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Retrouvez plus bas la suite de notre test de Max Payne 3
- Une réalisation flamboyante
- La qualité de la narration
- Max Payne, quel charisme !
- L'I.A. au top
- Une B.O. qui marque les esprits
- Un mode multijoueur solide
- Encore un chef-d'oeuvre signé Rockstar
- Un gameplay par moments rigide
- Les modes "Arcade" et "New York Minute" anecdotiques
- Les Défis aussi
- La campagne solo courte
Inutile de grapiller des signes en revenant sur l'historique de la franchise Max Payne, cas d'école par excellence lorsqu'il s'agit d'évoquer l'une des premières apparitions du bullet time dans les jeux d'action. Et si la mémoire a flanché depuis la sortie de Max Payne 2 : The Fall of Max Payne sur PC en 2003, Wikipedia est là pour remettre les idées en ordre. Dans Max Payne 3, comme dans la majorité des oeuvres signées Rockstar Games d'ailleurs, la narration occupe une place de choix et est mise au service d'un scénario sculpté par Dan Houser, déjà à l'origine de l'histoire fabuleuse de Red Dead Redemption. Dans ce troisième épisode de la série, Max est méconnaissable, et pour cause : ses traits de beau gosse ont été ravagés par l'alcool, les analgésiques et les remords qu'il éprouve depuis la mort de sa femme et de son enfant. Cela fait maintenant douze ans que l'ex-flic de New York a quitté les Etats-Unis pour São Paulo, où il est responsable de la sécurité de Rodrigo Branco, un richissime homme d'affaires dont la profondeur du portefeuille attise naturellement la convoitise des gangs. Mais son plus beau trophée reste sa femme Fabiana, même s'il est conscient que sa fortune ne pourra jamais acheter son amour. L'intrigue de Max Payne 3 repose sur les épaules d'autres protagonistes que nous ne dévoilerons pas ici, et qui participent à la richesse de l'univers du jeu. Jamais le Brésil n'a été aussi bien retranscrit dans un jeu vidéo, des soirées mondaines à bord d'un yacht de luxe à la misère qui bouffe les favelas. Et puis, comme c'est souvent le cas avec les héros de Rockstar Games, on a droit à un Max archi charismatique aux répliques percutantes. Le joueur est plongé au coeur de ses états d'âme au fil des quatorze chapitres qui composent l'aventure, et c'est avec une certaine émotion - pas aussi forte que pour Red Dead Redemption, c'est vrai - qu'on pose la manette une fois Max Payne 3 bouclé. Une habitude avec les frangins Houser.
Jamais le Brésil n'a été aussi bien retranscrit dans un jeu vidéo, des soirées mondaines à bord d'un yacht de luxe à la misère qui bouffe les favelas."
Bien au-delà de la qualité de son script, Max Payne 3 s'appuie également sur un gameplay solide, huilé, en béton armé. On pense bien évidemment au bullet time qui fait partie des fondations de la série. En multipliant les frags, il est en effet possible de remplir la jauge d'Adrénaline avant de presser LB/L1, et de ralentir ainsi le temps afin de mieux ajuster les ennemis. Puisque Rockstar Games avait à coeur de ne pas renier les origines de la licence, le Shootdodge - le fameux plongeon légendaire - a lui aussi été conservé, histoire que Max claque quelques headshots avec classe. Mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce signature move est avant tout un moyen de défense redoutable, puisqu'il permet de passer d'une planque à une autre tout en continuant d'arroser les adversaires. Le level design de Max Payne 3 le sublime de manière efficace, et puisque les environnements sont destructibles, plonger à travers une vitre est une option envisageable lorsque l'on se retrouve acculé contre un mur. En parlant de décors, ceux du jeu n'oublient pas d'être interactifs, et entre les pompes à essence que Max peut faire exploser, les bonbonnes de gaz placées ici et là, ou encore les ponts élévateurs susceptibles de s'écrouler sur les antagonistes, il existe plusieurs façons d'économiser ses munitions. Là où Max Payne 3 fait fort aussi bien qu'il ne s'agisse pas vraiment d'une révolution, c'est au niveau de l'I.A. qui se montre dynamique, c'est-à-dire que les réactions des ennemis vont être différentes en fonction de la classe à laquelle ils appartiennent. S'il est facile de flinguer des petites frappes des favelas qui se prennent pour des G.I., on morfle en revanche sévère face à des paramilitaires surentraînés. Déjà parce qu'ils ne foncent pas tête baissée sur Max, et puis parce qu'ils n'hésitent pas à le prendre à revers pour le contraindre à sortir de sa cachette.
