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Avec Shinobi sur 3DS, c’est encore ce problème de verre à moitié plein ou à moitié vide qui va se poser. Souhaitant à tout prix coller à l’esprit 80’s des premiers Shinobi, Griptonite Games a adapté la difficulté et le gameplay à ce principe. Hardcore à en mourir, Shinobi risque d’écœurer les joueurs qui voulaient passer un bon moment avec Jiro Musashi. La progression par l’échec obligatoire, l’absence de checkpoints, des boss limite imbattables et les quelques erreurs de design risquent de faire fuir le grand public. Quant aux puristes, aux joueurs dit hardcores, ils ne pourront que "plussoyer" ce choix personnel.
Retrouvez plus bas la suite de notre test de Shinobi 3DS
- Du challenge pour les joueurs hardcores
- 3D relief assez réussi
- Les nombreux clins d'oeil
- Le mélange des univers
- De jolies cinématiques
- Bien moche
- Animations mécaniques
- Difficulté écœurante
- Beaucoup trop old school
- Des sauts parfois hasardeux
- Musique répétitive et donc lassante
Série emblématique d’une époque aujourd’hui révolue, Shinobi est loin d’avoir dit son dernier mot. En témoigne son arrivée – inattendue – sur 3DS, comme pour nous rappeler que sortir un jeu ultra hardcore sur une console super grand public, c’est possible et pas incompatible. Le pari est osé, le résultat aussi, mais pas toujours dans le bons sens du terme. Explications.
Disparu et remplacé depuis quelques années maintenant par d’autres protagonistes, Joe Musashi, le héros des Shinobi originels, revient indirectement dans cet épisode 3DS puisque c’est dans le costume de ninja de son paternel que le joueur va se retrouver. Et bien avant que Jiro inculque à son fils toutes les valeurs d’un bon shinobi, il devait s’occuper de Zeed, une organisation criminelle qui a mis le feu à son village et tué tous ses habitants. La quête vengeresse de notre nouveau héros peut alors commencer et celle-ci débute en plein Japon féodal, en 1256 plus précisément, dans le village du clan Oboro. C’est d’ailleurs l’un des seuls niveaux où l’on pourra profiter des senteurs typiques du Japon, puisque Jiro sera juste après propulsé en 2056 dans la ville de Zeed City, où les buildings en verre et en béton ont remplacé les temples et les sakuras. Une entourloupe scénaristique rendue possible grâce à la présence d’un vortex que manipule le groupuscule Zeed, à deux doigts de régner sur le monde par la force ; forcément. Un mariage atypique certes, mais pas inconnu à la série qui a toujours su mélanger les univers.
Shin hobby
Aussi, si l’aventure démarre avec des ennemis de force égale, très vite, on se retrouve en face de soldats armés jusqu’aux dents et tirant des rafales de balles à tout va. Soyez néanmoins rassurés, Jiro n’est pas un simple ninja sorti de l’académie de Konoha, donc éviter les balles et contrer les missiles, c’est tout à fait dans ses cordes ; du moins, si vous avez un tant soit peu le sens de l’anticipation et les nerfs solides. Shinobi 3DS est en effet un jeu qui ne pardonne pas, et même si vous vous prétendez être un harcore gamer, la progression ne peut que se faire par l’échec. Par défaut, la difficulté limite votre progression à quelques vies, sans possibilité de reprendre à un checkpoint, même éloigné. Que vous périssez au début du niveau ou face au boss, vous serez quoiqu’il arrive obligé de tout recommencer. Le genre de choses devenues improbables en 2011, surtout quand on sait que les jeux d’aujourd’hui sont ultra assistés. Heureusement, Griptonite Games a pensé à rendre les vies illimitées en passant en mode "Débutant", déjà bien corsé. Les puristes peuvent alors esquisser un sourire et clamer haut et fort que le titre de SEGA est fait pour les « vrais », car ce principe old school exige de connaître chaque action par cœur. Pourquoi pas, mais faudrait-il que le gameplay soit pour cela adapté à cette difficulté extrême…
Car avec sa difficulté extrême, pour ne pas dire écoeurante, Shinobi 3DS aurait pu faire passer la pilule grâce à une chouette réalisation, ce qui n’est pas vraiment le cas."
En effet, si Jiro est doté d’une palette de mouvements plus grande et variée que celle de son fils, avec la possibilité de faire des double sauts, d’utiliser un grappin, de bondir sur les murs, de lancer des kunais, de dégainer son sabre et bien sûr de faire appel à la magie, il n’empêche que le jeu reste une véritable torture. Notre ninja a beau être aussi doué que Ryu Hayabusa, terminer un saut dans un ravin parce qu’on n’a pas repéré le petit kunai qui se baladait en hauteur, risque de vous faire perdre votre sang-froid. En réalité, les développeurs ont tellement voulu coller aux Shinobi d’antan que même les sauts deviennent parfois limites, pour ne pas dire hasardeux. La garde, réalisable en appuyant sur R n’est malheureusement pas gratifiante car la stance du personnage l’oblige à rester figer quelques frames de trop. On aurait aimé pouvoir contre-attaquer, à l’image de Ninja Gaiden, pour ne pas finir avec ce Game Over à l’écran. De même, certains passages, comme ceux à cheval, sont longs et sans grand intérêt. De plus, en tant que ninja de renom, on aurait apprécié que Jiro se déplace plus vite lorsqu’il s’accroche à une corde et qu’on puisse aussi avoir le contrôle de son sprint. Beaucoup d’exigences donc, mais quand une épopée se fait autant dans la douleur, c’est le minimum syndical demandé. Vous l’aurez compris, le titre de SEGA lorgne complètement du côté du hardcore gaming, les développeurs de Griptonite Games souhaitaient visiblement retrouver l’essence des tous premiers Shinobi 8/16-bit en misant tout sur le scoring et le sang-froid du jour. Chaque ennemi tué, ou chaque blessure encaissée, vous permettra soit de faire grimper vos points, soit de les perdre. Un principe qui n’a évidemment qu’un seul but : faire ressortir le skill des joueurs, trentenaires et plus si possible. Car avec sa difficulté extrême, pour ne pas dire écoeurante, Shinobi 3DS aurait pu faire passer la pilule grâce à une chouette réalisation, ce qui n’est pas vraiment le cas. Les couleurs ressortent bien, la 3D relief apporte même un semblant d’intérêt au jeu (ce qui est rare), mais il est impossible de passer outre la modélisation très cubique des personnages, du côté vide des environnements et de cette action si éloignée qu’on ait besoin d’approcher nos yeux de l’écran. Quant au character design, il s’éloigne de la touche artistique des premiers épisodes pour un coup de crayon plus occidental. C’est une question de goût, mais nous n’avons pas été séduit. Dommage.