Test également disponible sur : PC - Xbox One - PS4

Test Jump Force : le choc des titans n'aura pas lieu, mais genre vraiment pas...

Test Jump Force : le choc des titans n'aura pas lieu, vraiment pas...
La Note
note Jump Force 9 20

Depuis qu’on y a joué à l’E3 2018, on savait que Jump Force ne tiendrait pas ses promesses, mais on était quand même loin de se douter que le résultat serait aussi foiré. Il y a pour commencer toute la partie technique qui fait peine à voir. Entre la réalisation qui donne l’impression d’être un jeu issu du début de l’ère PS3 / Xbox 360, sa direction artistique franchement dégueulasse on peut le dire (d’autant qu’elle est aussi incohérente puisqu’elle change selon les personnages) et sa campagne solo d’une nullité abyssale (on comprend maintenant pourquoi Bandai Namco refusait de nous la montrer lors des dernières sessions de preview), il y a de quoi avoir des frissons. Mais est-ce vraiment une surprise quand on sait que le jeu a été développé par Spike Chunsoft, un studio qui depuis sa fusion en 2011/2012 n’est plus que l’ombre de lui-même en matière de jeu de baston ? Reste alors le gameplay, certes honnête lors des premières parties, mais qui affiche rapidement ses limites lorsqu’on essaie de creuser un peu plus. Il est clair que Jump Force n’a pas vocation à séduire les core-gamers, mais y apporter un semblant de subtilité pour offrir une marge de progression pour ceux qui souhaitent aller plus loin aurait été le bienvenu. Au final, on se retrouve à réaliser les mêmes patterns de combat, avec un côté certes plaisant lorsqu’on balance les plus grosses attaques, mais tout cela est plombé par cette action illisible et brouillonne liée notamment à cette caméra complètement folle qui ne sait jamais où donner de la tête. Sans compter que la perspective choisie défavorise le joueur qui se situe au second plan, qui part alors avec un sérieux handicap. Non vraiment, on a beau lui chercher des circonstances atténuantes, mais Jump Force reste un acte manqué à quasiment tous les niveaux.


Les plus
  • Un roster généreux et plutôt varié
  • Combats assez nerveux
  • Il y a de belles attaques quand même
  • Accessible pour le quidam moyen
Les moins
  • La direction artistique est quand même bien dégueu
  • La caméra complètement folle
  • C’est illisible, c'est brouillon
  • La perspective qui handicape le joueur au 2ème plan
  • Gameplay limité...
  • ...sans aucune marge de progression
  • Scénario du mode solo inexistant
  • Des animations d’un autre âge
  • Cinématiques d’une nullité abyssale
  • Un hub d’une tristesse absolue
  • En vrai, la campagne solo, c’est l’angoisse permanente
  • Temps de chargements nombreux et interminables


Le Test

Véritable institution au Japon, le magazine Jump (plus connu sous le nom de Weekly Shonen Jump) a fêté en juillet 2018 ses 50 ans d’existence. Un anniversaire qui s’est matérialisé par de nombreux événements sur le territoire japonais, incluant bien évidemment tout un tas de produits dérivés et autres merchandising. En France, malgré un affect profond pour les mangas et la culture japonaise de manière générale, le magazine Jump reste méconnu du grand public hexagonal. Célébrer les 50 printemps de ce dernier n’avait donc aucun sens dans nos contrées. Mais c’était sans compter sur le jeu vidéo et ce cross-over qui avait été teasé depuis l’E3 2018. Un jeu de baston capable de réunir des licences fortes telles que Dragon Ball, One Piece, Naruto, Hokuto no Ken, Death Note, City Hunter, My Hero Academia pour ne citer qu’eux. Jump Force, tel est son nom, résonne donc comme le fantasme inavoué de n’importe quel gaijin ayant été bercé par les histoires de ces mangas fabuleux. Sur le papier, ça s’annonce magique, mais une fois le jeu en main, c’est la totale désillusion. Cela dit, inutile de feindre la surprise, cela fait déjà 8 mois qu’on vous dit que le jeu est tout pété…


