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Test NEVA : l'un des meilleurs jeux de l'année est aussi le plus poétique

Test NEVA : l'un des meilleurs jeux de l'année est aussi le plus poétique
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La Note
note NEVA 18 20

Il y a six ans, Nomada Studio se faisait un nom avec Gris, un plateformer atypique, qui sortait des sentiers battus et dont les intentions sincères ont permis de constater que même chez les indé, on est capable encore et toujours de se distinguer. Neva reprend cette même idéologie en poussant l'envie encore plus loin. En embrassant complètement cette osmose avec la nature, en s'inspirant sans se cacher des oeuvres de Hayao Miyazaki et des productions du studio Ghibli, les développeurs espagnols de Nomada nous transportent dans un univers absolument envoûtant où chaque moment, chaque écran donne le sentiment de contempler le tableau d'un artiste accompli, celui de Conrad Roset. Avec la crise du COVID, la naissance de son enfant, son rapport a changé et cette évolution dans sa personnalité se ressent aussi dans Neva, un jeu où le besoin de s'entraider, de prendre soin l'un et l'autre se fait ressentir dans ce monde qui se meurt. Rien n'est perdu malgré les apparences, un message optimiste qui va guider le joueur dans une expérience comme nul autre ne nous avait proposé. La plateforme est toujours d'actualité, les énigmes toujours aussi plaisantes, mais on a gagné en férocité et adversité, grâce à ce katana mis dans la main d'Alba, notre héroïne, capable de bien des choses et des mouvements. Ses animations faites à la main subliment, son combat également, tandis que Neva, ce louveteau qui grandit à vue de nez, est un personnage qu'on a, nous aussi, envie de cajoler. Sublime.


Les plus
  • La direction artistique de Conrad Roset est envoûtante
  • Le gameplay qui s'enrichit au fil des saisons
  • D'une poésie incroyable
  • Les animations à la main qui subliment
  • Les changements d'échelle qui donnent de l'ampleur
  • La musique envoûtante et très juste de Berlinist
  • Beauté, grâce et élégance non-stop
  • Une fin vraiment marquante
  • Vendu seulement 19€
Les moins
  • Un peu trop court quand même (5-6h de jeu)


Le Test
Le mois d'octobre cette année en 2024 est un mois particulièrement chargé. Il ne se passe pas une semaine sans qu'un AAA ou un gros jeu ne débarque dans les bacs, et en vrai, c'est comme ça depuis fin août. Difficile de s'en plaindre quand on est joueur. Mais parmi tous ces blockbusters qui font beaucoup de bruit, qui occupent tout l'espace médiatique, il y a des titres plus petits qui méritent autant d'attention et qui peuvent se hisser au sommet des meilleurs jeux de l'année. Parmi eux, il y a un certain Nova, c'est le 2è jeu du studio espagnol Nomada, qui s'est fait connaître il y a 6 ans avec l'excellent GRIS (qu'il faut prononcer Grisse). On avait déjà été subjugué par la proposition de GRIS en 2018, on vient de se prendre une nouvelle claque avec Neva.

