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Plus mature que le premier épisode sur de nombreux points, LittleBigPlanet 2 en est également une copie carbone qui ajoute plus qu'elle ne corrige. Le jeu de Sony n'est donc pas meilleur ou moins bon que son aîné, il apporte simplement de nouvelles possibilités par dessus ses lacunes. Un ensemble de gadgets et de mécanismes que les créateurs en herbe vont s'empresser d'essayer et de partager, si toutefois le fait de racheter un jeu neuf pas foncièrement nouveau ne les arrête pas. Les nouveaux venus très patients découvriront eux un titre d'une richesse ahurissante, abritant d'innombrables outils pour coller à leur imagination. Reste à accepter le contrat ludique et les heures d'apprentissage. On ne devient pas Sackboy en un jour.
- Techniquement très abouti
- Un univers très accrocheur
- Des musiques variées et de qualité
- Sackboy toujours aussi attachant
- Une profondeur incroyable
- Les Sackbots
- Le Contrôlinateur
- Le partage de niveaux
- Mode aventure plus intéressant..
- Complexe
- … mais encore perfectible
- Lacunes toujours d'actualité
- Maniabilité de Sackboy en Aventure
- Le PSMove gadget
- L'éditeur à la manette pas idéal
- Complexe
Catapulté comme jeu bac-à-sable ultime dès sa sortie, LittleBigPlanet premier du nom laissait effectivement espérer de grandes choses grâce à sa communauté qui s'est rapidement montrée très active. Entre 40 plagiats de Mario et quelques hommages à Ico et Shadow of the Colossus bien menés, il était en effet possible de dénicher quelques petites perles qui donnaient une idée des possibilités de fond du titre de Media Molecule. Le tout malgré des défauts de conception évidents. Après un passage pas vraiment convaincant sur PSP, la série de Sony revient sur ses terres originelles avec LittleBigPlanet 2. Le syndrome de la mise en jour a-t-il encore frappé ?
Malgré son côté one-shot qui n'appelait pas vraiment une suite, LittleBigPlanet s'est vu offrir un nouvel épisode portant simplement le nom de LittleBigPlanet 2 et qui tente donc de profiter de l'engouement plus ou moins justifié qui s'est formé autour de son prédécesseur. Une tâche qui passe par diverses démonstrations de nouvelles possibilités de créations, l'annonce d'un potentiel toujours plus important et une communication encore focalisée sur la craquant Sackboy. Un petit goût de déjà-vu qui devient d'ailleurs une certitude dès le démarrage d'une partie au sein du mode aventure. Bénéficiant tout de même d'un liant plus consistant qui passe par une véritable histoire et un enchaînement de niveaux qui offre davantage de logique, la partie déjà construite de LittleBigPlanet 2 conserve tout de même cet aspect passage obligé agencé sans grand génie. Obligatoire car seul moyen de récupérer un grand nombre d'objets rapidement afin de posséder suffisamment de matière pour la phase de création. Les divers stages traversés abritent en effet moult textures, items, décorations ou encore mécanismes qu'il vous faudra récupérer au fil de votre avancée. Une tâche relativement simple malgré quelques pièces à peine cachées, l'intérêt du mode aventure étant bel et bien de vous permettre de les collectionner avec un fond de divertissement. Un enrobage qui abrite heureusement quelques variations.
La physique de l'emploi
Outre la scénarisation assez sympathique qui permet de progresser avec un but certain, à savoir éliminer le terrible Negativitron, LittleBigPlanet 2 abandonné les enchaînement de leviers à tirer et de blocs à pousser pour des situations nettement plus nombreuses, à défaut d'être variées. Faisant preuve d'un level-design globalement inventif malgré des redites et des enchaînements de tableaux quelquefois trop mécaniques, le mode "Aventure" parvient à surprendre avec l'apparition de véhicules qui coïncide pour certains avec l'intégration de passages orientés shoot'em up. Si le lapin mécanique n'apporte pas grand chose et se contente de reposer sur un principe de gestion de sauts lunaires, les autres créatures se montrent un peu plus ingénieuses sans pour autant proposer des principes de jeu originaux. Le chiot peut en effet déplacer des blocs en aboyant au sein de puzzles très simples, tandis que le hamster se fait lui une spécialité de foncer à toute berzingue dans des murs friables lors de passages grisants mais limités. Plus intéressant, les phases de shoot à bosses de chameau ou à dos d'abeille offrent des challenges plus relevés avec pour cette dernière des changements de point de vue (de l'horizontal à la verticale) qui modifient soudainement l'expérience de jeu de façon intelligente. Des ajouts qui diversifient l'action mais qui ont tendance soit à se répéter, notamment dans dans le cas du shoot, qui revient sous des formes similaires à plusieurs reprises.
