17 20
- Magnifique
- Gameplay varié
- Exploite véritablement la 360
- Fin assez niaise
- Manque un peu de densit
Joanna Dark ayant subi une sacrée défaillance, c’est sur les épaules de la frêle Kameo que repose une grande partie du prestige des jeux édités par Microsoft pour sa nouvelle pouliche. Va-t-elle être à la hauteur ?
Curieux destin que celui de Kameo. Projet initié sur GameCube avant de devenir une exclusivité Xbox pour s’achever comme produit phare du lancement de la Xbox 360, on ne peut pas dire que le parcours du jeu de Rare fut d’une parfaite rectitude. Toutefois, plutôt que de l’handicaper, ce qui aurait été assez logique, cette mise au monde compliquée s’avère une véritable bénédiction pour le jeu. En effet, inutile de faire durer un suspense qui n’a pas lieu d’être, Kameo est une véritable réussite due, en partie, au fait que le jeu est fortement imprimé d’un esprit que ne renierait pas bon nombre de productions… Nintendo ! Le mot est lâché, mais comment ne pas tirer ce constat après avoir passé neuf heures dans le monde du Royaume Enchanté. Character design charmeur, gameplay à la fois riche et intuitif, mais aussi une certaine forme de naïveté dans le scénario qui pourra en rebuter certains, autant d’éléments qui mettent la puce à l’oreille. Heureusement, Kameo n’est pas simplement un ersatz : il possède une réelle personnalité qui en fait, à notre avis, le plus intéressant des jeux du line up de sortie de la Xbox 360.
Le plus beau jeu au monde
La première des qualités du jeu de Rare est, sans aucun doute, d’être réellement magnifique. Sur un écran HD, il fait montre de toute sa superbe et offre à nos pupilles dilatées et nos tympans frémissants de plaisir une véritable symphonie de couleurs et de sons. Dès les premières minutes, le ton est donné avec, pour tutorial, l’attaque d’un château par des armées orques. Depuis les décors grandioses jusqu’à la finesse des textures en passant par la quantité d’objets à l’écran, tout nous montre que nous sommes face à une console de nouvelle génération. Des effets graphiques imaginables semblent s’être donné rendez-vous et on ne cesse de s’émerveiller devant les décors que l’on arpente. De plus, le travail sur le character design devrait faire figure de référence, chacun des personnages possédant un charisme propre. Les animations ne sont pas en reste, et on s’extasie devant la taille et le rendu de certains personnages avec une mention spéciale pour la beauté des écailles de Cendre et l’envergure imposante des trolls et des boss. De la même manière, impossible de rester de marbre à l’écoute de la splendide bande-son qui va vous accompagner tout au long de vos aventures, son caractère épique n’ayant rien à envier aux productions hollywoodiennes. Avec Project Gotham Racing 3, Microsoft tient là son meilleur atout pour démontrer toutes les possibilités ludiques de sa console, à n’en point douter.
Dix petites perles
Avec 10 personnages disponibles, il eut été dommage de ne pas proposer des challenges permettant à chacun d’être mis à contribution. Kameo devra toutefois délivrer ces guerriers un par un lors de combats face à des trolls de l’ombre, sympathiques bien qu’un peu trop faciles (les combats, pas les trolls…). Une fois gagnante de l’affrontement, elle pourra alors absorber le pouvoir du guerrier et faire appel à lui quand bon lui semble, la petite elfe ne possédant guère de pouvoirs, si ce n’est celui de voler, de sauter et de donner un joli coup de pied retourné. Si je ne vais pas vous faire ici l’inventaire de toutes les aptitudes de chacun des guerriers, sachez qu’il sera possible de les améliorer grâce à des fruits que vous trouverez ou que vous obtiendrez en récompense de réussite à de petites quêtes annexes. Flex utilisera des aptitudes naturelles au stretching pour s’agripper à de lointaines plantes sauvages, Thermite pourra à la fois rouler sur la lave en fusion et lancer des tirs de mortier, Gravas pourra utiliser son lancer de rocher boomerang pour prendre des ennemis protégés à revers et Piège pourra mordre les adversaires pour ensuite les cracher au loin. Au-delà de la kyrielle de coups à votre disposition, il est encore plus intéressant de combiner les pouvoirs de chacun de vos personnages. Si, de façon très simple, il sera possible de combiner le rush du Major Ruine avec les facultés de Chilla pour se projeter vers une paroi glacée puis s’y accrocher, bien d’autres combinaisons sont possibles. Vous pourrez, par exemple, lancer de l’huile sur un ennemi avec Grand Bleu avant de l’enflammer avec le souffle de Cendre !
