Sherlock Holmes The Devil's Daughter : plus ouvert, plus ambitieux, voici nos impressions
Le studio Frogwares revient en 2016 avec un tout nouvel opus de la série de jeux d’enquêtes Sherlock Holmes. Pour les nouvelles aventures du détective créé par Arthur Conan Doyle, le studio ukrainien s’est permis d’emprunter pas mal d’éléments à la série, afin de moderniser le héros, tout en améliorant certains points de gameplay. Plus moderne, plus ouvert, mais aussi avec plus d’humour, cette nouvelle mouture vise à ne pas décevoir les fans tout en attirant de nouveaux joueurs dans le giron de la saga. Comment s’annonce Sherlock Holmes : The Devil’s Daughter ? Découvrez nos impressions, manette en mains.
Pour cette toute première session de jeu sur Sherlock Holmes : The Devil’s Daughter, le studio Frogwares nous a tout simplement laissés commencer le jeu par le début. Pas vraiment de quoi nous faire une idée sur le système d’enquêtes, ni sur la manière dont les choses s’emboîtent au cours d’une investigation, mais suffisamment pour pouvoir découvrir quelques nouveautés et évolutions. Sur un point de vue technique, le jeu est plus propre qu’avant avec une bien meilleure gestion des éclairages, ce qui se voit bien lors des scènes d’intérieur dans les recoins de Whitechapel où la lumière entre par les fenêtres de manière plus crédible. En extérieur, les progrès sont moins perceptibles, mais le rendu reste globalement meilleur avec des textures un peu plus fines que dans Crimes & Punishment. Au niveau des personnages aussi, on sent qu’une cure de jouvence a été faite. Leur comportement n’est plus le même, et ils sont généralement plus ouverts et plus expressifs, un peu à l’image de ce qui se passe dans la série télé. On apprécie le changement, même si les fans les plus absolus de l’œuvre littéraire peuvent trouver l’adaptation un peu cavalière, puisqu’une bonne dose de flegme britannique est passée aux oubliettes. Sherlock est plus directif, et Watson impose sa présence avec une attitude plus active l’éloignant de son image de sidekick calculateur et bourgeois qui n’intervient que par petites touches.
L’action débute lorsque la voisine de Sherlock fait irruption au 221 Baker Street avec un petit garçon en pleurs qui a perdu son papa. Ça ne vaut pas un duel au sommet avec Moriarty, mais fautes de grives, le détective saute sur l’occasion de rompre la monotonie ambiante. La première scène d’enquête nous permet de dresser le portrait de l’interlocuteur tandis qu’un curseur nous invite à parcourir son corps, avec sur chaque observation que l’on peut faire différentes déductions qui s’offrent au joueur. Le petit garçon a les yeux rouges. A-t-il récemment pleuré ou est-il atteint de conjonctivite ? Son bras semble bizarre aussi. Est-ce une malformation ou bien a-t-il été brutalisé ? Autant d’hypothèses qui servent donc à prédéterminer le choix de questions qu’on va donc pouvoir poser. En cas de ratage, on finira avec une mention "portrait incomplet", tandis que les meilleurs seront plus avancés dans l’enquête. On passe donc ensuite en revue la liste de questions issue de nos observations pour en apprendre plus. L’enfant a perdu son père qui s’est volatilisé voilà trois semaines sans laisser aucune trace de vie, mais la Police ne fait rien, prétextant que ce dernier l’a simplement abandonné. En posant les bonnes questions, on apprend que le père a trouvé un travail spécial et qu’il n’est jamais revenu de sa journée de boulot. Il va donc nous falloir dénicher des preuves pour savoir ce qu’il en retourne, et donc se rendre au domicile du disparu pour pouvoir débuter une séquence d’investigation plus traditionnelle. A l’image de l’opus précédent, il va falloir faire le tour des lieux en cherchant tout objet susceptible de nous aider. Un papier qui explique qu’un type offre des boulots au bar du coin caché dans un grenier sombre qu’on devra éclairer à la bougie, un prospectus pour le susnommé bar qui dépasse à peine d’une poche de veste et l’affaire est lancée. Pas de grande nouveauté donc à ce niveau, puisque le jeu s’articule toujours autour d’enquêtes à résoudre. Mais là ou Crimes & Punishment offrait 6 enquêtes indépendantes, Devil’s Daughter en offre cinq, toutes liées d’une manière ou d’une autre au cas principal qui constitue un véritable fil rouge narratif.
