16 20
Si l’on devait résumer le tableau, on pourrait dire que Le Seigneur des Anneaux Online : Les Ombres d’Angmar présente quelques points encore perfectibles (quête mal dosée, etc.) comme tout démarrage de MMORPG en somme. L'arrivée d’une grosse mise à jour d’ici moins de deux mois devrait corriger bon nombre de défauts et le jeu devrait suivre cette évolution de qualité. Auteur remarqué de Asheron’s Call et de Dongeons & Dragons Online, Turbine a réussi à concilier à merveille deux idées : créer un MMORPG suffisamment accessible pour tous et respecter les attentes d’un public exigeant. Respecter l’univers de Tolkien était effectivement un pari osé et difficile. L’attente aura été longue et si malheureusement le jeu est assez classique dans son approche, le dynamisme des quêtes et l’ambiance générale font de ce jeu un titre à ne pas manquer.
- Le monsterPlay
- L’ambiance globale
- Personnalisation de son avatar
- Maturité des joueurs
- Une réalisation réussie
- La quête épique
- L’univers du Seigneur des Anneaux, tout simplement
- Certains décors un peu vides
- Quelques défauts
- Assez peu de classes
La volonté de Tolkien est maintenant faite. Un seul anneau a réussi à les amener tous et à fédérer une large communauté dans un même objectif. La Terre du Milieu se prépare à connaître le pire et à entrer dans un Nouvel Age. Celui des Ténèbres ? Cela ne dépend que de vous…
Le développement du Seigneur des Anneaux Online fait partie des plus tumultueux du jeu vidéo au point qu’il a été longtemps rangé dans la catégorie vaporware. Un fait assez étonnant quand on pense à la portée économique d’une telle licence. L’affaire commence en 1998 avec Sierra mais ne donne pas de véritables suites. Alors que Electronic Arts préfère acquérir les droits cinématographiques, Vivendi opte pour les droits littéraires du Seigneur des Anneaux et missionne Turbine en 2003 de développer un jeu en ligne dans cet univers : Middle Earth Online. Accumulant retard sur retard, Turbine doit assumer le retrait de l’implication de Vivendi et se mettre en quête d’un autre éditeur avec des reins solides. Sentant le bon filon, Codemasters les accueille les bras ouverts et l’aventure se termine (ou ne fait que commencer, c’est selon) enfin le 24 avril dernier. Les quelques semaines à venir lui donnent raison. Le Seigneur des Anneaux : Les Ombres d’Angmar est un véritable succès, peut-être sous estimée par ses propres développeurs si l’on prête attention à la saturation imprévue des premiers serveurs. Qu’on se rassure, WoW dispose encore d’une sacrée marge mais est surclassé sur un point très particulier : la maturité des joueurs. Nous avons accumulé au compteur plusieurs dizaines d’heures sur la Terre du Milieu et pas une fois nous n’avons croisé des petits kevins ou de patronymes de style "LegolasWeshdu33". C’est d’autant plus étonnant quand on pense à l’euphorie "Seigneur des Anneaux générée par les films ou encore la relative accessibilité du titre et donc qui n’est pas un "frein". En effet, il faut compter environ 13 euros par mois et l’on peut également souscrire à un abonnement à vie ! Si l’on inclue le packaging avec, l’investissement sera rentabilisé au bout de 14 mois, ce qui reste raisonnable pour les gros joueurs.