NEVALe jeu vidéo est un art qui a le chic de nous offrir toutes sortes d'expériences et qui nous ont à chaque fois touchés en plein coeur. En moins d'un mois, nous avons eu l'occasion de finir Silent Hill 2, Dragon Ball Sparking Zero et Neva. Trois jeux qui sont diamétralement différents, mais qui nous ont procuré du plaisir chacun à leur manière. Silent Hill 2 par sa proposition horrifique aux thématiques très matures, très difficiles aussi et ce plaisir de voir ce monument du jeu vidéo revenir par la grande porte, alors que ce n'était pas gagné. Dragon Ball Sparking Zero, c'est la jeunesse en nous qui a été retrouvée après 17 ans d'absence, avec ce rendu si explosif de voir l'oeuvre d'Akira Toriyama briller comme jamais. Et enfin Neva, un jeu qui nous a littéralement apaisé, devant lequel nous lâché à plusieurs reprises des "Putain mais qu'est-ce que c'est beau !". Une beauté qui n'est pas uniquement visuelle, mais également sonore car la bande-son est encore merveilleuse. Et puis, il y a le propos, les thèmes que ce jeu aborde et cette manière pour Nova de s'émanciper des codes bien établis que le jeu vidéo impose à ses créateurs pour éviter le bide commercial. Ce n'est évidemment pas le seul à le faire, et cette année, il y a eu des titres comme Jusant ou Caravan SandWitch qu'on peut citer, mais Neva, il a quelque chose en plus, la touche de son game director, Conrad Roset, un artiste espagnol aux créations incroyables. Et il faut bien admettre que notre attraction pour Neva joue pour beaucoup dans la direction artistique du jeu, reprise de ce qui avait été établi en 2018 avec GRIS. On a affaire ici à des dessins réalisés en aquarelles, avec une volonté de jouer avec les couleurs, avec souvent cette tendance au monochrome. Dans Gris, des éléments naturels avaient été rajoutés à ces espaces très froids, très cubiques, géométriques, mais cette fois-ci dans Neva, le studio Nomada embrasse l'idée de parler totalement de la nature. Ceux qui connaissent les oeuvres des studios Ghibli y verront de nombreuses références, que ce soit dans les animaux, la façon dont le Mal s'empare de ces derniers, du rapport humain/nature et la façon aussi dont le monde se meurt.




Dans Neva, on incarne cette jeune femme à la coupe de cheveux épaisse, qui porte une longue cape rouge, ne quitte jamais son katana et qui répond au nom d'Alba. Neva, c'est le nom du louveteau qu'elle va recueillir après que sa mère se soit faite tuer par ces ombres malfaisantes, sorte de Kaonashi du Voyage de Chihiro mais en version plus terrifiante. Ils sont agressifs, sont capables de pénétrer le corps d'animaux morts pour en faire leur marionnette et se révèlent être coriaces aussi. Alba et Neva vont devoir allier leurs forces, leurs compétences et leur amitié aussi pour sauver ce monde qui se meurt. Autant Gris jouait sur la solitude du joueur, de ce monde froid, limite clinique, autant Neva prend le parti-pris opposé. Tout est question de chaleur humaine et animale, notamment dans cette relation qui unie Alba, l'humaine à Neva, ce loup qui va grandir au fil du jeu et des saisons. Car, c'est de cette manière dont l'aventure est découpée, en saison. On démarre en été et on termine le jeu au printemps, avec évidemment tout ce que ça implique. Le changement des couleurs dans la nature, dans les températures aussi, et donc des images qui défilent sous nos yeux. La direction artistique est sublime, chaque écran est un véritable tableau, où le style de Conrad Roset s'exprime brillamment. Difficile d'ailleurs de ne pas être touché par la grâce et l'élégance de Neva, d'autant que le jeu multiplie sans cesse ces moments suspendus où l'on reste ébahi face à tant de beauté.

NEVA

Ce qui impressionne aussi dans Neva (et c'était déjà le cas dans Gris), c'est cette manière de changer les angles de vue. Pas de coupure, pas de gros plans secs, mais des changements réguliers d'échelle qui se font à coups de zooms avant et arrière, mais de manière totalement fluide et surtout progressive. Selon les moments choisis par les développeurs, Alba peut être parfaitement visible, avec tous les détails qu'on aime contempler, ou à l'inverse être à peine visible, pour justement laisser place à la grandeur du décor. Cette manière de changer intelligemment l'échelle n'est pas qu'une question d'esthétisme, c'est aussi pour donner plus d'ampleur à une scène en particulière (le loup jonché sur le haut d'une tour qu'on découvre au fur et à mesure), mais aussi pour nous questionner sur le rapport de l'homme face à la nature. Et puis, il y a aussi un intérêt dans ce que les développeurs veulent nous montrer pour que le joueur puisse comprendre sa progression. Rien n'est laissé au hasard et le plaisir est à la fois permanent et unique en la matière. Bien sûr, tous ces tableaux qui peuvent être chacun des wallpapers à collectionner son sublimés par la musique du groupe Berlinist, qui s'est à nouveau occupé de la soundtrack de Neva, comme ce fut le cas en 2018 avec Gris. Comme ce dernier à l'époque, ces artistes savent jouer sur les petites notes, les moments de calme pour laisser place à la volupté, tout en nous entourant de sons ambiants presque naturels. C'est élégant et particulièrement envoûtant.

