Test également disponible sur : PC - Xbox One - PS4

Test Sherlock Holmes The Devil's Daughter : le détective prend du galon

Test Sherlock Holmes The Devil's Daughter sur PC, PS4 et Xbox One
La Note
note Sherlock Holmes : The Devil's Daughter 15 20

Par petites touches, Sherlock Holmes : The Devil's Daughter arrive à faire évoluer sensiblement la série, sans pour autant la révolutionner. Un bon moyen d'attirer de nouveaux joueurs sans se couper de la base de fans qui existe déjà. Mais cela ne doit pas faire oublier les quelques défauts bien réels du jeu, qui cherche en permanence à varier son gameplay (c'est une bonne chose…) mais n'arrive pas à tout faire correctement (c'est une moins bonne chose…). Si cet opus ne risque pas de remporter le prix du jeu de l'année, il figure en revanche parmi les meilleurs épisodes de la série. Et c'est déjà pas mal, mon cher Watson !


Les plus
  • Gameplay varié
  • Mini-jeux optionnels
  • Chargements interactifs
  • Système de déduction intéressant
Les moins
  • Trop linéaire par moments
  • Séquences d'action très perfectibles
  • Plus pratique à la manette qu'au clavier
  • Rajeunissement des personnages discutable


Le Test

Depuis déjà quatorze ans, Frogwares nous propose régulièrement de nouvelles aventures de Sherlock Holmes.  Ainsi, avec The Devil's Daughter, la série accueille aujourd'hui son onzième épisode. Mais afin de ne pas lasser les joueurs, le studio ukrainien met un point d'honneur à systématiquement enrichir sa recette, que ce soit sur le fond ou sur le forme. C'est naturellement une nouvelle fois le cas ici, et nous allons étudier tout cela à la loupe !


Sherlock Holmes : The Devil s DaughterLe jeu nous propose cinq enquêtes indépendantes, qui s'articulent autour d'un scénario global, mettant notamment en scène la fille adoptive de Sherlock Holmes. Les écarts avec l’œuvre originelle de Sir Arthur Conan Doyle sont évidemment très nombreux, mais la version vidéoludique du détective britannique a pris son indépendance il y a déjà fort longtemps. Cependant, le studio Frogwares a décidé pousser le bouchon encore un peu plus loin cette fois-ci, puisque Sherlock Holmes et John Watson ont droit à un relooking extrême, qui les transforment en beaux gosses trentenaires. Une métamorphose qui s'inscrit dans une tendance forte, déjà amorcée ces dernières années au cinéma et dans diverses séries télévisées. Selon sa sensibilité, on pourra s'en réjouir ou le regretter. Ce petit coup de neuf fait forcément du bien aux deux héros, mais il brise quelque peu la continuité de la série vidéoludique. Et surtout, le divorce avec l’œuvre littéraire devient franchement consommé, puisque les livres décrivent Sherlock Holmes comme un sexagénaire...

HOLMES, SWEET HOLMES


Sherlock Holmes : The Devil s DaughterAllez, faisons fi du passé et concentrons-nous sur le présent ! Abordons notamment la question du gameplay qui, s'il s'inspire à la base des canons du jeu d'aventure, n'hésite pas en pratique à en dévier de plus en plus. Sur la forme tout d'abord, puisque depuis quelques épisodes déjà, Sherlock Holmes se contrôle au choix à la première ou la troisième personne, et évolue dans des décors supportés par l'Unreal Engine et très agréables à l'oeil. Au passage, la modélisation des différentes personnages est plutôt de bonne facture, même si certaines animations trop raides auraient mérité un peu plus de travail. Sur le fond, The Devil's Daughter se montre plus riche que jamais et, au-delà de l'habituelle recherche d'indices dans les décors, se pare de multiples activités. Ainsi, on a régulièrement l'occasion de dresser le portrait des personnages que l'on rencontre. La caméra zoome alors sur eux, et on la déplace ensuite à la recherche d'indices, certains d'entre eux étant révélés automatiquement, et d'autres nous demandant de faire un choix parmi plusieurs propositions (ce petit garçon dont le père a disparu a-t-il les yeux rouges à cause d'un conjonctivite ou d'un chagrin récent ?). Si on veut être certains de ne pas faire fausse route, il suffit de se concentrer sur la liste d'indices qui, avant révélation, apparaît tout de même de manière floutée sur la droite de l'écran. Une bonne manière de laisser le joueur libre de s'imposer ses propres challenges. Dans tous les cas, réaliser un portrait incomplet n'aura pas de conséquences graves. De même, il est possible lors de certains dialogues de contester ou d'appuyer les propos de notre interlocuteur, en choisissant une preuve (matérielle ou issue d'un dialogue) parmi une liste donnée. Là encore, pas de véritable sanction en cas d'erreur, juste quelques lignes de dialogues en moins.

Sur le fond, The Devil's Daughter se montre plus riche que jamais et, au-delà de l'habituelle recherche d'indices dans les décors, se pare de multiples activités. 