Un MMO pour te dire je t'aime
Qu’on se le dise, il n’est pourtant l’instant possible d’incarner qu’un héros d’une race de l’Alliance et bien évidemment pas les personnages principaux : Aragorn, etc. On sera toutefois amené à les rencontrer au cours de nos périnégrations et principalement lors de l’accomplissement de la quête épique. Turbine s’est laissé une marge confortable pour la suite des opérations. En effet, seule la région de l’Eriador a été modélisé. Le territoire est suffisamment vaste pour le moment mais il faudra probablement patienter un moment avant de pouvoir arpenter les terres du Rohan, du Gondor ou encore du Mordor. Du coup, l’histoire ne couvre pour l’instant que les premiers chapitres des livres, à savoir la fuite de Frodon de la Comté et les péripéties du Poney Fringant. Une intrigue suffisamment riche pour former toutefois un excellent complément aussi bien aux livres qu’aux films. On y apprend notamment quelques détails relativement croustillants pour les fans : la recherche de Frodon par les Nazgûls, comment Aragorn a-t-il su qu’il serait au Poney Fringant ou encore le rôle de ces mystérieux rôdeurs. Alors bien entendu, on est relégué à des tâches bien plus ingrates que celle du porteur de l’anneau : "tuer X monstres", "ramasser 10 fleurs de lys", "ramener un gant matelassé à un bûcheron", "récupérer des objets volés", etc. mais aussi de façon générale participer à la défense et la reconstruction des villes détruites ou encore aider la confrérie des rôdeurs. Généralement menées avec panache, certaines quêtes apportent une touche d’humour bien sympathique : jouer les courriers du cœur, amener un seau d’eau à tel endroit sans le faire tomber ou encore suivre discrètement un chien. Le farmage ou plus communément les joueurs acharnés à taper du monstre toute la journée n’y trouveront pas leur compte car le système d’expérience ne joue pas en leur faveur. Tuer un monstre, même de classe Elite ou de niveau supérieur au sien ne rapporte pas grand-chose. Il était capital que le jeu véhicule les valeurs du Seigneur des Anneaux : entres autres l’amitié, l’esprit d’équipe et le partage. A ce titre, le système de quêtes est logiquement au centre du jeu. Vraiment nombreuses, il est possible d’en accomplir beaucoup en solo mais composer un groupe (jusqu’à 6 personnes) est la manière la plus efficace pour y parvenir.
C’est bien connu, l’union fait la force et les groupes peuvent effectuer des "manœuvres" dévastatrices. Similaire à un combo surpuissant, chaque joueur doit alors choisir une couleur parmi 4 disponibles. Les combinaisons sont nombreuses et les effets peuvent être décuplés si les membres de la communauté optent le même coloris. Quant au reste, la progression de son personnage est honteusement classique par rapport aux autres MMORPG et Le Seigneur des Anneaux Online peine à se démarquer. Même remarque au niveau de l’artisanat où c’est en forgeant que l’on devient forgeron, c'est-à-dire qu’il faut par exemple filer un grand nombre d’armure en cuir pour augmenter au niveau supérieur et avoir accès à un plus large choix de création. Concrètement, 7 vocations sont accessibles et l’on peut alterner de l’une à l’autre sans problème si ce n’est celui d’abandonner son savoir-faire (repartir avec 0 point d’expérience). Chacune vocation est un cumul de trois des professions suivantes : cuisinier, fermier, forestier, érudit, bijoutier, ferronnier, prospecteur, tailleur, fabricant d’armes et menuisier. Concernant le combat, lorsque la jauge de moral de son avatar chute à 0, on est immédiatement téléporté dans un lieu en sécurité. Pas de perte d’expérience et encore moins d’équipement. Succomber à ses blessures peut ne paraître donc pas très pénalisant : on est frappé durant une dizaine de minutes d’effroi affectant nos capacités et le matériel est endommagé. C’est là qu’on touche une corde sensible : les réparations sont souvent coûteuses. Si l’on accumule les dépenses à celle des déplacements en cheval, la facture peut rapidement salée jusqu’à que l’on puisse disposer de son propre canasson à un haut niveau. Et la boucle se boucle donc : il faudra donc taper du monstre pour pouvoir récupérer quelques deniers sur le marché en échange de leur drop. Accessoirement, la salle des ventes fait un peu office d’enchère. Exit les PNJs pour s’en remettre au plus offrant des joueurs humains. Enfin, il est tout à fait possible de racheter un objet que l’on aurait malencontreusement vendu par erreur ou dont on ne voyait pas l’utilité auparavant.
