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Dans le monde du jeu vidéo comme ailleurs, il existe certaines formules immuables. Des évidences qui à force de s'avérer exactes sont devenus aujourd’hui des constantes, des théorèmes presque. Celui qui affirme que l’adaptation en jeu vidéo d’un mauvais film ne peut être que raté se vérifie une nouvelle fois avec ce Choc des Titans qui accumule les tares techniques et ludiques, au point même d’être surpris qu’il s’agisse du studio Game Republic aux commandes. A éviter de toute urgence donc.
- Modélisation correcte des personnages
- Un nombre d'armes imposantes
- Réalisation complètement caduque
- Des animations bien rigides
- Gameplay mou du genou
- Cinématiques dignes de la PSone
- Des décors vides et sans âme
- Scénario inexistant
- Où sont les bruitages ?
Il y a quelques semaines, lorsque nous avions rencontré Louis Leterrier pour le tournage de notre STAR SELECT consacré au jeu God of War III, le réalisateur français nous avait confié qu'il s'était grandement inspiré du titre de Sony pour faire son film : Le Choc des Titans. En juste retour des choses, on s'attendait donc à ce que l'adaptation du film en fasse de même et que peut-être (soyons fous !) Persée se révèle être l'égal de Kratos une fois la partie commencée. Retour à la – dure – réalité…
Il existe un vieux dicton dans le monde du jeu vidéo qui dit : "Film adapté en jeu ne rend pas toujours le joueur heureux." En d'autres termes, lorsque ce dernier voit débarquer une adaptation d'un – mauvais – blockbuster hollywoodien sur sa console favorite plus d’un mois après la sortie film qui plus est, il ne peut que craindre le pire. Un adage qui ne se vérifie pas à tous les coups mais qui a tout de même tendance à se répéter assez souvent. Le dernier exemple en date n’est autre que Le Choc des Titans, remake d'un classique des années 80 par le metteur en scène du Transporteur et qui n’aura que moyennement convaincu les spectateurs en salles. Pour son adaptation en jeu vidéo, ce sont les Japonais qui se sont chargés de la tâche avec Bandai Namco Games dans le rôle de l’éditeur et Game Republic, un studio capable du bon (Folklore) comme du pire (Genji : Days of the Blade). Le film ne faisant pas vraiment dans la finesse et présentant Persée comme un demi-dieu Persée capable d’affronter des hordes de monstres sortis tout droit de la mythologie grecque, le jeu vidéo s'est tout naturellement tourné vers le beat'em all, lorgnant comme il se doit vers le maître étalon dans le domaine : God of War. Hélas, inutile d'avoir fait Normal Sup pour se rendre compte que le chemin qu'il reste à parcourir à Persée pour rattraper Kratos et presque aussi important que celui qui amènerait les Bleus de Domenech en finale de la Coupe du Monde de football. A ce niveau là, ce n'est plus un fossé, c'est le grand rift africain !
Choc à pic
Dans Le Choc des Titans, le joueur incarne donc Persée, fils d'une mortelle et d'un Dieu, qui a hérité de la puissance de son père et de la curiosité de sa mère. Alors qu'il passait des jours tranquilles sur l'Ile de Sérifos (sorte de Mykonos des temps anciens, où des hommes imberbes se baladent en jupe), le bougre décide de se mêler de ce qui ne le regarde pas et part à l'aventure pour aller défier les Dieux. Si sur le papier, l’histoire peut s’avérer intéressante, une fois la manette en mains, le résultat est nettement moins convaincant. En fait, dans Le Choc des Titans, les aventures de Persée se limitent à aller voir des PNJ qui lui proposent des quêtes à remplir pour accomplir sa destinée. Accepter ces missions lui permet de traverser une quinzaine de niveaux, ridiculement minuscules et quasiment vides, à la recherche de monstres à zigouiller, où à se lancer dans des défis du style "celui qui tue le plus de grenouilles géantes en deux minutes a gagné". Pour le côté homérique de l'aventure, on repassera. Mais outre cet aspect résolument pauvre de l'histoire, le titre de Game Republic brille avant tout par un sérieux manque d'intérêt dans sa forme. En effet, en plus de graphismes dignes d'un titre PSP, où le manque de détails fera certainement ricaner même le moins regardant des gamers, on trouvera dans le jeu une maniabilité indigeste, des animations rigides (les personnages ont l'air d'avoir été animés par Ray Harryhausen, un hommage surement !), des ennemis à l'I.A. sous-développée, une bande-son sans âme, un gameplay minimaliste et un manque de challenge global tout simplement honteux. Et si l'on rajoute à cela des cinématiques proprement scandaleuses et des combats face aux boss aussi palpitants qu'un dimanche chez Mémé, vous pouvez avoir un bel aperçu de ce que peut être ce jeu absolument indigeste. Une nuée de défauts pour ce titre qui a véritablement dix ans de retard sur la concurrence. Et ce ne seront pas les maigres satisfactions que nous offre le jeu, comme le nombre important d'armes secondaires à récupérer et à customiser, ou encore son prix réduit (40€ neuf) qui nous feront oublier que la PlayStation 3 et la Xbox 360 propose des beat'em all autrement mieux réalisés.