Test TT Isle of Man 2 : une suite efficace et surtout un bon jeu de motos sur PC
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Sans être un épisode révolutionnaire, Isle of Man TT Ride on The Edge 2 dispose de nombreuses qualités qui font de lui une suite intéressante. Visuellement amélioré, le jeu dispose surtout d'une physique largement revue, qui le place sans conteste parmi les meilleurs titres lorsqu'on parle de simulation moto. De plus, la vitesse et le style de pilotage qu'impose le Tourist Trophy sont radicalement différents des circuits classiques sur lesquels les amateurs de vitesse peuvent habituellement courir, au point qu'on pourrait même recommander le jeu à un amateur de courses ultra-rapides façon WipEout. Le challenge demandé pour pouvoir boucler les 6 tours du Senior TT reste néanmoins chronophage (le record du tour est en 16 minutes, faites le calcul), et incroyablement difficile lorsqu'on passe en mode simulation complète. Néanmoins, arriver à garder son cerveau lucide, et ses yeux concentrés malgré le soleil éblouissant qui perce à travers une visière maculée d'insectes écrasés, reste un challenge incroyablement gratifiant une fois qu'on parvient enfin à le relever. Une bonne suite et un jeu qu'on vous recommande chaudement.
- Le Snaefell Mountain Course parfaitement modélisé
- Une physique aux petits oignons
- Des sensations de vitesse bluffantes
- Une simulation difficile, mais gratifiante
- Les bécanes superbement modélisées
- Plein de contenu sous licence
- Graphismes et sound-design améliorés
- Peu de motos dans l'absolu
- Les spectateurs carrément moches
- Les animations craignos lors des Pit-Stop
- L'IA qui se plante trop souvent dans les virages très lents
- Ragdoll de notre pilote lors des crashs
Il y a deux ans, le studio français Kylotonn (la série WRC) avait étonné pas mal de monde en s'éloignant de l'univers des bolides à 4 roues afin de sortir TT Isle of Man : Ride on the Edge. Centré autour de la mythique course du Tourist Trophy de l'Ile de Man, ce titre avait surpris par sa qualité, et son approche simulation très convaincante, même si pas mal de petites errances avaient pu gâcher la fête, qu'il s'agisse d'erreurs de jeunesse ou de limitations budgétaires. Sur ces bonnes bases, le studio a donc récidivé cette année avec un second opus qui vise à améliorer pas mal de choses, tout en continuant à mettre en lumière la plus prestigieuse des courses sur route. D'ailleurs, ironie du sort, à cause de la pandémie de COVID-19, l'édition 2020 que devait accompagner le jeu a été annulée purement et simplement. Sans être une révolution, TT Ilse of Man Ride on the Edge 2 nous a semblé largement plus abouti que son prédécesseur, comme on vous l'explique ci-dessous.
Presque chaque année depuis 1907 se déroule en juin le Tourist Trophy (ou TT pour les initiés), une course moto disputée sur les routes de campagne de l'ïle de Man, un petit roc perdu en mer d'Irlande. Extrêmement dangereux à cause de l'absence totale d'aires de dégagement (plus de 250 pilotes s'y sont tués), le tracé de l'épreuve serpente sur plus de 60 km à travers le paysage bucolique de ce rocher, et demande aux concurrents de mémoriser ses 264 virages. Comme en vrai, le jeu va donc nous plonger dans la peau d'un pilote prenant part à cette épreuve, et autant vous dire que réussir à boucler un tour du Snaefell Mountain Course à plus de 215 Km/h de moyenne, sans chuter et sans que nos yeux ou notre cerveau ne demandent grâce, est un véritable challenge. Après un court tutoriel qui nous inculque les bases du pilotage moto, le jeu nous lâche dans le grand bain des courses sur route irlandaises les plus folles.
Pour ce nouvel opus, Kylotonn a complètement revu son mode carrière afin de nous proposer une expérience un peu plus authentique, et qui soit surtout moins centrée sur le fameux tracé de l'Ile de Man. Pour cela, les développeurs parisiens nous proposent désormais de prendre part à une saison complète d'épreuves, avec de multiples épreuves individuelles, et plusieurs étapes comptant pour le championnat irlandais de course sur route. Désormais le TT n'est plus l'activité principale, mais le couronnement de la saison, là où se font les légendes. Mais avant de pouvoir prétendre à la gloire, il va d'abord falloir faire ses preuves, le Tourist Trophy n'étant pas ouvert aux touristes, contrairement à ce que son nom laisse penser.