L’oignon fait la force
On a oublié de commencer par le commencement : la création de son personnage. Sans atteindre des sommets, on peut peaufiné avec soin les traits de son avatar et travailler son background : définir toute une biographie, choisir sa génération, etc. En revanche, le nombre de classes disponibles pourra en effrayer quelques uns : seulement 7. Bien équilibrées cependant, elles correspondent grosso modo à l’archétype des héros de ce type d’univers : le voleur, le ménestrel, le champion, le gardien, le capitaine, le chasseur et le maître du savoir. Pour coller davantage à l’univers de Tolkien, la magie se veut assez discrète et il n’y a pas à proprement parler d’une classe de mage. Pas la peine d’en espérer apparaître une un peu plus tard, ces pouvoirs sont accessibles uniquement à quelques élus comme Gandalf et le Conseil Blanc par exemple. Enfin, les premières heures sur la Terre du Milieu constitue une expérience différente en fonction de la classe choisie. Concrètement, il s’agit d’un prologue sous la forme d’une instance où l’on est accompagné dans sa progression jusqu’à maîtriser toutes les bases du jeu. C’est là d’ailleurs que l’on se rend vite compte de notre erreur de perception à propos de la personnalisation de son avatar à priori limitée. Turbine nous a réservé quelques surprises notamment par les points de destinée, les traits ou encore les titres. Ces derniers sont accordés à la suite d’une action particulièrement glorieuse (prouesse) et peuvent être mis en évidence aux yeux du monde en l’accolant à son patronyme. Ainsi, ne pas mourir durant les 5 premiers niveaux permet d’acquérir le titre de "Le Prudent". Il peut également être une source de justification de farmage. Massacrer un nombre important d’araignées pourra par exemple vous faire gagner un nouveau titre. Simple. Chaque région permet d’accomplir d’autres types de prouesses à tout moment de la partie : trouver les coins secrets de la vieille forêt, repérer les monuments anciens sur lequel est inscrit l’histoire des Dunedains, rendre service aux habitants de la région en accomplissant un certain nombre de quêtes, etc. Ces dernières permettent de débloquer des "traits", assimilables ensuite par votre personnage auprès d’un barde. Classifiés en plusieurs catégorie (vertus, race et classe), les traits correspondent en quelque sorte au caractère de votre avatar : empathie, etc. Enfin, les points de destinée permettent d’améliorer temporairement votre personnage dans ses caractéristiques : moral, puissance ou même encore vitesse de déplacement. On peut en glaner à chaque passage de niveau ou encore dans le "Monster Play".
Au jour d’aujourd’hui, il devient assez inconcevable d’imaginer un MMORPG sans une fonctionnalité PvP (Player Versus Player). Le Seigneur des Anneaux Online : Les Ombres d'Angmar présente une alternative intéressante baptisée "Monster Play". En sus des matchs d’entraînements pour se mesurer aux autres sans aucun risque, il est possible d’accéder dès le niveau 10 à un bassin divinatoire des ténèbres d’une grande ville. Dès lors, on peut incarner au choix 5 créatures des ténèbres directement au level 50. On peut partir à la course aux points de destinée en mettant au tapis les ennemis aux alentours ou alors par l’accomplissement des nombreuses quêtes à effectuer dans la région. Davantage réservé aux esprits sadiques, on peut également s’amuser à harceler les joueurs courageux ou assez fous pour s’aventurer dans les landes d’Etten. Si on pouvait y gambader gaiement dans cette zone il y a encore quelques jours, il n’aura pas fallu longtemps à certains pour atteindre le niveau maximum et inverser la donne. A plusieurs reprises, nous nous sommes d’ailleurs fait bien corriger. Reste à voir comment la situation évoluera dans l’avenir lorsque davantage de joueurs auront atteint le pallier ultime.