Jump ForceRéunir dans un seul et même jeu de baston les plus grands succès du manga japonais n’a rien d’inédit. Comment ne pas se rappeler avec nostalgie de Jump Super Stars en 2005, de sa suite, Jump Ultimate Stars l’année suivante, mais aussi de J-Stars Victory VS+ en 2015, un titre qui fêtait les 45 ans du Shonen Jump et qui avait été développé par Spike Chunsoft. Malgré un résultat médiocre et la huée générale des fans, Bandai Namco Entertainment a encore une fois accordé sa confiance au studio japonais. Si le temps de production de Jump Force reste à ce jour une totale inconnue, on aperçoit en revanche très facilement les ficelles utilisées par les développeurs pour le mettre sur pied. Vue dans le dos de trois-quart, des arènes fermées mais suffisamment grandes pour se déplacer librement, la possibilité de charger son Ki pour balancer des attaques surpuissantes, l’intégration de dashs nerveux pour spammer l’adversaire, Spike Chunsoft applique une fois encore la même recette, celle que le studio recycle depuis de trop longues années. Comment en effet ne pas y voir le squelette des médiocres J-Stars Victory VS+ et One Piece Burning Blood, à la fois dans leur approche et leur structure, à la différence que cette fois-ci, on doit gérer une équipe de 3 combattants avec la possibilité de changer de partenaire à la volée, ou bien de les utiliser comme de simples assists. C’était déjà le cas dans le pas si lointain Dragon Ball FighterZ, sauf que la mise en œuvre était on ne peut plus naturelle et instinctive (on appuie sur L1/LB ou L2/LT pour appeler ses coéquipiers en soutien, on maintient L1/LB ou L2/LT pour permuter de perso). Dans Jump Force, et pour une raison incompréhensible, c’est l’inverse qui est imposé. L’assist intervient en maintenant L2/LT, alors que le switch de perso se fait en appuyant brièvement sur L2/LT. Déroutant et incohérent au possible. Autant vous dire que vous allez vous mélanger les pinceaux, peut-être même jeter plusieurs fois votre manette par terre, tellement le mapping des touches est absurde.

 

UN BIEN BEAU BORDEL

 

Jump ForceCela donne évidemment lieu à des combats fouillis dans lesquels on n’a pas l’impression d’être maître de ses actions. Mais cette cacophonie visuelle n’est pas uniquement due à la position inadéquate des touches, elle est aussi la résultante de choix de game design maladroits, à commencer par les soucis rencontrés via la perspective proposée dans le jeu. Car si la vue de trois-quart offre un rendu dynamique dans son angle proposé, il défavorise en revanche l’adversaire qui se trouve au loin ; un peu comme le joueur qui se retrouve en haut du terrain dans un jeu de tennis. Habituellement, pour équilibrer les choses, les développeurs pensent à scinder l’image en deux, notamment lorsqu’il s’agit de Versus local, mais là, il faudra s’habituer au fait qu’au loin, à l’horizon, on part avec un handicap certain. À cet inconfort visuel se rajoute une autre problématique : la gestion de la caméra. Les affrontements de Jump Force se situant sur un terrain plus ou moins ouvert, avec une belle liberté de déplacement, la caméra doit essayer de se contenir, en tentant de garder son focus sur l’action brute. La réalité est malheureusement toute autre, puisque la caméra n’arrive jamais à rester stable. Avec les déplacements ultra speed des combattants, le fait qu’on soit capable de dasher à la vitesse de la lumière, de se téléporter dans le dos de l’adversaire et que l’angle conservé reste cette vue de dos trois-quart, la caméra ne sait plus où donner de la tête. Ça part dans tous les sens, au point parfois de filer la nausée. Il en ressort évidemment une action souvent illisible, parfois brouillonne, puisqu’à ces revirements de perspective s’ajoute un florilège d’effets en tous genres. Boules de feu, aura de puissance, débris, geysers de lumière, l’écran devient rapidement saturé, au point d’avoir affaire à une bouillie de polygones qui vire à l’indigestion. Alors oui, c’est vrai que les premières parties peuvent se montrer agréables, parfois assez jouissives, mais passé la découverte, on découvre avec effroi l’ensemble des ficelles de ce jeu de baston mainstream, orienté avant tout pour le très grand public et seulement pour lui.

