Test également disponible sur : PlayStation 2

Test Shadow Hearts : From The New World sur PlayStation 2

La Note
note Shadow Hearts : From The New World 16 20

A contre-courant des contes vidéoludiques généralement produits, Shadow Hearts : From The New World se place davantage comme une œuvre mature, aux inspirations et aux messages divers. Parfois sombre et triste, habilement politisé et engagé, souvent drôle, et vraiment intelligent, ce troisième épisode constitue une nouvelle preuve, si besoin en était, du savoir-faire de Nautilus. Certains pourront regretter la direction prise dans cet ultime volet, mais qu’importe. L’essence d’un Shadow Hearts, même diluée, a une saveur que certains blockbusters bien trop surexposés n’auront tout simplement jamais.


Les plus
  • Enfin en France
  • La Roue du Jugement
  • Riche, intelligent et subtile à tous les niveaux
  • Un humour omniprésent mais jamais gonflant
  • Vendu seulement 40 euros
Les moins
  • En anglais
  • L’humour désormais au cœur de l’ambiance
  • Moins mythique que Covenant
  • La jaquette française


Le Test

Deux épisodes, ni plus ni moins. Voilà ce qui a suffi à Nautilus pour rendre sa série mythique. Loin de l’enrobage, des codes, des références ou même des thèmes habituellement abordés, Shadow Hearts avait tout d’un OVNI pour rôlistes. Et lorsqu’en 2005 Midway nous fit le cadeau d’une sortie française pour Shadow Hearts : Covenant, c’est par des acclamations sans retenue qu’il fut accueilli, acclamations pourtant insuffisantes aux yeux des distributeurs et du public, puisque ce troisième volet a mis pas moins de deux ans pour traverser les frontières et arriver en Europe. Mais comme on dit, mieux vaut tard que jamais.


Comme premier signe distinctif, Shadow Hearts propose un scénario qui prend place dans notre monde. Avec de nombreuses références contemporaines à la période dans laquelle se déroule l’aventure, la présence de personnages ayant existé ou la renommée des différents lieux traversés, la série de Nautilus n’a jamais vraiment eu à se fatiguer pour plonger le joueur dans un monde au départ crédible. Au départ, car comme chacun le sait, les Japonais ont la fâcheuse tendance à revisiter l’histoire comme bon leur semble, et lorsqu’il ne s’agit pas d’un anachronisme, c’est à des loufoqueries biens nippones auxquelles nous avons droit. Qu’importe si un chat géant, mafieux et maître ninja de surcroît est notre compagnon d’arme, qu’importe si nous devons revisiter l’incident de Roswell avant l’heure, le tout est amené avec une telle habileté qu’à aucun moment l’humour, pourtant omniprésent, ne devient lourd. A ce propos, Shadow Hearts : From The New World pourra être pris comme un désaveu à l’ambiance si particulière de la série. Si le bestiaire lovecraftien est encore présent, certains seront déçus par la place donnée ici à l’humour. Mais ce n’est pas pour autant que les gars de Nautilus ont mis de côté leurs engagements, leurs messages, et tout ce qui faisait de Shadow Hearts un RPG mature. Disons qu’ici, tout est plus subtilement amené, suggéré.

 

T’inquiètes, la roue tourne

 

Ce n’est un secret pour personne, et comme l’indique d’ailleurs le titre du jeu, ce troisième opus part à la découverte de contrées jusqu’ici inexplorées, celles du Nouveau Monde, l’Amérique. Quatorze années ont passé depuis le périple eurasiatique de Yuri. Nous sommes en 1929, et c’est dans la peau de Johnny Garland que nous nous retrouvons. Depuis qu’un accident s’est chargé de le rendre amnésique et de le laisser seul au monde, notre héros tente de vivre de son petit cabinet new-yorkais. Détective privé, il n’eut jusqu’à présent affaire qu’à des dossiers mineurs, pas vraiment gratifiant pour se faire une renommée. Mais son quotidien va désormais être chamboulé par la demande d’un certain professeur Gilbert, à savoir retrouver un dénommé Marlow Brown. Mais à peine face à l’intéressé, celui-ci semble reconnaître Johnny et tente de fuir. C’est alors qu’une fenêtre spatiotemporelle s’ouvre, laissant apparaître un monstre. Marlow englouti, c’est au tour de notre héros d’y passer, lorsque venue du ciel, la belle Shania vient le sauver. Une mise en bouche déjà vue, mais qui ne résume en rien la formidable aventure dans laquelle nous voilà embarqués.

