Test également disponible sur : PC - X360 - PS3

Test Kane & Lynch 2 PC PS3 Xbox 360 sur X360

Test Kane & Lynch 2 PC PS3 Xbox 360
Les Notes
note Kane & Lynch 2 : Dog Days 12 20 note multi-utilisateurs Kane & Lynch 2 : Dog Days 3 5

Deux ans et demi après leur première aventure, Kane et Lynch se retrouvent à l’affiche d’un produit bâtard qui tient davantage de l’extension timide que de la suite mordante. Plus bruyants qu’efficaces, les deux cinglés dévoilent leurs charmes le temps de cinématiques enlevées et lors d’échanges verbaux hauts en couleur, avant de se dévoiler sous un jour autrement moins plaisant lors de phases de jeu d’une répétitivité et d’une linéarité assez ahurissante. Joliment mis en scène bien que très imparfaitement réalisé, avec ses grandes cartes toutes vides aux textures bien moches, encombré de lourds problèmes de prise en main et d’une flagrante sous-exploitation du potentiel psychotique de son héros, Kane & Lynch 2 : Dog Days rejoint la meute innombrable des TPS mineurs. Vite, à la niche !


Les plus
  • Binôme d'enfer
  • Cinématiques dynamiques
  • Parti pris graphique
  • Quelques séquences intéressantes
Les moins
  • Linéaire et répétitif
  • Prise en main faiblarde
  • Techniquement très inégal
  • Campagne beaucoup trop courte
  • Modes multis originaux mais redondants


Le Test

Que font les petits gars de Io Interactive de leurs journées ? Observent-ils, le nez collé à la fenêtre, les couleurs changeantes du bras de mer qui coule au pied de leurs somptueux bureaux ? Font-ils des batailles de mini-ninjas ? Apprennent-ils le japonais pour mieux communiquer avec leurs nouveaux et lointains patrons, les nippons de Square-Enix ? S'arrachent-ils sans compter sur le prochain volet de Hitman, la série d'action-infiltration qui a fait leur gloire? Des questions que tout acheteur de Kane & Lynch 2 : Dog Days pourra légitimement se poser tant il est évident que les Copenhaguois n'ont pas consacré trop de temps au développement de cette suite.


L'un des duos les plus infâmes du jeu vidéo contemporain reprend les armes après une première partie de chasse mitigée, dont la mise en scène furieusement cinématographique et l'écriture adulte avaient toutefois enthousiasmé notre chef bien-aimé. Laissés pour presque morts il y a près de trois ans, Kane et Lynch ont léché leurs plaies et lentement repris du poil de la bête. La retraite ? N’y pensez pas ! Chien détaché tire encore son lien, et c'est sans grande surprise que l'on découvre, en introduction de ce cette suite, un Lynch plongé jusqu'au cou dans de bien louches affaires. Vite rejoint par son âme damnée, le psychopathe à la gâchette facile va à nouveau multiplier les catastrophes et vivre les journées les plus pourries d'une vie qui n'en a pourtant pas manquées.

Un duo 1.2

Après avoir tenu le haut de l’affiche le temps de Kane & Lynch : Dead Men, Adam Marcus, dit Kane, laisse le premier rôle à son compagnon d’infortune, James Seth Lynch. Prévisible, ce changement d’avatar suscitait espoirs et interrogations : comment les développeurs danois allaient-ils rebondir après la brutale conclusion du premier épisode ? Surtout, quels artifices emploieraient-ils pour intégrer  les crises de folie brutale de ce héros psychopathe (plus ou moins) sous médication dans le gameplay de leur nouveau TPS ? Gâchons la surprise et répondons à ces deux questions : en contournant les problèmes. Voici donc Lynch, dont la calvitie ne s’arrange pas, installé à Shanghai. Dans l’épuisante mégalopole chinoise, le chien fou est parvenu à trouver le repos. Pas rangé des affaires, notre homme a toutefois su se poser : un appartement, une femme qu’il aime, des petits coups sous le haut patronage d’un mafieux occidental. Et voici Kane, qui débarque en Asie pour aider son partenaire à régler une affaire bien payée : la livraison d’armes de contrebande en Afrique. Aucune information sur leur vie entre les deux épisodes, aucune explication sur le pourquoi du déménagement de Lynch à l’autre bout du monde ni sur les potentiels déboires financiers de Kane, Io Interactive ne s’encombre pas de détails de background et se concentre sur la poignée d’heures durant laquelle la vie des deux tueurs va basculer. Car tout va une nouvelle fois très vite foirer, à la simple différence que les rôles sont désormais inversés : la première sortie de route n’est pas le fait du plus psycho des compères, qui connaîtra en contrepartie de sérieux déboires familiaux et sentimentaux. Lynch va ainsi sacrément souffrir et vivre des situations dans lesquelles n’importe quel individu un peu plus équilibré que lui perdrait complètement le sens du raisonnable (comme l’a démontré Kane, dont le solo de pelle a marqué les joueurs de l’épisode précédent). Pourtant, à part quelques jurons et des menaces, rien ne transpire à l’écran, et entre l’avant et l’après une séquence de torture forcément martyrisante, l’homme est le même, à quelques cicatrices près.

Dans l’épuisante mégalopole chinoise, le chien fou est parvenu à trouver le repos. Pas rangé des affaires, Lynch a toutefois su se poser : un appartement, une femme qu’il aime, des petits coups sous le haut patronage d’un mafieux occidental."