 

GAMEPLAY UNILATÉRAL

 

Jump ForceEt c’est en cela que le gameplay de Jump Force est décevant. Quand on sait qu’il y a un an, Arc System Works est parvenu, avec Dragon Ball FighterZ, à réunir joueurs du dimanche et pro-gamers autour d’un même titre, il est regrettable de revenir à un jeu pensé uniquement à une certaine catégorie de joueurs. Car si l’accessibilité de Jump Force n’est en rien un défaut, bien au contraire, c’est son manque de profondeur qui a eu in fine raison de lui. Il n’y a en effet que très peu de marge de progression dans le titre de Spike Chunsoft, qui ne mise que sur la simplicité à exécuter des attaques plus impressionnantes les unes que les autres. Il y a bien entendu des subtilités dans le game system, avec cette possibilité de spammer l’adversaire, en fonçant délibérément sur lui, ou en se téléportant pour mieux le surprendre, mais ça s’arrête là. Pire, le gameplay de Jump Force étant essentiellement basé sur le côté offensif qu’il se créé alors un déséquilibre flagrant entre les joueurs. Impossible en effet d’établir une certaine stratégie. Impossible de faire jouer le mind game. Tout repose uniquement sur la brutalité des actions ; le bourrinage en somme. C’est d’autant plus flagrant qu’il n’y a pas grand-chose de varié hormis les auto-combos à réaliser en matraquant la touche Carré / X. Alors oui, on peut essayer de faire des petites combinaisons en faisant appel aux assists, mais ça reste quand même limité. Pire, histoire de prendre le joueur encore plus par la main, Jump Force met en place l’affichage des Furies à déclencher dès lors qu’on maintient la touche R2 / RT. Il n’y a plus qu’à choisir le second bouton à appuyer pour déclencher telle ou telle attaque, selon l’état de votre jauge de pouvoir.

 Car si l’accessibilité de Jump Force n’est en rien un défaut, bien au contraire, c’est son manque de profondeur qui a eu in fine raison de lui. Il n’y a en effet que très peu de marge de progression dans le titre de Spike Chunsoft, qui ne mise que sur la simplicité à exécuter des attaques plus impressionnantes les unes que les autres.


Jump ForceTout cela est un peu bas du front, alors que la pléiade de personnages présents dans le roster aurait pu apporter une belle diversité dans les combats. Il n’y a en effet que l’agressivité qui paye, d’autant que parmi les 40+ de protagonistes disponibles, tous se jouent de la même manière. Aucun ne se distingue dans les mécaniques, c’est toujours la même façon de jouer, que l’on incarne un héros de Dragon Ball, Bleach, Saint Seiya, City Hunter, My Hero Academia ou bien encore Yu-Gi-Oh. Alors certes, on ne peut qu’apprécier et féliciter la générosité d’un tel roster, même s’il faut bien admettre un choix pas toujours pertinent pour certains belligérants. De même, on s’aperçoit que certaines licences (Dragon Ball, One Piece, Naruto) ont bénéficié d’un traitement de faveur avec nettement plus de personnages à incarner par rapport aux autres. Mais ne faisons pas les relous de service, s’il y a bien une chose difficilement reprochable à Jump Force, c’est son casting 5 étoiles. Dommage que le reste ne suive pas.

UNCANNY VALLEY


Jump ForceEt parmi les choses qui font tâche lorsqu’on lance Jump Force, c’est bien évidemment sa direction artistique. L’aspect réaliste opté par les développeurs est tout simplement abominable, et c’est peu de le dire, certains personnages étant plus ratés que d’autres, notamment les persos de Dragon Ball, de One Piece et de Saint Seiya, soit ceux avec lesquels on joue le plus – dommage. Pire encore, le jeu parvient à proposer plusieurs types de chara-design, comme si un ajustement a été effectué à la dernière minute, suite aux retours négatifs des previews et des joueurs outrés par un tel rendu aussi vomitif. Mais les atrocités graphiques ne s’arrêtent pas là, puisque nos héros manquent aussi d’expressions faciales, ils ont même tendance à être figés comme des poupées de cire, rendu qu’on retrouve sur la globalité de la DA également. C’est encore plus flagrant d’ailleurs lorsqu’on lance l’aventure solo, où le titre de Spike Chunsoft étale son mauvais goût visuel en permanence. A cela il faut ajouter des animations issues d’une autre époque, celle des jeux PS3 / Xbox 360 de première génération, où les personnages donnaient l’impression de se mouvoir avec un bâton planté dans le cul, si vous nous permettez l’expression. C’est d’ailleurs lors des cinématiques (qu’on peut heureusement zapper – merci le patch day one) où l’on assiste au désastre, avec une absence totale de mise en scène, des dialogues d’une platitude extrême, le tout servi par un scénario OSEF, écrit un soir où les dévs en avaient sans doute plus rien à foutre.

