Test Silence sur PS4 sur PC

Il est d'usage d'entamer le test d'un jeu - a fortiori lorsqu'il s'agit d'un jeu d'aventure - par l'évocation de son scénario. Mais nous ne le ferons pas ici, car Silence est une suite à la fois directe et subtile aux Chroniques de Sadwick dont il serait bien dommage de spoiler le twist final. D'ailleurs, nous conseillons fortement aux joueurs intéressés par Silence de se jeter d'abord sur son prédécesseur s'ils ne le connaissent pas encore. Sans cela, il leur sera bien difficile de comprendre tous les tenants et aboutissants de cette nouvelle aventure qui multiplient les références à la précédente, aussi bien via les dialogues que les personnages ou les décors. Quelques esprits chagrins risquent d'ailleurs de pointer du doigt de trop grandes similitudes entre les deux jeux, mais un tel reproche n'a pas vraiment lieu d'être car de véritables évolutions sont également au rendez-vous. Tout d'abord, Silence nous donne dorénavant le contrôle de deux personnages : le jeune Noah et sa petite sœur Renie. On joue alternativement l'un et l'autre, on a parfois la possibilité de zapper entre les deux lorsqu'ils sont situés dans des endroits différents, et il arrive même - en de très rares occasions - qu'on puisse utiliser ce changement de personnage pour les faire collaborer. L'interface a également été totalement revue afin d'être accessible à tous. On apprécie cet aspect épuré et simplifié mais, en contrepartie, il faut faire avec une disparition quasi totale de l'inventaire. On peut certes ramasser quelques objets, mais ils sont très rares, leur utilisation est toujours immédiate, et il n'est pas possible de les combiner, ni même de les sélectionner car le curseur nous indique automatiquement par un changement de forme lequel peut être activé sur telle ou telle zone. En conséquence, ne vous attendez surtout pas à du chauffage de neurones et des énigmes retorses. Silence est bien plus contemplatif que son prédécesseur, les scènes cinématiques et l'exploration des décors constituant la majeure partie du temps de jeu, qu'on peut évaluer entre cinq et sept heures.

SILENCE, ON JOUE

Mais la véritable évolution concerne les graphismes, à mille lieux de ceux des Chroniques de Sadwick. On passe de cinématiques mal dessinées et de personnages mal animés à un véritable petit  bijou visuel. Le jeu est tellement beau qu'on pourrait croire qu'il est en 2D, s'il n'y avait pas ces réguliers et subtils mouvements de caméra pour nous prouver le contraire. Même principe pour les scènes cinématiques qui utilisent le moteur du jeu, alors que leur qualité pourrait aisément les faire passer pour des séquences précalculées. Ce brio technique est renforcé par une direction artistique absolument irréprochable qui évoque magistralement l'enfance, et des décors dignes des plus belles peintures. Loin d'être superficielle, toute cette beauté est au service d'une histoire touchante et d'un univers enchanteur, peuplé de personnages mémorables. Hélas, la plupart de ces personnages tiennent un rôle beaucoup trop subalterne. On les croise peu, on ignore leur provenance ou leur devenir, et il arrive même qu'on tique devant le manque de liant entre certaines scènes, ce qui laisse penser à des coupes dans le scénario prévu initialement. Heureusement, la chenille Spot n'est pas trop concernée par ses problèmes, puisqu'elle nous accompagne la plupart du temps. Déjà présent dans les Chroniques de Sadwick, ce lépidoptère protéiforme peut s'aplatir, se mettre littéralement en boule, aspirer de l'eau, de la lave ou de l'hélium le cas échéant, et même se diviser en plusieurs boules. Ces capacités servent naturellement à résoudre des petites énigmes. A vrai dire il s'agit même de la mécanique de gameplay principale, qui suffit à elle seule pour venir à bout de la plupart des situations. Voilà donc une nouvelle preuve que le jeu n'est pas assez compliqué… Autre reproche qu'on pourra également faire à l'aventure : la présence systématique d'un temps de chargement dès que l'on change d'écran. Mais après tout, c'est peut-être le prix à payer pour avoir droit à des décors, des personnages et des animations aussi détaillées. Vous l'aurez compris, Silence est un jeu sublime, attachant mais imparfait et sans réel challenge. A vous de voir si vous souhaitez lui donner sa chance !