ÉLÉMENTAIRE MON CHER FROGWARES
Autre nouveauté : une section où l’on incarne le jeune Wiggins qui doit prendre en filature un suspect lié à l’affaire. Une nouvelle manière d’arpenter Londres qui nous permet de voir que les niveaux sont plus ouverts qu’avant. Le studio nous promet d’ailleurs 20 environnements tous différents, dont certains assez vastes. Pas d’emballement, la capitale anglaise n’est pas Los Santos et le jeu se montre tout de même assez dirigiste. On suit notre homme en restant bien planqué derrière des caisses pour éviter que la barre de recherche ne monte jusqu’en haut, ainsi pas question de dévier du chemin emprunté par le suspect si ce n’est qu’à de très rares moments où le script nous demande un petit détour pour éviter un obstacle. Pour éviter une bande de sales gosses, on doit ainsi se faire passer pour un ramoneur et emprunter un conduit de cheminée, le tout agrémenté d’une autre nouveauté liée à cet épisode : les mini-jeux. Dans notre cheminée, on devra racler des morceaux de suie de manière suffisamment efficace et rapide pour ne pas finir asphyxié dans le conduit. Un peu plus tard, on devra garder l’équilibre sur une poutre en jouant du joystick. Bref, rien de folichon et d’ailleurs, Frogware nous explique que l’on peut passer tous ces intermèdes. Une manière comme une autre de montrer que même les développeurs ne sont pas particulièrement confiants avec cette feature.
Là où la confiance est de mise, c’est avec le nouveau mode imagination qui permet de planifier des évènements puis de les voir se dérouler sans accroc, comme au théâtre. Ainsi, dans une salle de jeux clandestine, on doit absolument passer par une porte gardée par un gorille. Comment faire pour détourner son attention ? En utilisant le sixième sens de Sherlock, on peut apercevoir qu’un joueur à la table de poker utilise un système à fil qui lui distribue des cartes via les manches de sa veste. On continue d’observer pour voir qu’un homme très attentif à son chapeau joue avec un couteau. N’en dites pas plus, on active le fameux mode, puis on règle les actions comme sur du papier à musique. Faire tomber le chapeau, profiter que l’homme le ramasse pour lui piquer son couteau, puis aller trancher le câble du système de triche utilisé par le joueur. Une bagarre devrait alors commencer entre les aficionados du poker, ce qui éloignera le gorille de sa porte. Une fois les éléments bien agencés et numérotés, il n’y a plus qu’à cliquer sur lecture pour se délecter d’une scène complètement animée où tout se déroule comme sur des roulettes. Ou pas selon nos choix. Car Sherlock Holmes : The Devil’s Daughter laisse une part bien plus grande à l’erreur que les précédents épisodes. Le joueur peut se tromper, faire de mauvaises déductions et envoyer des innocents derrière les barreaux. Rien ne sera fait pour empêcher nos erreurs, et ce n’est qu’arrivé à la fin du jeu qu’on s’apercevra de nos mauvais choix. Plusieurs fins sont donc possibles, et en fonction de votre sagacité, les choses tourneront bien ou mal. Si jamais vous êtes trop perdus, les développeurs nous permettent quand même de passer le jeu en mode facile, histoire que tous les indices s’affichent en surbrillance afin d’aider les cerveaux lents. Enfin, on retrouve le jugement moral puisqu’à l’issue de chaque cas, on pourra soit inculper le suspect, soit décider de l’épargner, avec là aussi une possibilité de spoiler pour savoir si notre choix est correct ou pas.
Avec une durée de vie annoncée atour de 20 heures de jeu, et pas mal de petites nouveautés, Sherlock Holmes : The Devil’s Daughter s’annonce comme un bon jeu d’intrigues et d’enquêtes avec de nombreuses petites évolutions par rapport à Crimes & Punishments. Si on ne doute pas que les fans de la série se jetteront sur ce nouvel opus, il nous reste à voir comment une audience plus mainstream sera captée par les changements apportés au jeu, comme les séquences plus orientées action et l’ouverture relative des environnements. Réponse le 10 juin prochain sur PC, PS4 et Xbox One.