NEVA

A l'image de Gris, Neva réutilise le même procédé d'animations faites à la main et rappellent les meilleurs moments de cinematic plateformer qu'étaient Prince of Persia, Flashback et Another World dans les années 90. Neva, c'est aussi un second jeu qui veut montrer que le studio espagnol a eu plus d'ambitions en termes de gameplay. Gris était un pur jeu de plateforme, avec seulement deux types de manoeuvres à l'époque : se déplacer et sauter (puis nager, ok). Pour Neva, à ces moments de pur plateformers, on ajoute une dimension combat. Alba possède un katana, il serait effectivement dommage de ne pas s'en servir, surtout avec ces sublimes animations. Notre jeune femme peut donc trancher tout ce qui bouge, sachant que sa palette de mouvements est très variée. Alba peut en effet esquiver les attaques en faisant des roulades au sol, mais aussi en dashant dans les airs, ce qui permet aussi de gagner en distance lors des sauts. A ce propos, notre guerrière peut double jumper, s'accrocher à certaines parfois, celles qui sont ornés de fleurs, mais aussi faire appel aux aptitudes de Neva. Elle peut en effet l'envoyer attaquer un ennemi pour soit lui arracher le gosier, façon de parler, soit l'immobiliser, ou même faire exploser certaines parfois friables.

NEVA

En fait, plus le jeu avance, plus les compétences se débloquent et plus le jeu dévoile ses mécaniques et ses structures différentes. Il y a une constante évolution dans le jeu, comme c'était le cas dans Gris, sauf que cette fois-ci, on prend en compte la présence de ce loup, qui va lui aussi évoluer et grandir au fil des saisons. Il va grandir physiquement et être un vrai protecteur pour Alba, alors qu'au début de l'aventure, c'est elle qui va chercher constammer à veiller sur lui, à le rassurer, le caresser. Alors qu'à la fin, Neva devient carrément un moyen de déplacement plus rapide et une aide supplémentaire dans les combats. A l'image de Gris, Neva proposent de nombreuses énigmes qui jalonnent le parcours pour nous donner un peu de challenge. Rien d'insurmontable, mais certains passages vous demandent un minimum de réflexion et font preuve surtout d'une grande imagination de la part des développeurs. Le passage qui joue avec les reflets et les effets miroirs m'ont particulièrement surprise. C'est jamais frustrant, toujours stimulant et c'est ce qui permet de garder ce flow dans cette façon d'avancer dans le jeu. On peut bloquer à certains passages, mais jamais trop longtemps, tout commes les combats restent très surmontables.

NEVA

On a beaucoup reproché à Gris d'être trop court et c'est vrai qu'il était possible de finir le jeu en 3h. La durée de vie a été augmenté dans Neva, même si ça reste dans la catégorie des expériences courtes. J'ai personnellement terminé le jeu en 6h, mais ce fut 6h de pur plaisir. Nomada Studio en a conscience et c'est la raison pour laquelle le jeu est vendu moins de 20€. Et puis le jeu est tellement agréable qu'on le parcourra volontiers une seconde fois, surtout que les adeptes du 100 % qui pourront en profiter pour dénicher les fleurs cachées. Bref, vous l'avez compris, Neva s'impose facilement comme l'un des meilleurs jeux de l'année, avec une proposition complètement différente de ce qui se fait dans l'industrie, même en termes de jeux indé, il se distingue des autres. Et une nouvelle preuve que le jeu vidéo est bel et bien une forme d'art moderne.

NEVA


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