Payne perdue
L'équipement n'est pas le même non plus : si la racaille du coin se contentera d'un short, d'un t-shirt et d'une paire de tongs, les vrais soldats vont se munir d'un gilet pare-balles, d'un casque de protection ou encore d'une paire de jambières avant de partir au combat. Du coup, les gunfights varient en intensité et obligent à switcher constamment d'arme pour ne pas mordre la poussière. A ce sujet, l'arsenal de Max ne change pas réellement de ce que l'on peut voir chez la concurrence au final, mais le moteur physique du jeu fait la distinction entre un fusil à pompe et un magnum. En d'autres termes, le personnage aura beaucoup plus de mal à se déplacer en transportant des armes lourdes, un constat encore plus implacable lorsque l'on opte pour un niveau de difficulté élevé, où la moindre approximation peut-être fatale. Le poids des armes est également pris en compte lorsque l'on se retrouve au sol : cibler est plus délicat et chaque mouvement nécessite deux fois plus d'efforts de la part de Max. Dans ces circonstances, la visée à 360° est d'une aide précieuse, et en inclinant le stick droit il est possible de tirer dans n'importe quelle position, avant de se relever et de poursuivre sa route. Pour accroître la puissance de ses tirs, le héros a le choix de s'emparer de deux armes à la fois, ce qui n'est valable que pour celles dites légères. Les munitions partent plus vite aussi, mais c'est l'occasion d'admirer la kill cam que l'on peut activer en pressant A/Croix à chaque fois que l'on élimine le dernier ennemi de la zone. Max Payne 3 a clairement de l'action à revendre et les scènes musclées ne manquent pas, comme lorsque Max doit couvrir son pote Raul Passos au sniper dans les tribunes d'un stade de football, ou encore quand on se retrouve face aux paramilitaires à bord du tramway de l'aéroport de São Paulo ; sans oublier la scène où les deux compères sont pourchassés par les terroristes en hors-bord.
Puisqu'il faut bien parler des graphismes, ceux de Max Payne 3 affichent des textures d'une richesse incroyable, surtout lorsque l'on met les pieds dans les favelas."
Cela dit, l'exploration n'a pas été laissée de côté et il est indispensable de fouiller chaque recoin, non seulement pour reconstituer les armes en or, mais aussi et surtout pour débusquer les fameux analgésiques dont Max est devenu accro, et qui lui permettent de se refaire une santé. D'ailleurs, celle-ci est mesurée par le biais d'un pictogramme sur lequel il faut régulièrement jeter un oeil, tant les événements s'enchaînent parfois à la vitesse de la lumière. Dépendant comme il est, l'ex-flic est capable de se constituer un petit stock d'analgésiques, ce qui offre deux possibilités au joueur : soit presser le pad directionnel vers le haut pour panser les plaies du bonhomme, soit s'en remettre à ce qui s'apparente à une vendetta. Plus concrètement, lorsque le personnage est sur le point de mourir après avoir reçu une balle, il a une ultime chance d'abattre l'ennemi à l'origine du dernier coup de feu, le tout dans une séquence en slow motion. Là où l'exercice s'avère assez périlleux, c'est que l'angle de tir dépend grandement de l'impact de la balle reçue par Max. En effet, sa chute varie selon qu'il soit touché à l'épaule ou au genou par exemple, et dans un environnement où le champ de vision n'est pas dégagé, cette tactique n'est pas vraiment payante. Dans ce cas, il est nettement préférable d'ingurgiter les analgésiques soi-même, quitte à avoir l'impression d'en surconsommer. D'autant que repérer puis cibler l'auteur de la dernière balle n'est pas nécessairement aisé, particulièrement avec des traîtres qui se planquent derrière un carton à l'autre bout de la pièce. N'empêche, c'est ce qui rend les fusillades de Max Payne 3 aussi grisantes. Quoi qu'il en soit, si le baroud d'honneur fonctionne, la partie reprend avec un analgésique en moins, juste après une petite kill cam tant qu'à faire. Dans le cas contraire, c'est game over.
Moro no Brasil
Puisqu'il faut bien parler des graphismes, ceux de Max Payne 3 affichent des textures d'une richesse incroyable, surtout lorsque l'on met les pieds dans les favelas. Cette pauvreté qui pourrit les bidonvilles brésiliens est quasi palpable, et Rockstar Games a eu l'intelligence de se servir de sa maîtrise de l'open world, afin de rendre les ruelles encore plus vivantes. Deux gamins qui improvisent un match de foot sur un terrain vague, des ivrognes qui se disputent une bouteille d'alcool, des habitants qui ferment les volets dès que Max s'approche de leur domicile, les clubbers qui prennent la fuite lorsque les malfrats font irruption dans la boîte de nuit, on sait quelles influences ont inspiré les développeurs du jeu. Même les expressions faciales des personnages ont fait l'objet d'un travail remarquable, leur modélisation également, et rares ont été les fois où les ralentissements sont venus écorcher ce spectacle visuel. Les transitions entre les cut scenes et les phases de jeu se font avec une fluidité exemplaire, et ce traitement graphique - très caliente par moments - monte en puissance au fur et à mesure que l'on s'approche du dénouement final. Ah oui, chapeau aussi pour cette B.O. grandiose qui transporte le joueur au fil des pérégrinations de Max, et il y a des morceaux qui marquent réellement les esprits, comme ceux du nightclub ou encore le thème principal du jeu, pour faire court et direct. Enfin, on ne peut pas finir ce test de Max Payne 3 sans évoquer le mode multijoueur. Tout a pratiquement déjà été dit sur les parties à plusieurs, et ceux qui souhaitent se remémorer les festivités prévues peuvent se rendre ici et là. On rappellera juste l'ajout du système de Crews qui offre l'occasion de rejoindre jusqu'à cinq clans, avec une différence nette en les Crews privés et ceux publics. Les premiers seront réservés uniquement aux amis, alors que les seconds ne nécessiteront aucun critère d'adhésion. Et comme l'avait précisé Rockstar Games par le passé, les Crews s'étendront au reste de ses productions, GTA 5 en tête.