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Might & Magic : Clash of Heroes est typiquement le genre de productions qu’on ignore durant toute sa gestation et qui s’avère au final agréablement surprenante. Sans vouloir l’élever au rang de must have, il faut lui reconnaître un incroyable équilibre dans son gameplay et sa construction. Avec un principe simple et addictif, un rapport gestion-réflexion béton et une durée de vie à la hauteur, ce titre qui s’inscrit dans la vague des Puzzle-RPG initiée par Puzzle Quest ravira sans nul doute les fans du genre. Quant aux néophytes, ils auraient tort de ne pas s’y essayer, le seul défaut majeur que nous lui attribuons venant de son scénario complètement raté.
- Concept simple, prenant et profond
- Gameplay bien équilibré
- Situations assez variées
- Durée de vie conséquente
- Une histoire à dormir debout
- Direction artistique ratée
- Maniabilité au stylet perfectible
On l’a dit, répété, rabâché et tout ce que vous voulez, le premier trimestre de l’année 2010 est exceptionnel pour notre industrie vidéoludique. Avec une cascade de blockbusters pur jus initiée par Bayonetta et Darksiders, et les sorties prochaines de titres tels que Mass Effect 2, Dante’s Inferno, BioShock 2, Final Fantasy XIII ou encore God of War III pour ne citer que les plus attendus, il serait tentant de s’abandonner totalement à nos consoles de salon. Le genre d’erreur que l’on se pardonnera facilement mais qui pourrait nous faire passer à côté de sympathiques surprises. La première a pour nom Might & Magic : Clash of Heroes et nous allons vous expliquer en quoi elle mérite toute notre attention.
Résumer le conflit politico-ésotérique narré dans Might & Magic : Clash of Heroes est un exercice assez fastidieux que l’on s’épargnera. Non pas pour économiser du signe, mais d’une part parce qu’on a affaire ici à un scénario on ne peut plus manichéen, et d’autre part parce que tout l’enrobage de ce titre signé Capybara Games n’est que prétexte à une succession de combats. Les péripéties et autres rebondissements qui ponctuent régulièrement le déroulement de l’aventure semblent avoir été calibrés pour un public plutôt juvénile, au risque de perdre le joueur demandeur d’expériences narratives. Heureusement, les concepteurs du jeu ont fait les choses correctement pour nous introduire rapidement le concept singulier de ce qui est un mélange entre un peu de RPG et beaucoup de réflexion. Pour être honnête, le cocktail devient vite captivant et c’est avec un plaisir non dissimulé que l’on se prendra au jeu durant quelques dizaines d’heures.
3-4-3 ou 4-3-3 ?
Concrètement, on participe dans Might & Magic : Clash of Heroes à une succession de combats qui sont représentés sur les deux écrans de la DS. Sur celui du haut figure l’armée ennemie, le tactile étant dévoué à nos troupes. Comme dans toutes les guerres, l’organisation est la clé de la victoire, c’est pourquoi il faudra s’échiner à mettre de l’ordre sur notre écran sous peine de subir les assauts répétés de notre opposant. En effet, les différentes unités qui sont sous notre commandement doivent être impérativement liées par couleur et par trois. Pour ce faire, il faut savoir qu’elles sont alignées, qu’elles ont une tendance naturelle à se porter vers l’avant et que l’on peut déplacer uniquement celles qui se trouvent au bout d’une colonne. Rangées horizontalement, elles formeront un mur devant les lignes sur lesquelles elles se trouvaient pour endiguer les attaques adverses, et verticalement, une petite escouade destinée au combat qui traversera les écrans en se dirigeant vers le haut. La puissance de cette dernière diminuera en fonction des obstacles qui se trouvent sur son chemin (murs, unités inactives ou en phase d’attaque), ce qui pourra l’amener à disparaître. Si elle parvient à atteindre le haut de l’écran adverse, elle infligera alors des dégâts à l’ennemi ; la perte d’une unité n’ayant aucune incidence sur cette caractéristique – vitale, sans mauvais jeu de mots. Cela implique diverses statistiques à prendre en compte, qui vont de la Force d’une unité à sa Resistance, en passant par le nombre de tours requis avant qu’elle n’agisse – si tant est que l’option offensive a vos faveurs. Le jeu se joue effectivement en tour par tour, durant lesquels on a droit d’effectuer trois mouvements. C’est sur ce principe que toute la notion de stratégie de Might & Magic : Clash of Heroes repose. Pour glaner quelques mouvements supplémentaires – et donc rallonger son tour –, le soft nous propose un système de Combinaisons et de Chaînes. Dans le premier cas, il s’agit de créer une attaque et un mur simultanément en ayant déplacé une seule unité, et dans le second, de déclencher une de ces deux actions en faisant disparaître une unité qui bloque le passage. Comme dans beaucoup de puzzle game, il est possible d’imaginer des réactions en chaîne à partir de ces principes pour gagner le droit de jouer encore plus avant de céder son tour.
Assez intéressant mais relativement redondant tel qu’on vous l’a décrit, le gameplay est sublimé par la grande diversité des objectifs à remplir pour remporter une bataille."
Le concept de Might & Magic : Clash of Heroes peut sembler obscur, mais il suffit de le prendre en main et de suivre les différents tutoriaux qui accompagnent nos premiers pas dans le jeu pour en saisir tout son potentiel. Assez intéressant mais relativement redondant tel qu’on vous l’a décrit, le gameplay est sublimé par la grande diversité des objectifs à remplir pour remporter une bataille. Si la majorité d’entre elles se remporte simplement en explosant l’ennemi, on a apprécié actionner deux poulies en même temps, balancer trois ennemis tenace dans une fosse, jouer avec le décor, ou se creuser les méninges lors des batailles-puzzles – de petits instants récréatifs totalement facultatifs. C’est d’ailleurs cette variété qui légitime tout l’aspect RPG du soft. De la participation aux quêtes annexes généreuses en récompenses (ressources, points d’expérience, ou équipement) à l’utilisation d’un artefact, tout s’imbrique d’une remarquable manière. Difficile en effet de venir à bout du Gardien Fantôme (étape obligatoire dans le scénario), sans être habillé du Manteau Araignée que nous lâche Skelton durant la campagne de Fiona (quête annexe). De la même manière, le choix de nos unités s’avère crucial dans certains affrontements, les places étant limitées. Ecarter les Gardes d’Ebène et privilégier les squelettes ou donner le rôle principal aux unités de bases plutôt qu’aux puissantes et expéditives unités dites d’Elite et Légendaires sera souvent payant. De plus, la perte de ces petites mains est sans conséquence contrairement à celle des deux types d’unités supérieures, ces dernières étant coûteuses en ressources et susceptibles de mourir. Si globalement Might & Magic : Clash of Heroes affiche une certaine exhaustivité (notamment grâce à la présence de modes Combat Rapide et Multijoueur) et une maîtrise à tous les niveaux, on ne peut s’empêcher de déplorer quelques soucis mineurs. Inutile de revenir sur le scénario à deux francs six sous, passons au second point de discorde du titre : son esthétique japonisante qui fait un peu peine à voir. Les puristes de la licence seront malheureux de constater que leur univers fétiche a été passé à la moulinette Totally Spies pour un résultat qui sonne faux qu’on soit adepte de Might & Magic ou de manga. La musique, pourtant dans le ton, n’est pas en reste non plus, tandis que la prise en main au stylet est perfectible. Dommage, les graphismes étant suffisamment mignons et réussis pour un jeu du genre.