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Contrairement aux apparences, la nouvelle production de 2K Czech n'est pas vraiment un jeu bac à sable à la GTA. Ceux qui espéraient profiter d'un monde véritablement ouvert avec de multiples activités annexes peuvent passer leur chemin car, fidèle à son prédécesseur, Mafia II raconte avant tout une histoire. Certes, on aurait tout de même aimé pouvoir profiter d'un mode "freeride" équivalent à celui de l'opus précédent, mais l'essentiel est ailleurs. Dans le déroulement du scénario avant tout, conté à travers de nombreuses scènes cinématiques, et l'ambiance cinématographique qui s'en dégage. Dans la beauté et la fluidité des graphismes ensuite, qui nous permettent d'évoluer dans une ville crédible et séduisante. Dans les souvenirs qu'on gardera de tout cela enfin, car Mafia II est surtout une aventure qu'on n'oubliera pas de si tôt.
- Ambiance cinématographique
- Graphismes très plaisants
- Pas de temps mort
- Bande originale riche
- La grosse référence au premier Mafia
- Les Playboy à collectionner
- Bonne VF
- Caméra parfois trop proche du héros
- Un peu trop de clones
- Une fin assez quelconque
- Pas de mode libre
- Politique de DLC
- Pas de VOST
Sorti en 2002 sur PC et consoles, Mafia avait su s'attirer les faveurs de la plupart des critiques et de nombreux joueurs, malgré une certaine propension à avoir le séant entre deux chaises. Très clairement inspiré par les films de gangsters les plus célèbres (la trilogie du Parrain en tête), il développait un scénario fouillé et forcément linéaire, tout en offrant au joueur une ville ouverte, avec ses innombrables voitures à voler et piétons à éviter/écraser. Et Mafia II alors ? Et bien, il s'agit tout simplement de la digne suite du premier épisode.
Après les aventures de Tommy Angelo dans la ville fictive de Lost Heaven, voici donc venir les pérégrinations de Vito Scaletta dans la tout aussi imaginaire cité d'Empire Bay. Nous sommes dans les années 40, et grâce aux relations de son ami d'enfance Joe Barbaro, notre homme passe du statut de soldat en permission à celui d'ex-combattant, prétendument trop blessé pour pouvoir retourner au combat. Les deux compères ne vont pourtant pas manquer d'émotions fortes puisque les nombreuses activités illégales réalisables en environnement urbain les attirent nettement plus qu'un travail honnête et mal payé. Au fil du temps et des missions, ces petites frappes vont donc finir par intégrer la mafia locale. Pour autant, aucun des deux ne deviendra parrain à la place du parrain. Le scénario privilégie les situations complexes, voire inextricables, et ne tombe jamais dans le syndrome du super-héros à qui tout réussit. Certaines scènes évoquent même une véritable descente aux enfers, puisque le jeu ne s'embarrasse jamais de politiquement correct. Cela donne parfois le meilleur, à l'image de ces vannes cruelles sur les différentes communautés raciales, qui n'auraient pas dépareillé dans le Gran Torino de Clint Eastwood. Ou le pire, comme ce vomitif chapitre 7 où scatologie, machisme et morbidité travaillent de concert pour atteindre des sommets de vulgarité. A l'exception de la tenue des filles de joie, plus suggestive qu'explicite, Mafia II assume donc pleinement son statut 18+. D'ailleurs, que les amateurs de poitrines dénudées soient immédiatement rassurés : la possibilité de ramasser des magazines Playboy disséminés ici et là dans le décor les comblera d'aise. Chacun des cinquante numéros cachés donne accès à l'image (parfois un peu trop retouchée) d'une Playmate d'époque, sur laquelle on ne manquera pas de zoomer à loisir. Pour l'anecdote, les collectionneurs dans l'âme pourront également partir à la chasse aux affiches "Wanted", présentant des portraits de vrai-faux criminels et consultables par la suite dans le menu bonus.
Inspiré par GTA, mais pas un GTA-like
D'autres activités facultatives sont également disponibles. On pourrait citer le tabassage gratuit de passants, le vol de véhicules (par de car-jacking ni de bris de vitre avant, ou de crochetage de serrure via un mini-jeu d'adresse), l'enrichissement grâce à la revente ou le passage à la casse de ces véhicules mal acquis, l'achat de boisson, de nourriture ou de vêtements dans les quelques échoppes visitables de la ville, ou encore le braquage de ces mêmes magasins, qui amèneront la plupart du temps à un affrontement ou une course-poursuite avec la Police. Tout cela rappellera immanquablement des souvenirs aux fans des GTA, mais ils feraient une grave erreur en prenant Mafia II pour un véritable émule de leur titre préféré. Malgré une certaine liberté laissée au joueur, la ville d'Empire Bay n'offre au final qu'un nombre restreint de distractions et ne saurait en aucun cas suffire à elle seule pour distraire le joueur. L'aspect bac à sable est totalement secondaire et sert surtout de respiration, notamment en tant qu'introduction et conclusion de la plupart des missions. En effet, les chapitres commencent souvent par un coup de fil à Vito, pour l'informer de son prochain lieu de rendez-vous. Un passage au garage ou un braquage de caisse plus tard, et nous voici en train de slalomer à toute vitesse parmi le trafic d'Empire Bay. Les joueurs prudent enclencheront alors le limiteur de vitesse et respecteront le code de la route, tandis que les têtes brûlées n'hésiteront pas à braver les forces de l'ordre en fonçant à toute vitesse et en créant de multiples accidents. La Police étant nettement plus laxiste et facile à semer que dans le premier Mafia, les risques ne sont pas bien grands. Même en cas d'avis de recherche placé sur notre tête, ou notre véhicule du moment, inutile de paniquer. Il suffit de changer de vêtements ou de modifier la plaque d'immatriculation dans un atelier de carrosserie pour se refaire une virginité. Sans compter que le paiement d'amendes ou de pots-de-vin fonctionne également.