Tout cela donne à Kameo un gameplay réellement riche où l’action ne cesse de se renouveler. Dans les phases de combat pur, vous ferez de préférence appel à Frappedur le bien nommé qui, à force de directs et d’uppercuts, remplira une jauge qui, une fois pleine, vous permettra d’enclencher un mode semblable au bullet time. Vous pourrez alors assommer bon nombre d’orques et les reprendre de volée afin de faire perdurer cet effet. Plus fort encore, dans la peau de l’héroïne, vous aurez droit à des scènes parmi les plus spectaculaires jamais vues sur une console. Imaginez-vous chevauchant au milieu d’une bataille phénoménale opposant des milliers d’orques et humains avec des passages de dragons et des bombardements de catapultes en toile de fond, le tout sans aucun ralentissement à l’écran ! Ces phases sont absolument incroyables, à tel point qu’on est souvent tenté de faire demi-tour pour retraverser le champ de bataille de part en part alors que le devoir vous appelle en d’autres lieux. En parallèle à ces séquences d’action pure, il vous faudra également parfois réfléchir afin de débloquer une situation donnée. Face à un ennemi hors du commun, il faudra aussi employer certaines ruses et, si jamais vous veniez à coincer, votre livre/conseiller sera alors présent pour vous aider graduellement au fil de vos échecs. Le jeu reste, de ce fait, d’une difficulté très abordable, les joueurs attirés par les challenges plus élevés pouvant parfaitement bloquer l’aide. Mélangeant action, adresse, réflexion, vues à la première et à la troisième personne, Kameo ne fait vraiment l’économie d’aucun type de gameplay, le tout sans aucune baisse de rythme. Tout cela est bien servi par une maniabilité sans faille, sauf peut-être pour les phases sous-marines avec Grand Bleu sans que je sache si le problème venait de moi ou du jeu. Quoi qu’il en soit, même dans les zones les plus larges ou les plus étroites, le système de caméras ne pose jamais de souci, la jouabilité étant quasiment sans failles.
Les sommets tutoyés
S’il ne devait y avoir qu’un seul reproche à faire à Kameo, ce serait indubitablement le manque d’épaisseur de son scénario et de son univers, en règle générale. En effet, l’histoire que vous allez vivre reste bien trop superficielle, s’achevant même par une conclusion à la limite de la niaiserie et, de même, on aurait aimé se plonger davantage dans les mondes parcourus pour en découvrir moult aspects, à la manière d’un certain… Zelda. De ce point de vue, Kameo ne fait qu’effleurer les choses, si bien qu’après neuf heures de jeu, une petite pointe de déception se fait sentir avec le sentiment que Rare avait un chef-d’œuvre potentiel, mais n’a produit qu’un très bon jeu. Cette sensation n’est d’ailleurs pas remise en cause par un mode coopératif à deux en écran partagé pas réellement captivant, si bien que, mis à part le challenge consistant à trouver tous les fruits, il n’existe pas de réel intérêt à rejouer à Kameo.
Ne boudons pas notre plaisir, Kameo est à la fois le jeu le plus spectaculaire disponible sur Xbox 360, mais également le plus riche en terme de gameplay. S’il avait été un peu plus profond, il aurait sans doute pu concourir au titre de meilleur jeu de l’année. Il se contentera de celui de meilleur jeu disponible sur Xbox 360, ce qui n’est déjà pas si mal…