Test également disponible sur : PlayStation 2

Test Okami

Test Okami sur PS2
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La Note
note Okami 19 20

Mettez un peu d’enfance, du rêve, des passions humaines et vous obtiendrez Okami, un jeu qui sans conteste mérite les plus grandes ovations de la presse mais surtout du public. Le jeu doit son cachet si particulier à une musique envoûtante qui s’accorde en harmonie avec une animation aux couleurs franches et une illustration au rendu d’aquarelles. Alors que les exploits d’Amaterasu illuminent déjà le pays du Soleil-Levant depuis le printemps dernier et ont permis aux Etats-Unis de fêter la rentrée 2006, les terres gauloises peuvent enfin goûter au joyau du studio Clover. Désormais, Sony peut se targuer d’avoir trouvé son Zelda empirique même si un futur volet ne pourra probablement plus être aussi majestueux, puisque les Clovermen et Cloverwomen doivent désormais trouver une autre maison d’accueil. Merci à toi ô Capcom dont la stratégie financière nous est si limpide…


Les plus
  • Beauté visuelle
  • Bande-son mirifique
  • Scénario fluide et recherché
  • Un peu de poésie dans un monde de brutes
  • Un voyage fait de sens et d'odeurs
  • Gameplay savoureux
  • Grosse durée de vie
  • Comme un air de Zelda...
  • Idéal pour avoir bonne mine
Les moins
  • Des angles de caméra parfois trompeurs
  • Léger clipping


Le Test

Les premières images d’Okami avaient suscité l’enthousiasme de la presse spécialisée, grâce à sa patte graphique ô combien unique. Etonnant d'ailleurs qu’à l’aube de la troisième génération des consoles de salon Sony, puisse être proposé un jeu aux graphismes d’aquarelle jetée qui, bien que succédant à Viewtiful Joe, ne bénéficie d’aucun moyen marketing, ou très peu. Comment expliquer alors l’engouement suscité par un tel titre ? Tous les ingrédients qui peuvent élever un film, un roman ou un jeu au statut de légende sont bien là : une épopée fantastique associée à une quête, la présence de forces divines, de l’amour, des portraits touchants parmi lesquels nous pouvons nous identifier, des héros non sans failles qui s’accomplissent au prix d’une grande sagesse, de la beauté musicale accordée avec le lyrisme des émotions, mais aussi du charme visuel qui prouve bien qu’un monde de couleurs et de diversité témoigne de la richesse universelle. Bienvenue dans le monde d'Okami.


Mise à jour de notre test import réalisé le 14 novembre 2006.

 

Dès les premières minutes du jeu, le joueur est projeté dans un Japon aux senteurs féodales où les estampes de musée prennent vie à travers la narration de la légende à laquelle le village de Kamiki est rattaché. Déjà 100 années se sont écoulées depuis le terrible combat entre le serpent-démon à 8 têtes Orochi et Nagi, guerrier courageux qui, pour sauver sa belle du sacrifice annuel, défia le monstre. Aidé de Shiranui, loup blanc envoyé des divinités, Orochi fut vaincu et son âme enfermé dans l’épée du brave avant d’être scellé dans la roche de son antre, la grotte de la Lune. La paix qui régnait sur le village prend aujourd’hui fin avec le passage d’un incrédule qui retire l’épée légendaire et répand ainsi les ténèbres sur les terres du Japon. Protégé par Sakura - l’esprit de la forêt - Kamiki résiste encore. Faisant appel à ses dernières forces, Sakura invoque Amaterasu, déesse du soleil et de la lumière, afin qu’elle puisse éclairer de nouveau le monde et lui redonner son essence de beauté. Vous l’aurez compris, l’Amaterasu de cette histoire n’est pas un Goa’uld de Stargate SG 1 ! Faisant référence à la mythologie japonaise, la déesse que vous dirigez dans le jeu a abandonné sa forme représentative de femme à la beauté lumineuse pour prendre celle d’un loup au pelage écarlate. Okami Amaterasu sera assisté de Issun, un insecte artiste qui accepte de quitter le joli décolleté de Sakura pour accompagner notre loup dans sa recherche des 13 divinités. Chacune lui permettra de maîtriser une technique céleste de pinceau, essentielle à l’accomplissement de sa mission.