Faisant preuve d'un level-design globalement inventif malgré des redites et des enchaînements de tableaux quelquefois trop mécaniques, le mode "Aventure" parvient à surprendre avec l'apparition de véhicules qui coïncide pour certains avec l'intégration de passages orientés shoot'em up."
En plus de ces phases inédites, Sackboy peut désormais s'équiper d'outils qui lui apportent des capacités offensives et/ou de "soutien", comme un grappin ou encore un canon à gâteaux. Le, premier permet de s'accrocher à certains objets pour atteindre des endroits incessibles autrement et demande de très longues minutes avant d'être maîtrisé un minimum. Car une nouvelle fois, l'inertie du gameplay de LittleBigPlanet 2 rend fou et reste un réel frein à une expérience de jeu agréable. Un repos sur des acquis qui nuit réellement à des niveaux dédiés au grappin pourtant bien construits et rythmés avec brio. Il en va de même avec la seconde "arme" qui malgré une double utilité - éliminer les ennemis et coller des gâteaux n'importe où - exploitée de façon inventive, souffre d'un défaut de gameplay. Le fait d'être obligé de bouger la tête du petit héros avant chaque tir, sans simultanéité, est une lourdeur dont le joueur se serait sans doute bien passé. Il n'en reste pas moins que ces quelques nouveauté, associées à des plateaux beaucoup plus riches en possibilité que dans le premier opus font du mode aventure certes une collecte aux items déguisée, mais à laquelle le joueur découvrant la série sera plus facilement sensible. Le problème majeur étant que ces innovations apportent effectivement davantage de densité à l'ensemble mais qu'elles n'empêchent pas cette partie de LittleBigPlanet 2 d'être soumise aux mêmes lacunes de gameplay que son prédécesseur. Ces dernières étant encore plus visibles, surtout mises en relation avec des nouveautés qui peinent parfois à tirer pleinement parti du game-design de base. Un problème que ne rencontre pas la principale facette du jeu de Media Molecule, à savoir le mode de création de niveaux.
A la recherche du temps perdu
Grande force de la série, le mode d'édition de niveaux est une nouvelle fois au coeur de l'expérience du jeu et parvient même à se révéler plus complet que celui de son prédécesseur. En sus des désormais habituelles modifications de blocs, définition d'angles, réglages physiques ou encore conceptions de mécanismes complets, l'éditeur de LittleBigPlanet 2 tente cette fois-ci l'aventure de l' I.A complexe avec les Sackbots. Ces petits personnages au look paramétrable agissent en tant que NPC et peuvent être réglés via un système de causes/conséquences assez riche. Agressif ou peureux, fuyard ou collés à vous, ces robots de bois possèdent un circuit imprimé que vous avez la possibilité d'entièrement définir avec des chaînes de commandes pour pousser les Sackbots à interagir ensemble, viser une cible précise ou patrouiller en tenant compte de ce qui rentre dans leur champ de vision. Ce principe amène un supplément de vie très intéressant dans les niveaux avec la mise en place d'un possible système d'ennemis à esquiver ou à abattre selon des conditions précises, voire une sorte de simili Lemmings ou Oddworld : L'Oddyssée/Exode D'Abe. Une liberté créative qui se pare également du Créateurator, un casque qui vous donne l'opportunité de projeter n'importe quel objet de taille raisonnable, à l'image du lancer de gâteaux du mode aventure. Pouvant être utilisé avec les Sackbots, cet objet peut aboutir à des batailles rangées relativement délirantes, mais aussi à un système de progression original en fouillant un peu dans les possibilités offertes. Bien évidemment, les nouveaux moyens de transport que ce sont les chiots, abeilles et autre créatures mécaniques font leur entrée avec une customisation poussée, de la manière de les déclencher jusqu'à leur comportement.