  

Autre particularité de la série : les combats. La désormais célèbre Roue du Jugement fait à nouveau son come back histoire de donner quelques leçons sur le dynamisme, l’implication et le sens tactique que peut demander un système de combat au tour par tour. Concrètement, les combats se déroulent de façon classique pour un Shadow Hearts, avec des ennemis invisibles pour des combats aléatoires. Comme dans un Final Fantasy X ou, plus récemment, dans un Blue Dragon, l’écran comporte une barre indiquant l’ordre de passage des différents protagonistes présents sur le champ de bataille, histoire de pouvoir anticiper les mouvements du camp adverse. Puis, quand vient le moment d’entrer en jeu, vous devrez vous soumettre à l’impitoyable timing que requiert la Roue du Jugement, quel que soit le type d’action choisi. Pour valider chacun de vos choix, une roue apparaît avec des zones colorées et de petites zones critiques (amplifiant les effets de votre action) dans lesquelles il faudra stopper une aiguille la parcourant. Plutôt simple sur le papier, mais un peu plus délicat dans les faits. En effet, chaque personnage, chaque action possède son propre anneau, avec sa ou ses propres zones à valider, ce qui demande une concentration de tous les instants, et lorsque le joueur pointilleux tente de placer un coup critique en plein combo, le taux d’échec s’en retrouve forcément plus élevé. 

Car Shadow Hearts, c’est aussi une histoire de combos qu’il faut apprendre à maîtriser. Par ailleurs, ce troisième épisode intègre une nouvelle composante : les barres de Stock qui se chargent au gré des coups donnés et reçus. Plus besoin donc de se trouver près de ses alliés, une jauge de Stock remplie suffit à déclencher un combo, et si le personnage qui suit possède également une barre de Stock, c’est alors un troisième, puis un quatrième larron qui viendront saigner du monstre. Attention cependant, car les ennemis disposent également de ces barres de Stock, pensez donc à leur administrer de temps en temps un hard hit histoire de faire retomber leur jauge, et éviter par la même un combo ou une double attaque qui pourrait alors être fatale.  En dehors de ce nouveau paramètre, le principe en lui-même reste relativement similaire à ce que nous avait proposé Covenant, avec la possibilité d’envoyer valser un ennemi dans les airs, puis de l’enchaîner avant sa retombée au sol par exemple.

 

Les Chevaliers du Zodiac

 

Si les Sanity Points qui chutent inlassablement jusqu’à mettre les personnages en mode berserk n’ont pas bougé, le système de magie a, par contre, connu quelques modifications. Leur utilisation en combat n’a certes pas bougé, mais leur moyen d’attribution a pour sa part été revu. Chaque personnage (hormis Shania) se voit attribuer une constellation dans laquelle une étoile équivaut à un slot dans lequel il faudra placer un Stellar, un artefact qui permet l’utilisation d’un sort. Les slots, pour leur part, sont affiliés à un élément, à une catégorie de sort, à un degré de puissance et à un niveau de consommation de MP. Inutile de préciser que chaque constellation à un nombre de slot différent, et est de base orientée pour une certaine utilisation. Cependant, il suffira de faire un petit tour chez Buigen pour apporter les ajustements désirés. En dehors de ce système de magie particulièrement souple et efficace, chaque personnage a, comme par le passé, une faculté qui lui est propre, ce qui permet d’obtenir une progression échelonnée, mais jamais rébarbative. Afin d’acquérir de nouveaux skills il faudra par exemple partir à la recherche des UMAs, des créatures rares, pour débloquer les nouvelles techniques de Natan ; ce qui constitue plus ou moins une longue quête annexe durant tout le jeu, pas toujours obligatoire, mais tout de même recommandée. 

C’est incontestable, Shadow Hearts : From the New World perpétue avec talent l’héritage ludique de ses aînés, mais les fans de la première heure trouveront peut-être à redire sur l’orientation artistique et le parti pris humoristique de cet épisode. Moins mythique que son aîné Covenant, il n’en demeure pas moins un grand RPG, précieux et rare en ces temps de standardisation. Autre petit bémol à signaler pour les chipoteurs : il est dommage de constater qu’en deux ans, aucune âme charitable n’ait fait l’effort d’une localisation française, alors que Midway nous avait offert ce joli cadeau pour les deux premiers volets. Mais la qualité de la traduction et des voix américaines feront oublier ce léger désagrément, à condition de ne pas être anglophobe donc.






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Hung Nguyen

le lundi 3 septembre 2007, 15:22




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