La classe américaine
Mais vous l'aurez compris, le cœur du gameplay et le véritable intérêt de Mafia II résident ailleurs. Avant tout, c'est l'ambiance mafieuse des années 40 et 50 qui séduit le joueur. Pour quiconque apprécie les atmosphères cigarettes, whisky et p'tites pépées, c'est un véritable régal que d'assister aux réunions des pontes de la criminalité lors des scènes cinématiques et de déambuler dans les rues d'Empire Bay. Si les bâtiments ouverts à la visite sont rare, ils sont en contrepartie extrêmement détaillés. Paquet de chips éventrés et vaisselle sale dans les cuisines, cendriers et photos de famille dans les salons, posters de pin-ups et piles de magazines dans les toilettes, mobilier classieux ou kitsch dans toutes les pièces, c'est un véritable musée de la vie quotidienne qui est affiché sous nos yeux. Le tout est mis en valeur par un moteur graphique puissant, qui combine efficacement esthétisme et fluidité. Y compris en extérieur puisque les artefacts de pop-up sont rares, tandis que les effets météo subliment les décors. Diffraction des phares dans la brume, reflets sur le bitume mouillé et traces de pneus dans la neige, on en viendrait presque à regretter la présence de périodes ensoleillées. Les oreilles sont aussi bien traitées que les yeux puisque les trois stations radio de la ville diffusent une bande son variée et enthousiasmante, qui fait la part belle au rock, aux grands classiques américains et au rhythm & blues. Les chansons, nombreuses, se répètent rarement et sont entrecoupées de messages publicitaires ou informatifs toujours intéressants. Certains d'entre eux évoquent les grands événements de l'époque ou détaillent de violents incidents locaux auxquels Vito est rarement étranger. C'est d'ailleurs l'occasion de pointer du doigt l'un des rares défauts de la VF, puisque ces messages ne sont ni traduits ni sous-titrés. Heureusement, il en va autrement de tous les autres dialogues qui bénéficient d'un doublage en français très convaincant. On aurait tout de même apprécié la présence d'une version originale sous-titrée, qui aurait encore plus ajouté à l'ambiance américaine. Très bon point en revanche pour la connexion surprise avec l'histoire du premier Mafia. A la fois ponctuelle et puissante, nous ne la détaillerons toutefois pas ici pour ne pas gâcher la surprise. La force de l'ambiance tient à également à de petits détails, comme les conservations anecdotiques qu'on peut capter à l'occasion. Mention spéciale pour ces veilleurs de nuit qui discutent de l'achat récent d'une superbe télé noir et blanc et imaginent un futur totalement improbable, où l'on pourrait contrôler les mouvements et les tirs d'un petit bonhomme dans l'écran à l'aide d'un boîtier.
Malgré une certaine liberté laissée au joueur, la ville d'Empire Bay n'offre au final qu'un nombre restreint de distractions et ne saurait en aucun cas suffire à elle seule pour distraire le joueur. L'aspect bac à sable est totalement secondaire et sert surtout de respiration, notamment en tant qu'introduction et conclusion de la plupart des missions."
Aussi interactif soit-il, un film n'est pas un jeu et Mafia II compte également sur une bonne dose d'action et un soupçon d'infiltration pour attirer le gamer. La première de ces composantes tient essentiellement aux nombreuses fusillades qui ont lieu durant l'aventure. Puissantes et précises, les armes sont agréables à utiliser, tandis que le système de couverture remplit parfaitement son office. Une touche suffit pour se planquer immédiatement vers l'abri visé et, selon sa hauteur, adopter automatiquement une position debout ou accroupie. Testé sur PC, le jeu fonctionne aussi bien avec une manette qu'avec le combo clavier/souris et, surtout, gère parfaitement, immédiatement et de manière transparente la transition entre les deux. Parfait pour conduire avec souplesse au pad analogique, viser avec précision à la souris et combiner ainsi le meilleur des deux mondes, l'affichage des aides à l'écran s'adaptant instantanément au périphérique actuellement manipulé par le joueur. Au delà des fusillades, Mafia II réserve également son lot de combats à mains nues, notamment lors d'un niveau à la fois digne de Prison Break et de Fight Club. Coup puissant, coup rapide et esquive, le système et les rares combos autorisés sont simples, voire simplistes. Mais, une nouvelle fois, ces scènes servent surtout l'ambiance et ne se destinent pas aux fanas des jeux de baston. Les mécanismes d'infiltration sont un peu plus riches puisqu'ils font parfois appel à des déguisements (de manière scriptée dans des missions bien précises), autorisent la marche furtive, la mise hors-service des ennemis approchés discrètement par derrière, et le déplacement des corps inanimés. Les niveaux suffisamment peu peuplés pour mettre à profit ces mécanismes sont rares mais toujours bienvenus.