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Si l'on devait donner une appréciation scolaire à Sherlock Holmes : La Nuit des Sacrifiés on écrirait : "peut mieux faire". À défaut d'être irréprochable sur la forme, le titre de Frogwares est bon sur le fond. Est-ce par manque de temps, d'argent ou de talent ? Les puristes des point & click seront peut-être rebutés par les soucis techniques, alors que les novices apprécieront le déroulement des enquêtes qui s'avèrent très prenantes.
- La diversité des énigmes
- L’adaptation crédible des deux héros
- L’ambiance morbide
- La pauvreté des décors
- Les bugs
- La réalisation bâclée
- Le prix (environ 40€)
Focus Interactive et Frogwares présentent les nouvelles aventures du célèbre détective anglais Sherlock Holmes. Une fois encore il s'agit d'un jeu d'aventure, plus communément appelé point & click, basé sur des enquêtes policières. À des décennies de Runaway 2 et de Ankh 2 où l'humour était le maître mot, Sherlock Holmes : La Nuit des Sacrifiés plongera le joueur dans une ambiance macabre et glauque. Troisième opus d'une série commencée en 2002, Sherlock Holmes : La Nuit des Sacrifiés sera-t-il à la hauteur des titres cités ci-dessus ?
L'action commence au 221 Baker Street dans l'appartement de ce bon vieux Sherlock. Dans un Londres brumeux, Sherlock et Watson se retrouvent autour d'un petit déjeuné un matin de septembre 1894. Les rues sont désertes au possible et comme souvent en Angleterre il pleut. Aucun crime à l'horizon, Sherlock s'ennuie et pour tenter de le distraire son fidèle acolyte Watson lui demande d'arpenter les rues à la recherche d'un quotidien. Et c'est là que tout s'accélère pour le détective qui tombe nez à nez avec un journal titrant sur la disparition d'un homme. De fil en aiguille, Sherlock Holmes apprend de nouvelles disparitions mystérieuses qui sembleraient être toutes en rapport avec les agissements d'une secte énigmatique vénérant le Dieu Cthulhu.
Nuit et brouillard
Pour la première fois en quatre ans, les aventures de Sherlock Holmes sont placées sous le signe de la 3D. Les studios de développement ont réussi à reproduire une ambiance froide, limite glaciale et lourde. Mais malheureusement une fois passée cet apparat on se rend vite compte que les décors sont archi vides et très grossiers. Mauvais point pour les développeurs qui n'ont vraiment pas fait dans le détail sur ce coup. On se croirait presque sur Half-Life premier du nom, imaginez les dégâts… Et pourtant, il y avait de l'idée… Utiliser un moteur 3D avec une vue à la première personne de type FPS pour un point & click était plutôt bien pensé, dommage que le concept n'ait pas été poussé à fond. Sur le plan technique de nombreuses autres petites failles dont des bugs récurrents sont à noter, comme l'eau qui devient verte, et certains éléments de décors comme des tableaux qui ne s'affichent qu'à moitié. Plus on avance dans le jeu et plus on s'interroge sur les moyens mis en œuvre par les développeurs pour réaliser le titre. En effet, la soixantaine de personnages que l'on rencontre au cours de l'aventure est complètement inanimée, ils n'effectuent aucun déplacement et n'affichent aucune émotion au niveau du visage. Triste réalité qui touche aussi nos deux comparses Sherlock et Watson. Tout au long de nos péripéties, Watson assiste Sherlock et le suit donc de très près. Et même si ce dernier est constamment sur vos basques, vous ne le verrez jamais se déplacer, cet homme se téléporte.
Elémentaire mon cher Lovecraft !
Sur le fond, Sherlock Holmes : la nuit des sacrifiés est réussi. Holmes est retranscrit à la perfection. On retrouve en notre héros l'homme peu bavard imaginé par Conan Doyle. Lorsque son entourage l'interroge sur l'avancement de ses multiples enquêtes, il reste souvent sans voix. De temps à autre, Sherlock daigne lâcher quelques informations au cours de dialogues rapides et succincts. On notera au passage qu'il est impossible de zapper les bavardages. Ces échanges sont tous enregistrés dans un carnet de bord, ainsi, si un élément vous échappe il est possible de le rechercher dans les archives. L'inventaire de Sherlock est précieusement gardé dans une valise, dans laquelle on trouve tout un tas de choses comme les objets ramassés, la sauvegarde des dialogues, les documents récupérés par-ci par-là, une carte de Londres avec les points visités, et les notes prises par le détective. A contrario des point & click classiques il n'y a pas de curseur à balader à droite et à gauche à la recherche d'objets, vue à la première personne oblige. Dès lors que l'on trouve un item intéressant il est automatiquement signalé par la main et placé dans l'inventaire. Cette façon d'enquêter peut de temps à autre devenir frustrante puisqu'au final le joueur n'est que très peu libre de ses mouvements. Les cinématiques ne sont pas non plus le point fort du titre. Peu nombreuses, elles manquent souvent d'intérêts et tombent comme un cheveu sur la soupe. Divisé en quatre chapitres quasi égaux, Sherlock Holmes : La Nuit des Sacrifiés propose aux joueurs de résoudre plusieurs disparitions de front. Pour se faire, le joueur alterne phase d'investigation avec les recherches d'indices et la résolution d'énigmes avec un tableau noir dans lequel il faudra taper au clavier la réponse adéquate. Lorsque Sherlock Holmes est occupé, le joueur prend Watson sous son aile et le dirige. Ce changement de personnage est agréable, il permet de donner un rythme intéressant au jeu.