Test SingStar

Alors que certaines mauvaises langues aiment à répéter que Sony n’innove jamais, le studio anglais Sony London prouve doublement le contraire à grands renforts d’accessoires. Après l’immense succès du EyeToy l’an dernier, ils récidivent avec un jeu de karaoké pas comme les autres. Dans SingStar, le logiciel est capable de reconnaître la tonalité de votre voix et ainsi de vous dire si vous chantez juste ou faux. Et ça fait toute la différence.

J’aurais voulu être un artiste

Habillé d’une interface chic et design comme seul Sony sait le faire, SingStar n’aura aucun mal à s’imposer sous les PS2 des joueurs mélomanes et branchés. La track list est d’ailleurs taillée sur mesure pour cette génération de gamers ayant entre 25 et 35 ans : du Madonna, du Village People, du A-Ha, Deee-Lite ou Blondie, mais aussi Pink, Jamelia, Avril Lavigne, Ricky Martin ou Dido pour les plus jeunes. Au total, on se retrouve avec une trentaine de titres, plus quelques chansons supplémentaires spécialement ajoutées dans la version française du jeu. L’intention est bonne et on remercie Sony, mais quand on a vu les artistes sélectionnés, on a fait un peu la gueule. Entre trois titres de Sinclair et deux chanteuses échappées de la Star Ac’, on se tape même Lilicub et Tragedie. Je défie d’ailleurs quiconque de chanter leur infâme tube « Hey Ho » sans éclater de rire, tellement ces deux jeunes hommes n’ont rien à dire à part « est-ce que tu me vois, je suis en bas de chez toi, regarde un peu en bas, etc. ». Pathétique. D’autant plus que ces ajouts ont mis de côté un titre anglais autrement plus couillu, celui du vieux groupe de hard Motörhead ! Non pas qu’on soit fan mais c’est tout de même plus fun à chanter, et ça change du R’n’B qui règne en maître sur la sélection.

A wane a fone again, YMCAAAAA !

Comment ça marche, donc ? C’est simple, vous voyez à l’écran le clip de la chanson en dessous duquel défilent les paroles. Ces dernières se colorent au fur et à mesure de l’avancée de la chanson, comme dans n’importe quel karaoké. Mais en surimpression du clip, des barres blanches sont affichées afin de vous montrer sur quel ton chanter une phrase ou un mot. Quant à votre voix, elle s’illustre à l’écran par des pointillés de couleur, le but du jeu étant de maintenir cette ribambelle de pointillés dans les barres blanches. Si vous chantez faux, les pointillés sortent des barres (plus haut si vous chantez trop haut, et inversement), et le jeu vous le signale avec des remarques assassines. On se force donc vraiment à chanter le plus juste possible, et franchement, c’est pas évident. Même sur des titres apparemment inoffensifs genre YMCA des Village People, on galère tellement ça va vite. Par contre, le jeu ne se rend pas compte si vous chantez effectivement les paroles du morceau. Si vous êtes dépassés par la vitesse d’une chanson en anglais, rien ne vous empêche de baragouiner n’importe quoi du moment que c’est en rythme et que c’est juste. Les plus téméraires partiront alors dans des délires freestyle en yaourt en toute impunité… !

« J’ai choisi de privilégier ma carrière » (B. Jouvray dans Télé 7 Jours)

Les modes de jeux de SingStar sont plutôt attendus (je chante seul, on chante en duo, on chante en équipes…), mais les développeurs ont mis au point un mode carrière qui rallonge considérablement la durée de vie du titre, même si ce genre de jeu est toujours plus sympa à plusieurs. C’est vrai que chanter tout seul chez soi, dans son petit studio, a un côté un peu glauque… Quoi qu’il en soit, ce mode en question vous propose de vous faire une réputation en allant chanter dans des clubs branchouilles. Vous recevrez ensuite des SMS de félicitations, des invitations pour aller vous produire dans des endroits encore plus classes, etc. Malheureusement, vous vous verrez obligé d’interpréter des titres que vous ne connaissez pas bien si vous voulez progresser. Dernier reproche : le mode duo permet aux deux joueurs de chanter simultanément, mais on aurait aimé aussi un mode ou les deux interprètes enchaînent une phrase ou un couplet l’un à la suite de l’autre, comme fonctionnent les vrais duo ringards (genre « j’ai encore rêvé d’elle » du groupe Il Etait Une Fois). Cet été, donc, les possesseurs de PlayStation2 ayant envie de s’amuser entre amis feraient bien d’investir dans cet excellent jeu, fourni avec deux micros de très bonne qualité. On espère par la suite que de nouveaux titres seront disponibles en add-on, car finalement, on en fait vite le tour (et surtout, on n’a pas envie de se forcer sur des chansons qu’on déteste). Enfin, pour les heureux adeptes du EyeToy, le délire va encore plus loin car à la place du clip, la mini caméra peut vous filmer pendant votre performance en ajoutant des effets vidéo débiles mais irrésistibles ! A la fin de la chanson, vous avez même droit à un best of avec de courtes séquences vidéo où l’on se voit en train de beugler comme une vache et vraiment, c’est hilarant !