Pas besoin de réfléchir
- Ultra linéaire et répétitif
- Ca manque d’ambiance
- I.A. inexistante
- Se finit en 5/6 heures
- Des musiques qui s’arrêtent brusquement
- Des soldats qui souffrent en silence
- Nombreux bugs d’affichage
- Ca laggue pas mal
- Loadings trop longs
Bien connue des adorateurs de frags vicelards, la série Soldier of Fortune aura marqué son époque grâce à sa violence exacerbée, due en majeure partie aux démembrements qu’il était possible d’infliger à ses ennemis juste par quelques rafales de balles. Après deux épisodes critiquables mais néanmoins efficaces, le titre d’Activision et de Raven Software sombra dans les méandres de l’oubli sans aucune raison valable. Après six ans de jachère forcée, la série est prête à faire à nouveau du bruit et s’imposer comme un classique du FPS. Un pari bien ambitieux…
Oubliez le soldat John Mullins, ses principes à la noix et sa mémorable moustache, le héros de Soldier of Fortune : Payback se nomme Thomas Mason et d’après les quelques bribes d’informations lâchées ici et là par le scénario un peu vide du jeu, il s’agit d’un mercenaire sans foi ni loi, prêt à partir en guerre à condition d’être bien payé en retour. Puisque la mode est à la véracité de l’actualité, c’est sans surprise qu’on se retrouve téléporté au Moyen-Orient, là où les bad guys courent dans les rues un foulard rouge sur la bouche et un AK-47 dans les mains. Mais les terroristes arabes ne sont pas les seuls vilains à être pris pour cible dans Soldier of Fortune : Payback. Des mercenaires asiatiques, des rebelles africains et bien d’autres ethnies encore, quelque soit la couleur de peau, tout le monde y passe, pour peu qu’elle ne soit pas blanche et encore moins américaine. Soldier of Fortune : Payback reprend les clichés de ces jeux développés au milieu des années 90 par des Américains pour les Américains ; et Thomas Mason est en quelque sorte le pendant polygonal de John Rambo, cest-à-dire le soldat à la voix grave et capable de nettoyer un village entier à lui tout seul. Balèze !
"C’est pas ma guerre"
Il faut dire que notre mercenaire dispose d’un arsenal de guerre assez évolué. Fusils d’assaut, shotguns, SMG, machine-guns, fusils de sniper, lance-grenades et autres bazookas, il y a même le couteau de boucher qui va avec pour les combats rapprochés. Visiblement costaud, Mason peut transporter avec lui 4 types d’armes à feu différents découpées de la sorte : deux armes lourdes, une arme légère et enfin des grenades imposées. Avec en prime la possibilité de récupérer les armes des ennemis qu’il aura sauvagement massacré, autant vous dire que les moments où le chargeur sera vide se feront rares. Afin de soutenir cet argument de poids, le joueur peut choisir les armes avec lesquelles il fera joujou au début de chaque mission. Le choix est donc large et varié, avec en bonus la possibilité de personnaliser ses armes si l’envie nous prenait. Cela donne un peu une idée de ce qui nous attend sur le terrain et de ce point de vue-là, Soldier of Fortune : Payback fait honneur à la réputation des deux premiers épisodes. On tire d’abord et on réfléchit après, voilà résumé en quelques mots la ligne de conduite à suivre dans le titre développé par Cauldron. Dans le fond, rien de choquant, d’autres FPS tels que Serious Sam ont bâti leur réputation sur cet adage. Seulement voilà, là où le jeu de Croteam arborait le concept avec un second degré très appuyé et plutôt bienvenu, Soldier of Fortune : Payback s’enlise dans une véracité des propos et des faits qui frisent souvent le ridicule. Les situations donnent l’impression de sortir d’un mauvais film de série B du début des années 90 avec un patriotisme américain qui ne fera rire que les développeurs eux-mêmes ou leur compatriotes qui gisent au fin fond des champs de blés du Texas.
Mauvaise fortune
Au-delà de cet aspect purement scénaristique, Soldier of Fortune : Payback se perd également dans un gameplay creux, ultra linéaire où il suffit de suivre le chemin que les concepteurs ont tout tracé pour arriver à la fin du niveau. Certes, il est souvent possible de sortir de la ligne directrice pour contourner une maison ou même une horde d’ennemis, mais ces moments d’égarement sont bien souvent inutiles. Si les niveaux sont vastes et variés, le level-design quant à lui manque clairement de cohérence et donne le sentiment qu’on a posé des bribes de décor n’importe comment, pourvu que l’impression de fouillis jaillisse. Les niveaux s’apparentent d’ailleurs davantage à des cartes multijoueurs qu’à de vrais décors travaillés pour le mode solo. En plus d’être ultra-linéaire, Soldier of Fortune : Payback fait partie de ces FPS où l’intelligence artificielle des ennemis est tout simplement inexistante. Leurs actions se limitent pour la plupart du temps à foncer dans le tas sans la moindre réflexion, si bien qu’on se retrouve souvent encerclé. Pas de panique néanmoins, ces derniers mettent souvent du temps à appuyer sur la gâchette, ce qui laisse le temps à notre Thomas Mason de choisir le point d’impact de ses balles. C’est d’ailleurs la pierre angulaire de ce Soldier of Fortune : Payback, le fameux système de démembrement offrant au jeu un aspect jubilatoire et sadique que certains apprécieront au plus haut point. Dommage en revanche que les développeurs ne soient pas allés jusqu’au bout de l’idée, car l’absence de cris, de hurlements et d’autres pleurs lorsque les soldats amputés se traînent au sol auraient grandement appuyé ce sentiment de souffrance. Contrat à moitié rempli.