Test Le Parrain 2 sur PS3

Sans suivre scrupuleusement le scénario du Parrain II, le jeu Le Parrain 2 (notez la nuance typographique) en reprend tout de même l'intrigue globale et quelques événements marquants. Une recette qui rappelle immanquablement celle appliquée au premier volet. De manière tout à fait logique, Don Vito a donc définitivement passé l'arme à gauche... ainsi que le relais à son fils, Michael. Le joueur incarne quant à lui un autre membre de la famille Corleone, le moins connu : Dominic. L'utilisation d'un personnage absent de la trilogie cinématographique autorise naturellement une certaine liberté de narration, mais permet également de profiter d'un outil de personnalisation de l'avatar. À la manière de ce qu'on trouve dans de nombreux MMORPG, on peut donc donner au héros le visage et la tenue de son choix. Bien que relativement poussée, cette option pourrait sembler anecdotique au premier abord. Il s'agit pourtant d'une utilisation pertinente de la 3D, qui apporte une forte valeur ajoutée à l'expérience. Il est toujours gratifiant de voir sa propre création réaliser les actions du jeu ou, encore mieux, être mise en scène lors des petites séquences cinématiques. Malgré son statut de personnage générique, Dominic croisera sur son chemin quelques têtes d'affiche comme Frank Pentangeli ou encore Hyman Roth. Ces références au film sont un véritable plus pour les cinéphiles et contribuent fortement à crédibiliser l'ambiance mafieuse. Il en va de même pour la bande-son, qui ne se prive pas pour  reprendre les meilleurs passages de la célèbre bande originale de Nino Rota. D'une manière plus générale, c'est toute l'ambiance du passage des années 50 aux années 60 qui est bien rendue. Lors de nos pérégrinations, on peut ainsi capter quelques conversations de quidams, qui semblent dubitatifs sur l'idée d'envoyer un homme dans l'espace, ou encore enthousiasmés par cette nouveauté technologique que représente la radio FM.

Leave the gun, take the cannoli

S'il commence l'aventure en tant que simple employé de Michael Corleone, Dominic doit très vite se faire un nom et devenir un véritable parrain à son tour. Pour cela, il lui faut prendre la tête d'un maximum de commerces et abattre les familles concurrentes.  Comme son prédécesseur, le jeu prend la forme d'un monde ouvert, dans lequel le joueur est libre de se balader. Pour se rendre sur les lieux de nos futurs crimes, on peut donc aussi bien emprunter les trottoirs de la ville que la première voiture venue. Mais loin d'être un simple jeu d'action, Le Parrain 2 bénéficie de nombreuses composantes stratégiques. Il faut tout d'abord gérer au mieux sa famille en engageant les bons soldats aux bons moments et en promouvant les meilleurs au rang de Capo. Différentes spécialités sont au menu, tel le bricoleur qui permet de rentrer discrètement dans certains bâtiments, le médecin qui nous remet sur pied en un clin d'œil si l'on tombe sous les balles, le cambrioleur qui ouvre les coffres comme personne, le démolisseur qui fait sauter les bâtiments, etc. Une fois les bons hommes recrutés, il faut savoir les répartir en permanence entre la garde rapprochée, qui épaule le héros lors des combats à main armée, et les actions distantes. Car les attaques sur les commerces et business concurrents peuvent se faire de manière active via la vue à la troisième personne, ou stratégique grâce à une carte de la ville nommée l'Oeil du Don. Cette dernière permet d'envoyer ses troupes à l'assaut pendant que l'on vaque à d'autres occupations. On peut aussi y gérer le nombre de gardes destinés à protéger chacun de nos commerces, évaluer l'état de nos finances ou encore étudier les arbres généalogiques des différentes familles. Pour éliminer les Capo concurrents, il faut impérativement rendre service à des passants dans la rue, afin d'obtenir des  informations cruciales sur la manière précise de s'en débarrasser. (étranglement, saut dans le vide, balle entre les deux yeux...). Sans cela, leur élimination physique n'aboutit qu'à un bref séjour à l'hôpital. La conquête des business doit également être réfléchie car en faisant main basse sur tous les établissements d'un type donné (prostitution, trafic d'armes, drogue, ateliers...) on obtient un bonus significatif (coût des gardes réduit, revenus doublés, gilets pare-balles...). Même l'intimidation des chefs d'entreprise n'est pas une simple affaire de gros bras, puisqu'il faut savoir doser la nature et le nombre de ses coups pour atteindre le point de rupture de chaque victime sans jamais dépasser le point de riposte. De nombreux autres paramètres viennent enrichir l'action et, sur le papier, le jeu a vraiment tout pour plaire. Hélas, la réalisation technique décevante vient largement tempérer les ardeurs.

Le Parrain 2 bénéficie de nombreuses composantes stratégiques. Il faut tout d'abord gérer au mieux sa famille en engageant les bons soldats aux bons  moments et en promouvant les meilleurs au rang de Capo."

A quelques détails près, Le Parrain 2 aurait presque pu sortir sur les consoles d'ancienne génération. Hormis les explosions et effets de flamme, les graphismes ne suscitent absolument jamais un quelconque enthousiasme, fût-il modéré. Les différentes villes représentées dans le jeu sont assez ternes, pas vraiment fidèles à leurs équivalents dans le monde réel et nettement plus petites. Ce dernier point est surtout valable pour New-York, qui sert essentiellement à introduire en douceur les différents concepts du jeu. Traverser The Big Apple d'un bout à l'autre en seulement quelques minutes de marche est un privilège réservé au monde du jeu vidéo... Les animations de course à pied font d'ailleurs peine à voir et ne rivalisent en médiocrité qu'avec la conduite des véhicules, pénible dès qu'on ne prend pas le volant d'une voiture de sport. Dans ces conditions, on ne sera pas vraiment surpris de constater l'absence de tout moteur physique et la présente de visages et véhicules clonés à l'infini. Pour couronner le tout, le jeu se permet quelques bugs ici ou là. Du genre voiture qui disparaît au moment de monter dedans ou dialogues qui se chevauchent... Enfin, on peut également regretter la facilité des combats, qui amoindrit la nécessité de se montrer stratège. Pas de quoi hurler à la catastrophe, mais ces désagréments sont suffisamment importants pour plomber sensiblement l'expérience de jeu. Reste à espérer qu'Electronic Arts corrige le tir pour le probable Parrain 3.