 

 

Garô loup

 

Les symboliques et métaphores sont très présentes dans le jeu. Le titre même se raccorde à plusieurs interprétations : Okami qui veut dire "loup", et kami qui se traduit par "papier" mais qui signifie aussi "divinité", d’où nom de la déesse Amaterasu Ômikami. Pas de doute à avoir quant au fait que le pouvoir artistique de notre animal à fourrure blanche est l’arme ultime contre les forces des ténèbres. Tel un dieu, Amaterasu ne dira cependant pas "que la lumière soit" mais créera d’un coup de pinceau. La référence à la mythologie est flagrante avec le personnage de Susano, descendant direct de Nagi : dans la mythologie japonaise, Susano n’est autre que le frère turbulent et détesté d’Amaterasu, banni du monde des dieux et qui épousa une jeune fille après l’avoir sauvé des griffes d’un monstre à huit têtes et à huit queues, connu sous le nom de Yamata no Orochi. Ne faisant pas fi de la tradition japonaise, la beauté de l’environnement dans lequel évolue le jeu montre que la nature a dans Okami une place de choix. Tout en nous rappelant le combat pour la nature, thème cher au célèbre Hayao Miyazaki (Princesse Mononoke, Nausicaa, ou plus récemment le Château Ambulant), Okami nous fait vivre un panorama de la culture shintô aux travers de l’importance des rites avec entre autres le festival annuel de la lune. Surtout le panthéon des 13 divinités est représenté par des animaux aux allures fantasques et personnalités différentes qui s’approchent parfois des divinités chinoise (les singes qui font penser au roi des singe, la divinité sur une roue rappelant l’immortel Nezha se déplaçant sur une roue de feu).

 

Trace ta route

 

Diriger Amaterasu est un réel plaisir, de son sillon apparaîtra de la végétation et faire sprinter notre boule de poils vous permettra donc d’esquisser une nature fleurie. De ses sauts tomberont des feuilles d’automne et parfois un tracé d’encre. Après une prise en main assez rapide, vous pourrez goûter au paradoxe de l’action associé à la zénitude de la calligraphie. Maintenir la touche R1 permet de figer le décor en calligraphie sur un fond de papier traditionnel au toucher presque perceptible du traditionnel papier de riz. Pendant ces instants où le temps est arrêté, il sera possible d’admirer ces jetés d’encre qui composent les illustrations sous tous les angles, et tel un artiste fougueux y attoucher sa touche personnelle. Ainsi, parmi les activités possibles vous régénérerez et guérirez les arbres malades, nettoierez les terres des résidus maléfiques, et apprendrez à faire le jour et la nuit. Vous pourrez utiliser vos talents de coloriste mono-couleur lors de quêtes subsidiaires ou lors de combat en badigeonnant les personnages, mais également jouer au samouraï au trait vigoureux (d’un trait horizontal, vous assénez un coup similaire au sabre) ou à l’artificier pour découvrir des trésors cachés.

 

L’enfance des premiers gribouillis trouve ici un sens quand, avec une grande application, les points sont apposés sur l’œil manquant d’une peluche, ou lorsque avec fierté, le joueur complète une constellation pour voir apparaître un animal à la génétique divine (on est bien loin des Chevaliers du Zodiaque…). Une satisfaction certaine peut être aussi éprouvée quand le graffiti sur un mur n’est autre que le masque dessiné de votre pousse adroit pour pouvoir pénétrer la tanière ennemie. Apporter le bien être en composant avec la nature vous sera peu à peu permis au fil de vos aventures, et c’est non sans espoir que nombreux sont ceux qui accorderont leur foi au dieu loup. Difficile pour les messieurs de décrocher du jeu lorsque les vœux d’une plantureuse prêtresse vous seront exposés tels les beaux fruits que la nature peut nous offrir. Ainsi vous observerez Issun, grand amateur de douceurs dire ou plutôt exprimer dans le langage yaourt : "Oh les beaux melons !" (oui, Issun aime les métaphores…). Pas besoin de comprendre la langue du yaourt pour saisir les sentiments de joie, de tristesse, de peur ou de mélancolie. La superbe musique du jeu permet à elle seule de saisir la large palette émotionnelle du genre humain. Exit donc les voix-off à traduire dans toutes les langues ce qui est sans aucun doute un facteur d’économie sans pour autant nuire à la qualité du jeu. La patte de Clover est bien perceptible avec les petits trèfles déterrés lors de vos errances, qui font allusions au logo du studio en marge de disparaître (une décision de Capcom bien discutable après un tel chef-d’œuvre).