TICKET TO RIDE
Pour obtenir son entrée, 3 moyens existent : remporter le championnat irlandais de course sur route, remporter le Junior TT (une version "débutants" de la course, réservée aux machines 600cc et qui se dispute sur seulement 2 tours), ou obtenir suffisamment de signatures dans les épreuves de moyenne envergure afin de prétendre à une wildcard. Pour arriver à nos fins, deux possibilités s'offrent à nous. Soit la jouer solo, et claquer nos économies dans une bécane d'origine, puis courir seul. Soit signer un juteux contrat avec une des écuries venues nous démarcher. Un peu comme dans la série WRC, on 'n'intéressera que les teams de seconde zone au début, et plus notre réputation grimpera, plus les gros team nous feront de l'oeil. Certains que personne ne ferait confiance à un débutant, on a donc investi tout notre PEL dans une Honda CBR 600 RR, juste avant de découvrir que les offres d'un guidon se bousculaient au portillon.
Assez bizarrement, on a pu signer d'emblée notre premier contrat avec MD Racing, une écurie aux petits moyens, mais assez prestigieuse puisque dirigée par Michael Dunlop (19 victoires au TT). Une saison type compte 20 journées de compétition, sachant qu'on pourra choisir à chaque fois entre plusieurs courses de difficulté croissante. Plus la course est dure, plus la récompense sera juteuse, qu'il s'agisse de thunes, de réputation, ou de perks. En effet, pour faire progresser notre équipe, il va falloir investir un sacré paquet pour changer les pièces standard de nos meules, afin de les transformer en de véritables missiles de croisière. De plus, on va pouvoir disposer de power-ups temporaires (les fameux perks - une grande nouveauté de cet épisode) qu'on devra aussi obtenir lors des courses.
FAIS FROTTER LE CALE-PIED
En gros, il s'agit de cartes consommables qu'on va pouvoir jouer au début d'une course, et dont l'utilisation est payante, mais qui fournissent de gros avantages. Par exemple, contre quelques points de perks et 500 livres sterling, on va pouvoir bénéficier de couvertures chauffantes, ce qui nous évitera de nous lancer à plus de 290Km/h dans la ligne droite de Bray Hill avec des pneus froids. On pourra aussi bénéficier de gommes se dégradant moins vite, d'une consommation de carburant réduite, ou même de lest afin de rendre notre moto conforme au règlement sur le poids minimum. La progression dans ce mode carrière sera donc soumise à notre niveau de pilotage, mais aussi à nos décisions stratégiques. On peut ainsi se focaliser sur la catégorie supersport afin d'obtenir une machine performante rapidement, ou économiser un maximum en se contentant de places d'honneur afin de se payer une moto 1000cc, ticket d'entrée pour la catégorie reine des superbikes.
Dans notre cas on a préféré la jouer petit bras, et transformer notre CBR 600 en un vrai missile, ce qui nous a pris environ 2 saisons. Globalement, le calendrier est assez bien fait, et offre une jolie variété de circuits et de destinations avec 9 tracés pour l'Angleterre, 8 pour l'Irlande et les 12 portions du Snaeffel Mountain Course. Si le nombre peut sembler faible per rapport à d'autres jeux, il faut savoir que ces tracés sont particulièrement longs, et la monotonie ne s'est pas installée sur les 15h de jeu passées à essorer la poignée des gaz. Afin de ne pas perdre les novices, Kylotonn a classés les pièces par catégorie (de la plus nulle à la plus performante), ce qui permet d'augmenter facilement les performances de notre moto.
D'ailleurs, il faut souligner que la modélisation des montures a nettement progressé, même si leur nombre n'est pas très impressionnant.
Attention, pour ne pas abuser, chaque moto doit disposer d'un poids minimal, ce qui empêche de monter toutes les meilleures pièces sur votre bécane. Il va donc falloir faire des choix, et tout sera affaire de compromis. D'ailleurs, les composants de qualité seront indispensables afin de nous permettre de régler notre moto, ce qu'il est impossible de faire sur les éléments d'origine. Une transmission de course permettra de modifier les rapports de boîte, des suspensions racing seront entièrement paramétrable, tandis qu'un moteur de compétition permettra de régler le niveau de frein moteur désiré. Bien sûr, toutes les pièces ne sont pas immédiatement disponibles, et il faudra souvent faire des actions précises pour les débloquer. Certains composants seront obtenues en remplissant les objectifs avec une écurie, d'autre en se classant bien au TT, et enfin les derniers devront être obtenus via des épreuves spécifiques.
