Test Oddworld Munch's Oddysee : le portage Switch qui snobe le français
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Quel dommage que ce portage de Oddworld : Munch's Oddysee n'ait pas fait l'effort d'intégrer une traduction française ou, au minimum, des sous-titres anglais ! Ce point fâcheux risque de refroidir pas mal de joueurs, qui préféreront du coup se tourner vers l'antique version Xbox du jeu (localisée, elle) ou vers le patch FR non officiel pour la version PC. Mais si jamais vous êtes parfaitement bilingues ou que vous vous fichez un peu de ce qui se raconte dans le jeu, alors cette version Switch vous conviendra parfaitement. A défaut d'être beau, puisqu'il se base sur des graphismes ayant presque 20 ans, le jeu s'avère parfaitement fluide et toujours lisible. Et sur le fond, les aventures d'Abe et de Munch n'ont (quasiment) pas pris une ride.
- L'univers Oddworld
- Son humour efficace
- Ses personnages attachants
- Un gameplay qui tient encore la route
- Pas de voix ni de sous-titres FR
- Pas même de sous-titres anglais !
- Cinématiques en 4/3
- Graphismes d'époque
Initiée en 1997, la saga Oddworld a connu au fil du temps de multiples épisodes, de multiples portages et même quelques remasters et autres remakes. En attendant la sortie de Oddworld Soulstorm, toujours prévue pour cette année, la Switch continue de rattraper son retard et d'accueillir les anciens épisodes de la saga. Pas forcément dans l'ordre chronologique d'ailleurs, puisque après La fureur de l'étranger (qui date initialement de 2005), c'est aujourd'hui L''Odyssée de Munch qui vient nous faire coucou depuis l'année 2001.
Le jeu ayant près de vingt ans, il ne faut évidemment pas s'attendre à en prendre plein les yeux. Surtout que nous n'avons pas du tout affaire à un remake, ni même vraiment à un remaster, mais plutôt à un simple portage. Les progrès graphiques se résument donc à la résolution et au framerate, puisque la console de Nintendo supporte ici sans broncher les soixante images par seconde en full HD. C'est toujours ça de pris ! Pour le reste, il faut faire avec des niveaux relativement vides et des textures assez simplistes. Surtout que cet épisode était le premier de la saga à tenter l'aventure de la 3D... Cependant, la direction artistique sauve l'ensemble. Même si le jeu accuse très clairement le poids des ans, il ne pique jamais les yeux. Et que l'on joue en mode télévision ou en mode portable, les graphismes restent toujours très lisibles. En revanche, les scènes cinématiques qui faisaient (en partie) la renommée de la série auraient mérité d'être refaites. Elles restent très correctes en terme de mise en scène, mais entre la compression vidéo bien présente, leur résolution modeste, et leur format 4/3, le retour en arrière se fait clairement sentir. Vous l'aurez compris, ce portage se contente du service minimum et ne cherche pas du tout à améliorer le matériau d'origine. C'est d'autant plus vrai en ce qui concerne le son, puisque cette version Switch fait l'impasse sur toute version française. Pire encore, il est impossible d'activer le moindre sous-titrage, fût-il en anglais ! Sachant que les personnages de l'univers Oddworld s'expriment avec des voix nazillardes/déformées/rigolotes et que la qualité audio d'origine n'est pas formidable, même une oreille habituée à la langue anglaise aura du mal à décrypter l'ensemble des propos. Ce point est d'autant plus regrettable que l'univers Oddworld est intéressant, et que le scénario s'avère plus profond que celui du jeu de plateformes lambda (gnagnagna, va sauver la princesse qui est dans un autre château, gnagnagna). D'ailleurs, le jeu nous offre la possibilité de visionner des cinématiques issues de l'Odyssée d'Abe et de L'Exode d'Abe, histoire de mieux situer son propos.
MONSTER MUNCH
Pour résumer, Abe cherche à libérer ses congénères Mudokons des griffes de scientifiques fous et croise la route de Munch, dernier représentant de l'espèce des Gabbits. Abe est grand, agile mais incapable de nager, tandis que Munch est... un amphibien muni d'un seul pied ! Les deux se complètent à merveille, ce qui se traduit directement dans le gameplay. Ce dernier n'a pas trop vieilli et on prend encore plaisir à contrôler alternativement ces deux créatures, une simple touche permettant de passer instantanément d'un personnage à l'autre. Si Abe est en charge de libérer le plus grand nombre possible de Mudokons, Munch doit quant à lui délivrer un maximum de Fuzzles, retenus dans des cages. Les deux héros doivent également récupérer des œufs de Gabbits, afin de repeupler l'océan. Le jeu reprend le système Gamespeak qui avait fait le succès des épisodes 2D, et il est donc possible de saluer les créatures alliées, de leur demander de nous suivre, d'attendre, d'attaquer ou d'agir. Les ordres sont suffisamment contextuels pour qu'on ne s'emmêle jamais les pinceaux, et il est toujours aussi amusant de voir l'un des deux héros suivi par plusieurs autres créatures, telle une mère canard avec ses canetons.
Abe peut plus spécifiquement porter un Mudokon, ou même Munch, afin de le balancer par dessus un obstacle. Et, en se concentrant, il peut prendre possession des ennemis pendant quelques instants, ce qui permet de s'en débarrasser de manière assez cocasse (en les conduisant vers une zone dangereuse ou en les obligeant à affronter leurs semblables par exemple). Munch peut quant à lui détecter des cages de Fuzzles grâce à un sonar, les ouvrir à l'aide d'un arc électrique, "griller" les ennemis, nager dans les zones aquatiques, ou encore emprunter une chaise roulante pour accéder ses déplacements. Les niveaux proposent des phases de plateformes 3D mâtinées de quelques énigmes, le but étant généralement de trouver la sortie en libérant un maximum d'alliés au passage. Classique sur certains points et relativement original sur d'autres, Oddworld : Munch's Oddysee n'est peut-être pas le meilleur épisode de la saga, mais cette version Switch nous prouve qu'il a tout de même plutôt bien traversé l'épreuve du temps.