 

Le pacte des loups

 

Okami s’est offert un scénario bien ficelé calé sur le hasard et la destiné. Des caricatures attachantes et des rencontres de tout genre dessinerons un sourire ou même une béatitude sur bien des lèvres. Ainsi la sérénité qui entoure la culture japonaise est fortement ressentie grâce à la représentation de cycles de vie au travers de l’habile palette intergénérationnelle, mais aussi l’importance dégagée du fait que chaque chose occupe une place précise dans un ordre travaillé. Le voyage perpétuel d’Amaterasu  au cœur d’un monde au mysticisme et folklore attachant correspond bien à celui qu’un loup solitaire peut entreprendre. Notre Okami n’en est pas moins un animal dont le cousin est le meilleur ami de l’homme : il aboie, s’allonge de temps en temps, creuse pour déterrer une récompense, et s’étonne avec une naïveté naturelle de ses découvertes. Amaterasu reste indomptable et se permettra des petits travers bien compréhensibles comme ceux de mordre par curiosité ou de se prendre de compassion envers les autres animaux en les nourrissant. Issun, de par ses interventions cocasses dédramatise le côté mélancolique en apportant une touche légère par ses commentaires assez poilants et parfois même salaces. On ne manquera pas de remarquer que Okami a beaucoup de point commun avec le Zelda de Nintendo. Comme Link, Amaterasu part en quête pour sauver le monde, résout des énigmes, fait évoluer son personnage dans un vaste monde, casse des pots ou se sert dans la nature pour récupérer du pécuniaire ou des vivres, a un temps de trempette limité et peut même pêcher. Cependant le ton des dialogues ainsi que les commentaires d’Issun ajoute une pointe d’humour plutôt destinée à distraire un public adulte. Les capacités en énergie et de réserves pourront évoluer en fonction des orbes de bonheur accumulée. Les richesses emmagasinées vous permettront d’acquérir des biens auprès des nombreux marchands présents sur tous les sites (eh oui les échanges commerciaux n’ont pas de frontières), ou de vous payer des cours auprès du vieux maître et ainsi développer les aptitudes physiques et compétences au combat.

 

L’ambiance envoûtante du jeu doit à un graphisme à la fois primaire et sophistiqué, sans jamais aller dans un excédent coloré, mais surtout à une bande son admirable qui se prête à toutes les émotions et éveille à un lyrisme sans équivoque dont seul les poèmes ont le secret. Le cel-shading agit pour la dynamique des combats, tout en conservant cet effet d’estampe vivante. Les mouvements de caméra parfois pas adaptés lors de scènes d’affrontement sont vite pardonnés par une reprise très aisée du bon angle possible grâce à des mouvements très fluides et intuitifs. Le passage en mode calligraphie permet déplacer son point de vue et admirer l’esthétique de l’environnement sans avoir à se décarcasser pour pouvoir faire son coup de pinceau derrière la patte gauche. Le niveau de difficulté est assez tendre et conviendra sans problème aux joueurs non entraînés aux parties de The King of Fighters. En jouant à Okami, le plaisir ne viendra pas de la victoire tant recherchée sur un monstre mais de toutes ses missions annexes permettent d’évoluer dans les univers sans jamais se lasser. Plus qu’un simple divertissement, Okami est une expérience à savourer.





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Suzanne La

le mardi 6 février 2007, 19:00




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