18 20
- Ambiance Western
- Character Design efficace
- Graphismes réussis
- Profondeur de champ impressionnante
- Aucun temps de chargement
- V.F. un peu fade
Après avoir changé de support puis d’éditeur, la saga Oddworld oublie temporairement Abe pour faire place à un Etranger particulièrement charismatique. Nouveau héros, nouvelle ambiance et nouveau gameplay, Oddworld se renouvelle pour notre plus grand plaisir.
Eté 1997, la PlayStation accueillait pour la première fois le monde magique d’Oddworld, dans un jeu qui réalisait des transitions entre vidéos et gameplay de manière spectaculaire. Huit ans plus tard et après trois épisodes accompagnant la saga d’Abe, Oddworld : La Fureur de L’Etranger est resté toujours aussi cinématographique mais change de registre en lorgnant au loin vers le Far West.
Mort ou vif
Dès les premières images, on ne peut être qu’être séduit par l’atmosphère qui se dégage de ce nouvel Oddworld. Une fois son souffle repris après une cinématique d’introduction qui n’a rien à envier aux super productions du grand écran (et disponible dans notre rubrique téléchargement), nous voilà plongés en plein désert, direction la première ville pour toucher votre récompense. En effet, loin du côté communautaire d’Abe, vous dirigez ici un chasseur de primes solitaire, au passé inconnu et dont le futur est entre vos mains. Personnage aussi mystérieux que charismatique, l’Etranger semble tout droit sorti d’un film de Sergio Leone, et ses motivations dans son métier ne vous seront dévoilées que tout au long d’un scénario rapidement hypnotisant. On navigue donc de missions en missions, cumulant l’argent des primes pour pouvoir parvenir à ses fins et s’offrir une petite opération qui viendra rajouter un peu de piment au jeu. Il ne tient alors plus qu’à vous d’accélérer le processus en ramenant vivants tous ces ennemis publics. Pour ce faire, vous disposez d’un arsenal pour le moins original puisque les accords de Genève ont vite été oubliés, et il vous faudra vous équiper d’armes biologiques, ou plutôt de petites bestioles, que vous aller rapidement devoir chasser vous-même.
Chasseur insectologiste
Si la vue à la troisième personne vous permet de mieux repérer les lieux et de vous déplacer sans trop de risques, il vous faudra passer en vue subjective à chaque fois que vous solliciterez votre seule et unique arme : l’arbalète. Composée de deux compartiments (un attribué à chaque gâchette), c’est cette fameuse arbalète qui accueillera les munitions vivantes évoquées précédemment. Au programme, des animaux aux dégâts impressionnants comme des chauves souris explosives, des abeilles mitrailleuses, des guêpes snipers, des Fuzzles enragés à la mâchoire puissante, mais aussi des armes plus stratégiques avec des écureuils assez bavards pour servir d’appât, des araignées pouvant envelopper les ennemis dans une toile résistante, des putois vomitifs ou des sortes de hannetons assommants. Pour vous équiper de ces précieux animaux, votre arbalète dispose de bestioles électriques (en munition infinie) pouvant également activer des mécanismes, et c’est au cœur même de la nature que vous devrez chasser vos munitions. Tout simplement hilarant, c’est la bonne utilisation que vous ferez de cet arsenal et les différentes combinaisons qui vous permettront de capturer les hors-la-loi, morts ou vifs. En effet, à votre image, chaque ennemi dispose de deux jauges, l’une représentant sa santé, l’autre son énergie dont la mise à zéro conduit à un évanouissement temporaire. Une fois votre cible dans les vapes, il ne vous reste alors plus qu’à vous en approcher pour la capturer en l’aspirant dans un appareil digne des trappes de Ghostbusters. Les interactions avec le décor sont également de la partie, et si vous pouvez vous la jouer infiltration en vous camouflant dans la végétation, vous pourrez surtout actionner des mécanismes destructeurs pour éliminer de manière radicale la vermine du Far West, en l’écrasant sous une pierre ou encore en la faisant tomber dans des hélices, façon mixeur. Solution de facilité, il ne restera alors par contre plus grand-chose à identifier, et si l’ennemi est bien anéanti, vous n’aurez plus de corps à présenter pour exiger votre prime. L’avarisme faisant son effet, on se surprend alors à refaire certains passages pour capturer vivants, ou du moins en un seul morceau, les récalcitrants à l’ordre.
Vers l’infini et au delà
Mais si l’ambiance et le gameplay de ce nouvel Oddworld font mouche, il faut reconnaître que l’Etranger a été traité avec le plus grand soin puisque le jeu bénéficie d’une réalisation technique époustouflante. Les décors dans lesquels vous évoluerez sont tout simplement magnifiques et se propagent à perte de vue. Véritable pays virtuel que sont les terres d’Oddworld, vous serez amené à traverser de nombreuses régions, des plaines aux montagnes en passant par des canyons et de longs fleuves baignés par le soleil, et le tout, sans aucun temps de chargement. En effet, même si les terres se perdent à l’horizon, Oddworld : La Fureur de l’Etranger utilise le chargement progressif (à l’instar de Morrowind ou Zelda : The Wind Waker) et plus rien ne peut stopper la progression de notre nouvel héros. Sous le charme, on s’autorise alors quelques pauses champêtres dans des décors vivants ou les herbes plient et les pissenlits s’effeuillent au vent. Au niveau de la bande son, les musiques composées par Michael Bross collent parfaitement à l’ambiance et confortent le coté westernien du titre, mais c’est au niveau du doublage qu’on portera quelques regrets. Sans être mauvaise, la version française reste en effet bien loin de l’emprise des voix originales, celles de Lorne Lanning en tête, et la traduction rend quelques répliques sanglantes bien plus fades qu’en anglais. Une mouche dans la soupe qui porte un point noir au tableau et qu’on ne trouvait pas sur une version américaine. Malgré cela, La Fureur de l’Etranger reste un jeu incontournable sur Xbox, et si les Mudokons se sont effacés au profit de nouvelles races, le character design, l’humour, et surtout la magie de la série Oddworld sont bien présents, et on succombe rapidement aux charmes du titre.