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Doté d'un vrai gameplay, d'une prise en main solide, de personnages attachants, nettoyé de ses bugs (le téléchargement du patch est chaudement recommandé), Reprobates_Aux portes de la Mort aurait pu être un très bon jeu. Manque de chance, les Tchèques de Future Games ont joué la partition qu'ils connaissent le mieux et nous délivrent un pointé-cliqué vieillot, respectueux des codes du genre et donc mou et lent, loin d'être bon sans être complètement catastrophique. Un titre frustrant qu'on ne peut ni anéantir ni encenser, qui laisse froid sans rendre fou. Parfaitement rébarbatif.
- Ambiance singulière
- Quelques beaux moments
- Réalisation datée
- Gameplay médiocre
- Mini-jeux sans intérêt
- Qu'est-ce qu'on s'ennuie
Pourvoyeur discret de jeux à la qualité très inégale, Micro Application poursuit sa collaboration avec les Tchèques de Future Games. Après les très académiques Ni-Bi-Ru et Black Mirror, qui revisitaient sans grande prétention l'aventure en pointé-cliqué, voici Reprobates – Aux portes de la mort. Une expédition post-mortem balourde, loin de l'ambition de certains titres de l'éditeur français, comme le superbe Dreamfall ou l'intrigant eXperience 112, et qui aurait peut-être mieux fait de ne pas voir le jour.
Adam Raichl porte un gilet en cuir, conduit un 4x4 et téléphone au volant, soit trois excellentes raisons de le mépriser. Visiblement conscient de ses lourdes tares, ce citoyen tchèque débute son aventure en se fracassant contre un poids lourd auquel il a refusé la priorité. Mais Adam est un dur, le genre de gars qui s'agrippe à la vie dût-elle se poursuivre dans la mort. Car pour répondre à toutes vos questions métaphysiques, il semble que oui, il y a bien quelque chose de l'autre côté du tunnel.
Un quelque chose sans vierges ni vins. Une résidence temporaire, qui peut prendre la forme d'une ile battue par les vents sur laquelle une petite dizaine d'aspirants macchabées, venus de tous temps et de tous lieux, profitent difficilement de leurs derniers instants avant... autre chose. Spartiatement installés dans des bungalows métalliques, disposant uniquement d'une bouteille d'eau et d'un paquet de biscuits, ces naufragés de la vie errent et communiquent, seulement interrompus par la cloche d'une mystérieuse chapelle, dont le troisième coup les fait tous tomber dans un profond sommeil. Au réveil, chacun se retrouve allongé sur la couchette de sa cabane de ferraille, hanté par le souvenir d'un cauchemar ultra-réaliste. Pourquoi eux ? Quelle est la logique de ce lieu ? Quel est le sens de ces cauchemars ? Qui partagera le premier la couche de la prostituée blondasse propulsée par quelques kilos d'explosifs d'un train de banlieue madrilène vers l'ile mystérieuse ? Ces questions ne semblent intéresser qu'Adam et, pour votre plus grand malheur, c'est justement lui que vous dirigez. Il vous faudra donc l'aider à chercher la petite bête, ou plutôt le micro pixel, dans des décors désespérément statiques, afin de lui permettre de dénouer les fils d'une intrigue pas bien passionnante, et de trouver une échappatoire à sa mortelle situation.
Dans la lignée d'un Syberia ou de tous les bons jeux de ce genre si épouvantablement rigides, vous contrôlez donc un personnage dans des décors en 3D précalculée, et devez ramasser de menus objets un peu partout afin de résoudre de petites énigmes. Une porte est fermée ? Faites tomber un morceau de fil de fer coincé sur une corniche à l'aide d'un caillou, et vous pourrez déverrouiller l'issue. Les pilules d'un cardiaque ont glissé dans un endroit sombre ? Trouvez une lampe torche, les piles pour celle-ci et une tige rigide pour récupérer les précieux cachets. En théorie, rien d'insurmontable pour les Sherlock Holmes en herbe, mais la construction du jeu complique un peu les choses. Contraint de multiplier les allers-retours crispants entre des zones distantes afin de parler à untel et de débloquer ainsi une action, mais aussi de fouiller méthodiquement chaque écran à la recherche de l'objet indispensable, on en vient rapidement à douter de l'intérêt ludique de ce produit assez vilain. Le manque cruel de personnalité du héros, l'absence de charisme des PNJ, la pauvreté des dialogue et l'emploi de mini-jeux ratés visant à aérer un peu la partie n'arrangent rien. Le thème du jeu était pourtant particulièrement bien choisi. D'ailleurs, malgré tous les défauts formels et le caractère extrêmement laborieux de l'aventure, l'ambiance glacée qui se dégage par moments, notamment lors des séquences de cauchemar, durant lesquelles vous dirigez Adam hors de l'ile, ne manquent pas d'interpeler. Mortellement ennuyeuse et peu maniable, cette froide expédition s'enlise toutefois très loin des portes de la réussite.