Test Oddworld La Fureur de l'Étranger HD : 15 ans plus tard, un jeu culte sur Nintendo Switch
14 20
- L'univers Oddworld
- L'ambiance de western
- Les munitions vivantes !
- Interface remise au goût du jour
- Un level design qui a vieilli...
- Des graphismes qui ont vieilli…
- Un début d'aventure pas palpitant
- Il manque des sous-titres
Si Abe est certainement le membre le plus connu de l'univers d'Oddworld, Munch et l'Étranger ont également su se faire un nom au début des années 2000 sur la toute première Xbox, l'un avec son odyssée, l'autre avec sa fureur. Et c'est ce dernier qui nous intéresse particulièrement aujourd'hui, puisque Oddworld : La Fureur de l'Étranger HD débarque sur Switch. Toutefois il convient de ne pas se laisser abuser par le suffixe HD...qui trônait déjà sur la boîte de la version PlayStation Vita il y a huit ans ! Il ne faut donc pas s'attendre à en prendre plein les yeux. Le jeu reste correct graphiquement, surtout en mode portable puisque l'absence de détails dans les décors y est moins remarquable, mais on est tout de même très loin des standards de 2020. N'oublions jamais que ce simple remaster HD a vu le jour la première fois sur PC en 2010, et qu'il s'attaque à un titre sorti sur Xbox en 2005. Impossible de faire des miracles dans de telles conditions. Nous n'avons pas affaire à un remake de la trempe de New 'n' Tasty ou du futur Soulstorm. Cette version Switch a tout de même le bon goût de nous proposer une interface utilisateur revisitée, qui abandonne les énormes menus et icônes d'antan. Le joueur nostalgique pourra malgré tout se rendre dans les options afin de basculer de l'UI 2019 à l'UI 2015 s'il le souhaite. Quant aux adeptes de motion gaming, ils pourront viser directement avec le Joy-Con droit grâce au gyroscope intégré à la manette ou, en mode portable, en bougeant directement l'écran. Naturellement, il reste possible de viser uniquement au stick, mais il est alors plus difficile d'être précis.
Si La Fureur de l'Étranger manque encore à votre palmarès et que la Switch est votre console de prédilection, ce portage saura certainement vous convaincre.
Par ailleurs, le jeu nous propose des sous-titres français, ce qui n'était pas forcément le cas de toutes les versions parues auparavant. Cependant, cette bonne nouvelle est à relativiser car de nombreux petits dialogues et monologues "en jeu" ne sont pas du tout sous-titrés. Pas de panique, tout ce qui concerne l'aspect scénaristique reste pleinement compréhensible, car les voix des scènes cinématiques sont bel et bien retranscrites. Le scénario n'est de toutes manières pas bien difficile à appréhender puisqu'il tourne autour de l'Étranger, chasseur de primes devant récolter une grosse somme d'argent en vue de subir une mystérieuse opération chirurgicale. Le prétexte pour partir à la chasse aux bandits est donc tout trouvé. Le plus grand point fort du jeu réside certainement dans la galerie de personnages qui nous est offerte. Héros, antagonistes, simples passants, tous sont hauts en couleurs et mémorables. Même si l'univers est au premier abord très éloigné de celui de l'Odyssée d'Abe, la patte Oddworld est donc bel et bien présente. L'ambiance de western qui caractérise La Fureur de l'Étranger HD vaut également le détour, le jeu réussissant à utiliser habilement les clichés du genre sans jamais perdre un gramme d'originalité. Le gameplay s'articule quant à lui autour de plusieurs grands principes, à commencer par la possibilité de capturer les ennemis morts ou vifs, la seconde option étant plus rémunératrice que la première. Non négligeable, la difficulté se voit adoucie par la possibilité de rétablir la barre de santé de l'Étranger à l'aide de sa barre d'énergie, qui a l'avantage de se régénérer seule.
LE BON, LA BRUTE ET LE PUTOIS
Il ne faut donc pas hésiter à jouer prudemment, se cacher, et chercher à isoler les ennemis afin de les capturer plus facilement, et le plus pacifiquement possible. Il est possible d'alterner entre une vue à la troisième personne et une vue subjective. On privilégiera la première pour l'exploration et pour tabasser les ennemis à coups de poing, tandis que la seconde est indispensable pour pouvoir utiliser l'arbalète. Cette arme emblématique peut accueillir deux types de munitions différentes en même temps, à choisir parmi un panel pas piqué des hannetons. En effet, les munitions sont animales, et donc vivantes. Tirer un écureuil permet d'attirer un ennemi à un endroit précis, l'araignée bolamite immobilise sa cible dans une toile, le putois fait vomir les adversaires, les armadillos les repoussent, les fuzzles (des boules de poils hargneuses) peuvent servir de mine, les chauve-souris sont explosives, etc. Raffinement ultime : avant de pouvoir utiliser des munitions animales, il faut d'abord les chasser dans la nature grâce au zap, un tir électrique qui permet par ailleurs d'activer certains mécanismes et de faire exploser certains barils. Tout cet aspect du jeu fonctionne encore parfaitement mais, hélas, on ne peut pas en dire autant de toutes les autres composantes. La structure générale de l'aventure et le level design paraissent ainsi datés, car ils nous obligent à faire des allers-retours qui peuvent vite se révéler répétitifs. C'est notamment le cas dans la première partie de l'aventure, la seconde moitié du jeu étant nettement plus intéressante. Et, on l'a vu précédemment, les graphismes sentent un peu trop l'année 2005. Il faut donc prendre cette version Switch de La fureur de l'étranger pour ce qu'elle est : un bon moyen de parfaire sa culture vidéoludique, et non un titre capable de rivaliser avec les standards actuels.