 

Mais les atrocités graphiques ne s’arrêtent pas là, puisque nos héros manquent aussi d’expressions faciales, ils ont même tendance à être figés comme des poupées de cire, rendu qu’on retrouve sur la globalité de la DA également. C’est encore plus flagrant d’ailleurs lorsqu’on lance l’aventure solo, où le titre de Spike Chunsoft étale son mauvais goût visuel en permanence. A cela il faut ajouter des animations issues d’une autre époque, celle des jeux PS3 / Xbox 360 de première génération...

 

Jump ForceLa transition est toute trouvée pour maintenant évoquer la campagne solo, elle aussi copiée-collée d’un autre jeu issu du catalogue de Bandai Namco. Nul besoin de creuser bien loin pour constater que la structure a été entièrement repompée à celle des Dragon Ball Xenoverse, succès commercial certes (10 millions de jeux vendus pour l’ensemble des deux épisodes), mais clairement pas une référence qualitative quand il s’agit d’être un minimum objectif. Grosso modo, on part sur la création d’un avatar à façonner de la tête aux pieds, avec moult caractéristiques physiques personnalisables, sachant qu’on peut faire évoluer son perso au fil de l’aventure, notamment au niveau de ses performances techniques. Car même si vous resterez un no-name parmi ses stars du manga, il vous sera possible d’acquérir leur signature-moves selon vos affinités. A ce propos, sachez qu’on vous demandera dès le départ d’afficher vos préférences en choisissant une équipe à suivre. Goku, Naruto ou Luffy, quel équipe souhaitez-vous intégrer ? Tout dépendra aussi de la direction que vous voulez prendre dans l’évolution de vos pouvoirs. En vrai, les choix proposés n’ont aucun impact dans le scénario, ni même l’évolution de votre avatar, puisqu’il se jouera comme tous les autres héros du roster, puisqu’il en copie les attaques.

 

SANS FORCE NI HONNEUR

 

Jump ForceToujours est-il que l’on passe des heures à déambuler dans ce hub au level-design pénible, où l’on croise d’autres joueurs connectés avec lesquels on communique via des stances qui filent le bourdon. L’ambiance est délétère au possible, et les quelques dialogues qu’on nous propose déclenchent de l’urticaire tellement on nage dans le malaise le plus complet. On vous parlait tout à l’heure de cette mise en scène complètement absente et ces saynètes qui font tièp, il faut le voir pour le croire. Pour un jeu qui sort en 2019, ça fait clairement désordre. Quant à l’histoire qui a été inventée pour justifier la rencontre entre tous ces personnages issus de mangas différents, c’est d’une mièvrerie confondante. On vous balance le pitch en quelques mots : Freezer et son armée débarquent dans notre réalité, à Time Square, pour y foutre le dawa habituel. Visiblement au courant de ses agissements, Goku et Trunks arrivent à leur tour pour tenter de contrecarrer ses plans démoniaques. Dans la baston générale, Goku esquive le tir de Freezer qui va alors tuer un citoyen lambda, vous en l’occurrence, le joueur. Grâce à un artefact sorti de nulle part, Trunks va le ressusciter et l’embrigader avec lui. Le voilà alors membre d’Umbras, une sorte de milice qui essaie de garder l’équilibre entre le monde réel et les univers de mangas. Au joueur héros de venir en aide à cette menace grandissante, en essayant par la même occasion de briser le sort jeté par Freezer envers les héros déchus. Seriously ? C’est alors que débute cette folle aventure, parsemée de tutoriels, de missions inintéressantes et répétitives, de choix douteux, de dialogues anxiogènes et de balades moribondes dans ce hub où tout le monde se fout d’autrui. On y a passé plus de 8h pour les besoins de ce test (on parle de la campagne solo hein, en cumulé, on avoisine les 15h de jeu), autant vous dire que ce sont 8h de notre vie foutues en l'air. L’angoisse la plus totale.


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