Grande force de la série, le mode d'édition de niveaux est une nouvelle fois au coeur de l'expérience du jeu et parvient même à se révéler plus complet que celui de son prédécesseur."
Une richesse globale dans les réglages qui autorise un immense choix de possibilités de schémas ludiques, autant dans leur déroulement que dans leur concept. D'autant plus avec le principe des contrôlinateurs qui donnent au joueur le pouvoir non plus de contrôler Sackboy mais l'objet/véhicule sur lequel il se trouve après en avoir pris les commandes. Intégré de bases dans les créatures importées du mode aventure, le système du contrôlinateur permet d'affecter n'importe quel bouton de la manette PlayStation 3 à une fonction, que ce soit le déplacement, le tir, le saut, etc. Cet ajout est la base-même de la "facilité" à créer des niveaux de types shoot'em up, voire des Tetris-like, des beat'em all ou même un ersatz de Puzzle Bobble. Une fois que vous êtes fier de votre création, il est également envisageable de mettre en exergue tel ou tel passage en réglant la luminosité sur une zone précise à votre passage à la faveur d'un changement d'angle de caméra, le tout souligné par une partition musicale crée par vos soins grâce au nouveau séquenceur musical d'ailleurs loin d'être accessible de prime abord. Enfin, la gravité générale appliquée à un niveau peut-être redéfinie, ce qui rend enfin Sackboy contrôlable à plus de 150% de "pesanteur", ce qui n'était pas un pari gagné. Une fois ces bases acquises et si vous possédez assez de confiance en vous, vous pourrez lier vos différentes créations pour générer un jeu entier, cinématiques incluses. Les possibilités s'avèrent donc tout bonnement impressionnantes et la plateforme de partage de niveaux risque bien d'être rapidement envahis grâce à l'engouement que peuvent susciter ces nouvelles features. Car si le premier épisode laissait dubitatif sur la réaction de la communauté lors de sa sortie, le doute n'est plus d'actualité avec cette suite face aux innombrables créations mise en ligne depuis lors. Ce qui ne veut pas forcément dire que le ratio nombre de niveaux/qualité sera plus élevé.
Néanmoins, comme dans le mode aventure, cet ensemble de rajouts et de nouvelles possibilités est certes un plus mais s'en tient simplement à cela. Il est en effet toujours impossible d'intégrer ses propres textures et images, photos floues prises avec l'EyeToy exclues, et la précision du placement à la manette reste perfectible. De plus et même si on est loin du simple add-on, il n'est pas certain que les joueurs repassent à la caisse à 60€ pour retrouver un titre certes approfondi et maturé, mais qui avec son effet de surprise évaporé aura un arrière-goût amer de déjà-vu. Mais la plus grosse barrière de LittleBigPlanet 2 demeure l'investissement demandé au joueur. Ce dernier sait ce qu'il achète, mais avec sa communication basée sur la simplicité et l'accessibilité, le jeu de Sony risque fort de causer des déceptions à la chaîne. LittleBigPlanet 2 est complexe et demande de très longues heures de perfectionnement empirique. Il est en effet facile de fabriquer une ligne droite avec quelques uns des nouveaux blocs de saut pour atteindre deux pauvres plateformes qui se battent en duel. Il l'est beaucoup moins de générer un niveau rythmé, intéressant et carré. Avec ses innovations qui masquent une certaine stagnation de fond, LittleBigPlanet 2 n'est pas un mauvais titre, loin de là, mais il se soumet aux mêmes interrogations que son prédécesseur, l'importance du réseau en moins. Tout dépend quel type de joueur s'y essaye. Il faut juste garder en tête que ce jeu n'est vraiment amusant qu'après une période de labeur, se focaliser uniquement sur le mode aventure étant une erreur. Les stakhanovistes du pop-it trouveront eux de quoi renouveler la matérialisation de leur imagination, si toutefois ils sont prêts à repartir sur leurs bases.