Sherlock Holmes : The Devil s DaughterD'une manière générale, le jeu nous guide en permanence (même si nous verrons plus loin qu'un certain degré de liberté nous est laissé lors des phases de conclusion des enquêtes). Ainsi, les différents "pouvoirs" dont dispose Sherlock Holmes ne peuvent être déclenchés qu'à certains moments bien précis, que l'on nous signifie clairement via l'apparition d'une icône spécifique à l'écran. On pourra par exemple passer en vue détective à certains endroits, afin que s'affichent en surbrillance jaune des détails qui passeraient inaperçus pour le commun des mortels.  En d'autres lieux, on déclenchera notre don d'imagination, afin de visualiser en silhouettes bleutées des objets manquants dans les décors, et des événements passés ou futurs. Enfin, on utilisera ici ou là notre don de concentration pour espionner une conversation ou encore marcher en équilibre sur une poutre. Concrètement, il faut maîtriser deux petits cercles qui bougent aléatoirement, à l'aide des deux sticks de la manette ou du couple clavier/souris. L'occasion nous est donnée ici de préciser que le jeu se pratique un peu plus facilement à la manette qu'au clavier, non seulement lors des épreuves de concentration, mais également dans le maniement général de l'interface. Un défaut qui serait totalement compréhensible pour un jeu de plateformes par exemple,  mais qu'on a un peu plus de mal à accepter pour un jeu d'aventures, tant le genre est historiquement lié au PC et donc au couple clavier/souris.


ENQUÊTES EXCLUSIVES


Sherlock Holmes : The Devil s DaughterMais reprenons la liste d'activités de notre cher détective ! Sherlock Holmes peut rechercher dans ses archives des informations nécessaires à la validation d'une preuve, utiliser sa table d'analyses pour disséquer ou passer au microscope certains éléments, et pratiquer de multiples mini-jeux nécessaires à l'avancement des enquêtes. Certains sont très classiques pour un jeu d'aventures (crochetage de serrures, mise en place d'engrenages…) et d'autres prennent carrément la forme de séquences d'action (assez élémentaires, mon chez Watson), voire d'infiltration (rudimentaires). On devra par exemple suivre un suspect en se planquant régulièrement derrière des éléments de décor ou, au contraire, échapper à un poursuivant à travers des marécages, en utilisant la vue détective pour repérer les zones sûres. Ou encore progresser dans un temple maya, en échappant à des pièges que ne renieraient ni Lara Croft, ni Indiana Jones (murs à clous mouvants, rocher dans un couloir, dalles au sol piégées, etc). Si les séquences de ce type ont le mérite d'apporter toujours plus de variété dans le gameplay, elles sont en général assez ratées, la faute à une maniabilité approximative et une difficulté mal dosée. Heureusement, le jeu nous laisse la possibilité de passer la plupart des mini-jeux, qui se retrouvent alors automatiquement résolus.

Mais toute la subtilité de ce système provient du fait qu'il est possible, en commettant plusieurs erreurs consécutives, d'aboutir à une conclusion totalement fausse. Etonnamment, le jeu se déleste alors de toute linéarité et nous laisse la possibilité de clore une affaire de manière erronée.


Sherlock Holmes : The Devil s DaughterPar moments, cet épisode se prend également le pied dans le tapis de la linéarité, notamment lorsqu'on comprend plus vite que notre avatar ce qu'on doit faire, mais que cela nous est interdit tant qu'on n'a pas trouvé le dernier indice d'une scène, fût-il insignifiant. Et commet quelques maladresses, comme cette séquence où l'on se retrouve à flairer une piste dans le peau du chien Toby. Une idée intéressante, mais qui tombe un peu à plat quand on se rend compte que notre statut canin ne nous empêche pas d'ouvrir les portes des bâtiments… Heureusement, l'audace dont fait régulièrement preuve The Devil's Daughter est également payante par moments. Ainsi, nous avons particulièrement apprécié les temps de chargement interactifs, qui prennent la forme d'un voyage en fiacre durant lequel on peut consulter les différents éléments dont on dispose dans notre inventaire (preuves matérielles, indices, dialogues passés, etc). Un bon moyen de faire le point entre deux séquences sans perdre son temps. Mais c'est surtout le système de déduction du jeu qui fait mouche. Au fil de chaque enquête, Sherlock Holmes peut créer des liens entre différents indices, afin de former une déduction, qui vient alors se placer dans une représentation graphique du réseau neuronal du détective. Certaines de ces déductions sont "fixes", mais d'autres laissent le choix entre plusieurs interprétations possibles. Au joueur de choisir celle qui lui semble la plus vraisemblable, quitte à aboutir à une impasse lorsque plusieurs chemins neuronaux se contredisent. Mais toute la subtilité de ce système provient du fait qu'il est possible, en commettant plusieurs erreurs consécutives, d'aboutir à une conclusion totalement fausse. Etonnamment, le jeu se déleste alors de toute linéarité et nous laisse la possibilité de clore une affaire de manière erronée. De même, chaque fin d'enquête nous place face à un choix moral, un peu à la manière des jeux Telltale, avec affichage du pourcentage de joueurs ayant fait le même choix que nous. Jamais parfait mais toujours audacieux,  Sherlock Holmes : The Devil's Daughter mérite donc au final le détour, pour peu qu'on soit capable de passer outre ces quelques défauts.



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