L’intégration d’un élément de gameplay spécifique à la folie du barbu aurait permis à Kane & Lynch 2 : Dog Days de se distinguer de la vaste cohorte de jeux d’action à la troisième personne disponibles sur le marché. Peu inspiré, Io Interactive a préféré ne prendre aucun risque et nous pond un titre sans grande originalité, dans lequel il est impossible de donner des ordres à son partenaire lorsque celui-ci est dirigé par l’IA (si vous jouez en coop avec un pote, vous pourrez évidemment l’engueuler comme il se doit). Vous progresserez donc de manière extrêmement linéaire dans des environnements rigoureusement bornés, en regardant Kane faire globalement n’importe quoi et en vous abritant de temps à autres derrière les éléments du décor. La couverture n’est plus automatique, vous devez désormais appuyer sur un bouton pour vous planquer, ce qui ne fluidifie nullement l’action. A quelques millimètres près, votre héros se place du mauvais côté d’un poteau, et il faut évaluer au mieux votre position, même lorsque la caméra peine et que les balles sifflent. Malgré quelques timides tentatives (ratées) de lorgner vers l’infiltration, la nouvelle œuvre de Io Interactive est définitivement orientée action furieuse, un choix qui pâtit de la prise en main très approximative de son héros pataud. A la manière de Sam Fisher, Lynch peut parfois se glisser, d’un seul mouvement, d’une zone abritée à une autre. Les deux planques doivent néanmoins être très rapprochées, sans quoi le quadra lourdaud ne pourra opérer la transition. La précision du bonhomme est également un peu à la ramasse, et si la visée automatique est relativement efficace, les choses se corsent dès que vous souhaitez basculer en ciblage manuelle, d’autant que la localisation des dégâts n’est pas particulièrement au point. En dépit de ces soucis, vous bouclerez les douze missions et massacrerez tous les représentants des triades et autres flics qui vous coursent sur les bords du Huangpu en moins de six heures. Loin des pérégrinations internationales du premier épisode, ce volet vous offre en effet un aller simple et express pour Shanghai, ville dont vous aurez l’occasion de découvrir les différentes facettes, des monstrueux gratte-ciels clinquants aux étroites ruelles commerçantes. Tout comme dans le premier volet, les différentes cartes ne sont toutefois pas toutes séduisantes, et si certains environnements flattent les pupilles, d’autres, en particulier les zones industrielles, se révèlent ternes et peu détaillés.

Deux journées de chien

Gameplay basique, réalisation imparfaite, prise en main médiocre, ce Kane & Lynch 2 : Dog Days ne vaut pas, à première vue, les quatre fers d’un chien. Pourtant, comme son prédécesseur, cet épisode ne manque pas de caractère. Dialogues mordants, situations épiques et mise en scène toujours plus cinématographique, les développeurs ont visiblement passé du temps dans les salles obscures et leur titre s’inspire ouvertement des œuvres d’action contemporaines, et notamment du travail de Paul Greengrass, de celui de Johnnie To, ainsi que de la série The Shield. Environnements ultra-urbains, caméra embarquée vite fatigante (avec un très bel effet de ballotement lorsque le héros se tape un sprint), image granuleuse, cinématiques nerveuses, le spectacle est au rendez-vous, et Io Interactive signe quelques scènes assez osées.  On passera sur la fusillade en pleine rue façon Heat, déjà vue dans le volet initial, pour retenir un spectaculaire carnage en deux temps, qui voit le binôme attaquer le QG du grand méchant du jour, ainsi qu’une fuite désespérée durant laquelle les deux compères vont prouver qu’un simple flingue les habille…  De belles séquences, qui auraient pu frôler l’anthologie sans ces problèmes de prise en main, cette linéarité et cette réalisation très inégale. Des défauts qui perturbent également le rythme des parties en multi, pourtant présentées comme le point fort de cet épisode. Déjà présent dans Kane & Lynch : Dead Men, "Fragile Alliance" fait son retour, accompagnée pour l’occasion de deux petits camarades, "Flic Infiltré" et "Flics & Voleurs". La base des trois modes est identique : un gros magot, quatre minutes, et une bande organisée qui veut mettre la main sur l’argent. Dans "Flic Infiltré", l’équipe compte une taupe, qui devra empêcher que ses faux amis ne se barrent avec le cash. Dès que le casse est effectué, le Serpico peut commencer à tirer dans le tas, en tâchant de ne pas se faire repérer. Les vrais malfrats peuvent aussi s’entretuer afin d’augmenter leur part de butin, mais ils sont désignés comme traîtres aux yeux de tous dès qu’ils plantent l’un de leurs camarades. "Flics & Voleurs" supprime cette notion de traître, mais introduit une équipe de joueurs adverses qui défend les couleurs de la loi et doit empêcher les fuyards de rallier leur point d’extraction. Un mode Arcade complète le tout, qui permet de goûter aux joies du braquage en multi ou en solo, avec et contre l’IA. Des variations bien minimes autour d’un même thème, et le manque de cartes doublé d’un level design pas toujours heureux ne laisseront pas grand-chose à ronger aux bêtes de guerre. Les petits gars d’Io Interactive ont donc visiblement eu d’autres chats à fouetter que de soigner le retour de leur duo enragé. Si la nouvelle virée sanglante de Kane et Lynch a du chien, elle manque tout de même sérieusement de contenu, de travail et d’idées et, après quelques heures de plaisir, vous éprouverez rapidement l’irrésistible envie d’abandonner les deux furieux sur une aire d’autoroute.





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Florian Viel

le dimanche 22 août 2010, 22:05




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