Le jeu accueille dorénavant un mode Challenge qui va nous permettre de rouler librement sur la map irlandaise du jeu, et d'y accomplir certaines actions bien précises, comme battre des records d'accélération, de vitesse de pointe, etc. De plus, avec le temps, des épreuves spécifiques apparaîtront à divers endroits afin de nous tester au guidon de diverses machines, ce qui permet de débloquer des pièces mécaniques, mais aussi des livrées pour décorer nos meules. D'ailleurs, il faut souligner que la modélisation des montures a nettement progressé, même si leur nombre n'est pas très impressionnant. On doit en effet se contenter de 5 supersport, 8 superbikes (dont la séduisante Suter MMX500 2 temps) et 4 classiques des temps anciens. L'avantage de cette sélection restreinte, c'est que chaque machine distille ses propres sensations de pilotage.
KILL ALL TIRES
Là ou le jeu a très nettement progressé c'est dans son gameplay. La physique a largement été améliorée, et le comportement des machine est désormais bien plus réaliste. C'en est fini de la sensation de flottement qu'on pouvait avoir avant, et on comprend désormais à chaque fois la cause de nos chutes. Bien sûr, il faudra supprimer toutes les aides au pilotage pour pouvoir se rendre compte de l'ampleur des progrès réalisés, surtout au niveau de l'adhérence des pneus. Ces derniers sont désormais soumis à une usure qui va grandement dépendre de notre style de pilotage, et de la température des enveloppes. En fonction de la température extérieure, et des contraintes auquel on les soumet, les pneus vont chauffer, et parfois même surchauffer, ce qui nuit à leur efficacité. De même, les freins ou encore le moteur seront liés à des contraintes thermiques capables de les faire défaillir.
Autant vous dire que lorsque les pneus atteignent les 130°c, non seulement leur usure est incroyablement rapide, mais la gomme est tellement tendre qu'elle n'offre plus qu'une adhérence minime. Si on peut juguler certains problèmes avec un meilleur radiateur, ou un kit de freins plus gros, il est impossible de modifier les pneus, et seule la dextérité du joueur peut faire la différence. L'amélioration de la physique se ressent aussi sur les suspensions et leur travail. Désormais la moto s'écrase dans les compressions, tandis que les amortisseurs tentent de conserver les roues au sol malgré les irrégularités de la route. En ce sens, on pourrait dire que ce nouvel opus apporte nettement plus de verticalité au gameplay, puisque chaque crête enverra la roue avant en l'air, tandis que chaque bosse peut faire sauter la machine et son pilote hors de la trajectoire. Il va donc falloir travailler beaucoup du stick gauche (qui contrôle le poids du pilote) pour prendre les virages, mais aussi pour cabrer la machine, ou tenter de plaquer la roue avant sur le goudron.
Pas de panique pour les novices, si la victoire reste un aboutissement, sachez que les nombreuses aides au pilotage permettent d'appréhender très facilement les bolides
L'immersion permise par ce gameplay en nette progression est également renforcée par l'amélioration du son (moteurs et écho principalement) et des graphismes. Le nouveau moteur graphique de Kylotonn nous offre une jolie distance d'affichage lorsqu'on aborde la section de la montagne, des volées de moustiques qui salissent notre visière au fil des tours, et de superbes jeux de lumière, lorsque le soleil perce la canopée dans la ligne droite de Bray Hill. D'ailleurs, en fonction de l'heure à laquelle on attaquera la course, le soleil peut également devenir diablement aveuglant, obligeant le jouer à connaître par coeur le moindre virage afin de pouvoir passer à fond, sans lâcher les gaz. Il faut dire que réussir à boucler un tour du Snaeffel Mountain Course sans se crasher est une véritable épreuve en soi, surtout au guidon des superbikes qui peuvent dépasser les 330Km/h.
Avec une IA devenue diablement plus rapide, et au comportement plus crédible (même si on voit encore des accidents bizarres, surtout dans les virages à très basse vitesse dont Ramsey), le simple fait de couper les gazs dans le virage de Ballagarey se traduit par plus d'une seconde de perdue sur les poursuivants. Or, comme dans le précédent opus, la chute n'est toujours pas permise, puisqu'aucun système de rewind n'existe, tandis que le respawn est particulièrement long, afin de sanctionner le pilote qui aurait normalement dû perdre la vie. Pas de panique pour les novices, si la victoire reste un aboutissement, sachez que les nombreuses aides au pilotage permettent d'appréhender très facilement les bolides, même s'il faudra les désactiver pour grappiller les dernières secondes qui font la différence entre les premières places du podium.