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Trois ans après sa première apparition sur Xbox, Ryu Hayabusa n’a pas perdu de sa superbe. Malgré quelques reproches que l'on peut faire ici et là (la gestion de la caméra notamment), le titre de Tecmo a bien vieilli. Rafistolé pour convenir aux canons actuels et éviter de se faire pénaliser pour délit de sale gueule, Ninja Gaiden Sigma s’offre au passage quelques ajouts plutôt alléchants sur le papier, mais finalement sans grand intérêt. Rachel fait ainsi davantage figure de personnage potiche, bien trop handicapée par ses talons aiguilles et sa longue faux, que d’un véritable plus notoire. Heureusement que le ninja est là pour rehausser le niveau et faire claquer les fesses.
- Réalisation remise à neuf
- De très beaux décors
- Combos dévastateurs
- Des Boss mémorables
- Rachel : perso inutile
- Une caméra qui s'affole
- La censure a encore frappé
Considéré comme l’arme ultime de la Xbox en matière de jeu d’action, Ninja Gaiden est resté dans les mémoires comme un titre destiné avant tout aux hardcore gamers, ceux-là même qui sont capables de finir un Metal Slug avec un seul crédit ou de terminer le premier Resident Evil au couteau. Ce jeu pur jus barjot était également respecté pour sa réalisation époustouflante à l’époque, et qui permettait de mesurer à quel point la première Xbox était un monstre de compétition. Juillet 2007, les choses ont changé, évolué et l’avènement de Ninja Gaiden Sigma sur PlayStation 3, avec sa difficulté revue à la baisse, est le témoin d’une nouvelle ère. Explications.
Comme un grand nombre d’éditeurs, Tecmo a lui aussi succombé aux sirènes du remake facile, ou plutôt du portage HD pour être plus précis. Un exercice de haute voltige qui mal maîtrisé peut se retourner contre soi, tel un boomerang mal réceptionné. Inutile de tourner autour du pot des heures durant et venons-en directement aux faits. Oui, Ninja Gaiden Sigma assure côté graphismes. S’il subsiste quelques détails gênants et des textures un peu simplistes, le titre signé Tecmo parvient encore à nous éblouir la rétine, bien plus encore si l’on est en possession d’un téléviseur dernier cri, puisque le jeu supporte le 1080p. Classe. La mise à jour graphique est donc un argument de vente pour cette mouture PlayStation 3 qui se distingue aussi pour sa fluidité exemplaire et ses effets pyrotechniques qui en mettent plein la vue. Dommage que cette extase visuelle soit un tantinet gâchée par la gestion de la caméra, beaucoup trop laxiste dans son ensemble et assez pénalisante, quand on sait que le jeu requiert toute l’attention du joueur. Impossible alors d’échapper à ces phases de plates-formes frustrantes où la caméra a toujours tendance à s’emballer et surtout jamais se placer au bon endroit. C’est aussi ça Ninja Gaiden, la faculté à surmonter des obstacles qui mettent nos nerfs à rude épreuve.
Impossible is nothing
Cela dit, pour son passage sur PlayStation 3, Ninja Gaiden Sigma a corrigé certains aspects trop pénalisants. La difficulté extrême, pour ne pas dire abusée, du jeu a donc été revue à la baisse. Les hardcore gamers risquent de crier au scandale, mais c’est quelque part le prix à payer pour pouvoir séduire un plus large public. Le mode "Normal" est peut-être plus accessible que celui proposé dans le Ninja Gaiden original, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il est possible de claquer des doigts pour arriver au terme de l’aventure. Ninja Gaiden Sigma s’est adoucit non pas parce que les ennemis étaient devenus des loques, mais parce que le nombre de potions et autres élixirs de vie sont bien plus nombreux que par le passé. Ce n’est pas plus mal finalement, et ça évitera à quelques manettes de passer par la fenêtre ou de finir encastrées dans un mur. Que les puristes se rassurent, Tecmo ne les a pas oubliés puisque le mode Hard reste néanmoins accessible, peut-être pas d’emblée mais une fois le jeu terminé une première fois dans le mode "Normal", soit un challenge de plus et de taille à relever. A vous de voir si le verre est à moitié plein ou à moitié vide…
Pour se faire pardonner de tous ces points noirs, Tecmo n’est pas venu le sac vide. Car en sus de la cinquantaine de missions supplémentaires, reprises de la version Black, Ninja Gaiden Sigma s’étoffe d’un nouveau personnage jouable. C’est Rachel qui endosse le rôle de la nouveauté et qui ponctue l’aventure pendant quelques missions. Ceux qui ont pu jouer au titre original doivent avoir un souvenir assez mémorable de ce protagoniste. Plutôt bien golée et vêtue d’un ensemble cuir assez pimpant claquant, la belle blonde se balade toujours avec sa faux de deux mètres, capable de balayer tout un parterre de ninjas récalcitrants d’un simple geste. Le joueur n’a donc pas le choix de son personnage avant le début de chaque mission, celle-ci étant imposée à des moments bien distincts dans le jeu. Ce n’est pas plus mal, car malgré ses formes avantageuses, Rachel est un personnage qui tranche radicalement avec Ryu, bien plus agile et rapide pour contrer les attaques des ennemis. Trop lente et handicapée par son arme beaucoup trop lourde, elle a bien souvent du mal à se dépatouiller de situations délicates où les ennemis attaquent par nombre. Bref, pas de quoi casser trois pattes à un canard et on comprend encore moins toute la médiatisation qui a été fait autour de ce personnage. Rachel n’apporte donc pas grand-chose au titre, si ce n’est un semblant de variété et de nouveautés, histoire juste de justifier les 70 € qui sont demandés au moment de passer en caisse.
Man in black
Il n’empêche que Ninja Gaiden Sigma remplit hautement son contrat, surtout pour ceux et celles qui n’ont pas eu l’occasion de goûter aux joies du combo offert par la palette de coups et d’attaques impressionnantes de Hayabusa. Jamais un personnage de jeu vidéo n’aura autant fait honneur aux ninjas, grâce notamment à sa classe édifiante mais aussi par sa gestuelle impeccable. Ninja Gaiden Sigma est l’archétype même du jeu qui permet de développer ses réflexes. Toujours au taquet, le joueur subit une pression constante, par peur de ne pas pouvoir arriver jusqu’au prochain point de sauvegarde, ou de devoir affronter depuis le début ce satané Boss qu’on a bien du mal à faire mordre la poussière. Ninja Gaiden Sigma offre un rythme effréné et ne tombe jamais dans une quelconque lassitude. La variété des armes, les décors sublimes, les combats sanglants (toujours pas de décapitation, version PAL oblige) et le level design plutôt bien réussi permettent de garder cette fraîcheur de tous les instants, même si, évidemment, l’initié ne trouvera pas grand-chose de véritablement neuf pour justifier un nouvel achat.